Remi Maurice, le super plombier qui a ébloui les réseaux sociaux
Remi Maurice est un artisan-plombier-chauffagiste qui fait un travail de qualité. Et c’est peu dire ! La preuve ? Ces incroyables photos qu’il a publiées sur les réseaux sociaux.
Près de 12 000 likes et mille commentaires sur LinkedIn ! Pourtant, Remi n’est pas un influenceur, il n’avait pas plus de 500 abonnés sur son compte au moment de la publication.
Nous avons donc décidé de le rencontrer pour en savoir plus sur ce « super » artisan.
C'est la guerre des prix
Remi, est-ce que tu as été surpris de l’engouement que ton post a suscité ?
« Oui, je ne m’y attendais pas forcément. J’ai publié ces photos pour illustrer la valeur d’une prestation. Ce qui est bien avec les réseaux sociaux, c’est de pouvoir montrer aux clients ce qu’est un travail parfaitement exécuté. »
Dans ton message, tu écris :
« J’en ai marre de voir la tournure que prend notre métier... travail jeté...prix à ras les pâquerettes ....Mais je continue à croire que le travail bien fait payera dans le temps et je m’efforce de faire de mon mieux tous les jours. »
Je te propose d’en dire plus sur cette mauvaise « tournure » que prend ton métier.
« Aujourd’hui, on a l’impression de participer à une guerre des prix !
Moi, je refuse de m’y plier. Trop d’installateurs se prêtent malheureusement à ce jeu.
Bon, j’ai encore la chance de vivre dans une belle région (en Haute-Savoie) avec des personnes qui ont des moyens et qui me permettent de faire de belles choses.
On est consulté par des architectes, des maîtres d’œuvre ou des maîtres d’ouvrage.
Quand je prépare un devis, j’essaie de passer une après-midi avec eux pour leur montrer des réalisations en lien avec leur projet. Je leur explique comment ça fonctionne, pourquoi choisit-on telle solution ? C’est important que le client comprenne tout ça, qu’il n’y ait pas que le prix qui compte.
Le client est impressionné, mais à la fin, le client se rabat le plus souvent sur le devis moins cher.
6 mois plus tard, le client nous appelle, car le chantier se passe mal et il faut réparer les pots cassés. Non, je ne suis pas d’accord. »
Mais, cela t’arrive quand même de récupérer le chantier ?
« Oui, bien sûr, mais j’arrache tout et je recommence !
Le problème, c’est que le client a déjà payé 50 % du premier devis. Ce qu’ils ont voulu gratter au début pour économiser 5 ou 6 %, à la fin, ça leur coûte 3 fois plus cher !
L’attrait du prix sur le devis, c’est le gros problème de notre profession. »
La solution ? Un CONSUEL pour la plomberie et le chauffage !
Ce qui est étonnant est qu’il ne s’agit pas forcément d’un particulier qui s’est laissé entourlouper par un professionnel, mais tu me parles d’architectes ou de maîtres d’œuvre, qui sont eux aussi des pros et qui devraient en savoir un peu plus, être rodés à ce genre de situations.
« Oui, mais à la fin, le client veut voir au moins trois devis et il choisira le moins cher.
Il y a des boîtes qui font 200 bornes pour venir travailler ici. Si tu fais ton boulot comme il faut, sans voler les gens, en étant correct et avec des prestations de qualité, tu n’as pas besoin d’aller aussi loin pour bosser. C’est le bouche-à-oreille qui t’assure ta clientèle.
Mais toutes ces boîtes qui ont poussé comme des champignons grâce à ces labels comme le RGE ou Qualibat, ou encore grâce au boum des demandes pour des panneaux solaires. Ce sont des vendeurs de tapis qui se sont engouffrés dans cette faille. Cela nous a fait beaucoup de torts.
Dans la plomberie et le chauffage, tant qu’on n’aura pas un CONSUEL comme pour l’électricité, pour obtenir la conformité de l’installation, ça continuera à être n’importe quoi. »
L'amour de son métier
Peux-tu me donner les éléments qui caractérisent un travail bien fait ?
« Il faut d’abord être à l’écoute du client, puis prendre le temps de réfléchir pour savoir comment faire le travail demandé. Pour une chaufferie, on va passer une journée entière à tracer avant même de tirer un tube. Cette préparation minutieuse, c’est ce qui permet d’éviter les erreurs, les mauvaises surprises.
Le travail bien fait, c’est donc beaucoup de réflexion et l’amour du métier. »
Recherche plombiers désespérément
Dans un autre post, tu expliques aussi que tu cherches depuis des mois un plombier-chauffagiste. J’ai vu que tu as lu l’article de Laurent Aubel qui désespère de trouver un couvreur-zingueur. Mais c’est si difficile que ça de recruter des artisans qualifiés dans le bâtiment aujourd’hui ? Et pourquoi ?
« Moi, je cherche trois plombiers depuis un an ! Je ne trouve personne, sinon je suis obligé de les débaucher chez un autre.
Je suis à Saint-Paul-en-Chablais, à 5 kilomètres de la frontière suisse. Un gars qui sort de l’école pour travailler chez moi, je lui donne un gros salaire pour ne pas qu’il parte de l’autre côté ! Mais ce n’est pas suffisant.
On est débordé de boulot, mais on forme des gars qui vont partir en Suisse gagner encore plus, jusqu’à 30 % de plus ! Aujourd’hui, ce sont les ouvriers qui fixent le prix.
Pourtant, je préfère quand même prendre un jeune, qui n’a pas une formation de plombier, et le former sur le tas. »
En tout cas, on va profiter de cet article pour passer l’annonce : Remi Maurice, Haute-Savoie, recherche 2 plombiers-chauffagistes.
« Oui, merci. L’important est de trouver des personnes qui ont une bonne mentalité et qui ont envie de faire ce métier. »
La passion de la plomberie à 12 ans !
Toi, justement, comment as-tu envie de faire ce métier ? Est-ce que c’était un rêve de gosse ?
« Tout a commencé chez mes grands-parents. C’était pendant les grandes vacances. J’avais 12 ans. Un plombier-chauffagiste faisait des travaux dans leur maison et chaque matin, comme n’importe quel gamin l’aurait fait, j’allais sur le chantier. J’étais curieux, ça a été une grande découverte pour moi et ça m’a donné envie de faire ça.
Du coup, les étés suivants, j’ai suivi cet artisan sur ses chantiers pour l’observer et ça me plaisait de plus en plus. Finalement, j’ai décidé de partir en apprentissage. J’étais bon à l’école, mais j’avais autre chose en tête, j’étais attiré par ce métier.
Ensuite, ce plombier-chauffagiste est devenu mon premier patron. Après l’avoir observé pendant des années, j’ai commencé à travailler pour lui.
J’ai eu la chance de rencontrer une personne avec 40 ans de métier, qui était passionné comme au premier jour et qui travaillait déjà très, très bien. Il m’a transmis sa passion, son expérience, son savoir-faire. Il m’a formé de la meilleure des façons.
C'est aussi pour ça que je pense que la formation est vraiment importante. J’imagine un jeune qui a lui aussi envie d’apprendre et qui arrive dans une boîte où son patron n’a pas forcément envie de bien faire, il peut perdre cette flamme et il risque de tout laisser tomber. C’est dommage, car c’est un métier magnifique.
Il faut être au bon endroit et avec les bonnes personnes. »
Remi, je me dis que les 2 ou 3 jeunes qui vont répondre à ton annonce vont avoir une chance incroyable et à ton tour, tu vas leur transmettre cet amour du métier. Ils ont vraiment une énorme opportunité. J’espère qu’en entendant ton histoire, ils vont avoir envie de proposer leur candidature. Au fait, tu as quel âge Remi ?
« J’ai 31 ans. J’ai repris la boîte de mon patron quand il est parti à la retraite, ça fera 12 ans en septembre prochain. »
Quand tu es arrivé sur le terrain, il y avait déjà la plupart des technologies d’aujourd’hui comme les pompes à chaleur et la thermodynamique ?
« C’était le début. J’avais un patron âgé, mais qui était toujours dans le coup. Il s’intéressait aux nouveautés de son métier. Il était même en avance sur le marché français. Il avait fait ses classes en Suisse et il utilisait des matériaux qu’il a découverts en Suisse, mais qu’on ne faisait pas encore en France. Par exemple, en 1964 il faisait déjà des vidanges thermosoudées.
Même proche de l’âge de la retraite, il continuait à évoluer en installant des pompes à chaleur ou des chaudières à granulés. »
La conscience professionnelle du plombier
Ce que tu nous racontes est passionnant. Mais tous les pros ne sont pas comme toi ou ton ancien patron. Moi, par exemple, j’ai un chauffe-eau thermodynamique qui fonctionne avec une pompe à chaleur et la VMC. Le premier jour, il n’y avait pas d’eau chaude et le plombier a été incapable de m’expliquer comment ça marche ! Ensuite, je me suis aussi aperçu qu’il avait été mal installé et c’est un problème pour son entretien. Comment peut-on en arriver là ?
« C’est parce que ces installateurs ne s’intéressent même pas à ce qu’ils posent ! Il n’y a aucun devoir de conseils. Le seul truc qui les motive, c’est l’argent, pas parce qu’ils sont passionnés et que cela leur fait plaisir de travailler. Ils sont même, j’en suis certain, incapables de dépanner le client en cas de problème.
Avant de faire l’entretien, il est nécessaire de faire une prévisite pour savoir ce qu’ils devront faire et ce dont ils ont besoin. C’est un manque criant de conscience professionnelle.
C’est ce que j’exprime dans mon post. Celui qui veut bien faire est dégoûté. »
Retour aux fondamentaux
Dans nos articles, nous donnons des conseils aux artisans pour communiquer sur les réseaux sociaux, l’un d’entre eux est « si vous voulez qu’on s’intéresse à vous alors, intéressez-vous d’abord aux autres ». Par exemple, c’est à l’initiative de Bricoman que cette rubrique a été créée et c’est grâce à l’indication que Cédric Prats, le 7ème artisan, que j’ai découvert ton travail et ton profil. Quels professionnels du bâtiment, qui ont comme toi cet amour du travail bien fait, aurais-tu envie de mettre en avant à ton tour ?
« On a l’habitude de travailler avec d’excellents électriciens, carreleurs et plusieurs constructeurs de chalets. Je peux citer les Chalets Bertrand à Abondance (Haute-Savoie) ou les Chalets Dufour dans ma commune à Saint-Paul-En-Chablais. Ils font des chalets magnifiques avec des prestations de qualité. Je travaille parfois pour eux. »
Sur les photos que tu publies sur les réseaux sociaux, on constate que tu installes surtout du matériel Bosch, c’est bien ça ?
« Oui, j’installe presque exclusivement des produits Bosch, ou pour être plus précis de la marque Buderus qui dépend de la maison Bosch. Je connais les produits de cette marque sur le bout des doigts. Je ne veux pas vendre à mes clients des produits que je connais peu et que je ne suis pas capable de dépanner. Cela fait 50 ans que l’entreprise installe la même marque et quand j’ai besoin d’eux, ils me connaissent, ils savent que je n’appelle pas pour rien et que je suis fidèle. Ils ont un service technique en Rhône-Alpes extrêmement compétent et efficace. »
Dernière question, si tu étais un outil, que tu utilises et qui exprime bien ton métier ou ta personnalité, tu serais…
« Je serai un chalumeau (de préférence de la marque Castolin), car c’est encore la base de notre métier et c’est la dernière preuve du savoir-faire.
Avec l’évolution des matériaux, tout le monde se tourne vers le sertissage et on oublie un peu les fondamentaux. »