[2/2] Ras le vol ? Toutes les solutions pour bien protéger vos chantiers

Stéphane Vigliandi
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Chien sur un chantier.

TPE-PME ou majors du BTP, toutes sont confrontées aux vols sur leurs chantier. La conjoncture tendue, avec, entre autres, les hausses de prix des matériaux, pourrait intensifier, voire accélérer le phénomène. Bonnes pratiques, systèmes GPS et connectés…, la vigilance reste une arme efficace pour s’en prémunir.

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CÔTÉ MOBILISATION • La FFB en a toujours “Ras le vol”

Déployée par la fédération dès 2008 – en pleine crise financière mondiale – dans le cadre d’un protocole d’accord avec le ministère de l’Intérieur, la campagne d’information baptisée “Ras le vol”. Son but : sensibiliser les acteurs du Bâtiment pour tenter d’endiguer les risques de vols et d’actes délictueux sur les chantiers.

Reconduit en 2013, la démarche a fait entre autres l’objet d’une circulaire de la FFB Grand Paris mi-2020. En pleine crise sanitaire, de reprise de l’activité dans le BTP et de l’arrivée de période estivale, il s’agissait de « rappeler l’existence du dispositif “Ras le vol” car les personnes malveillantes ont tendance à profiter du ralentissement de l’activité durant l’été pour commettre leurs méfaits ».

Aujourd’hui, la FFB a renforcé son action. Dans chaque département, des référents Sûreté (policiers ou gendarmes) ont été formés à l’analyse des sites exposés à la délinquance et aux actes malveillants. Assistés par des correspondants sûreté, ces experts de terrain peuvent être contactés par les entrepreneurs pour réaliser une étude gratuite sur leur chantier.

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FFB, logo "Ras le vol".

Analyse des risques et préconisations

Chaque référent analyse et définit les éventuels points faibles afin d’apporter aux entrepreneurs des conseils sur les moyens à mettre en œuvre pour limiter les risques. Ses préconisations se veulent précises et concrètes.

Elles concernent tant l’organisationnel (localisation, intervenants…) que les équipements physiques de sécurité (clôture, gestion de l’éclairage…), la technique et l’humain. Si cette étude peut être réalisée à tout moment, la FFB souligne qu’il est préférable de la réaliser dès la phase préparatoire du chantier pour de meilleurs résultats.

En somme, le référent sécurité devient l’interlocuteur privilégié de l’artisan et sera en mesure de répondre à toutes les sollicitations. De même en cas de vol constaté sur le chantier, le dépôt de plainte s’effectue par son intermédiaire. Pour gagner du temps, une pré-plainte peut être remplie sur le site www.pre-plainte-en-ligne.gouv.

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C’est à peu près le nombre de référents sécurité (gendarmes, policiers) déployés sur le territoire en 2021.

CÔTÉ ASSURANCE • Attention à l’exposition au risque et sa couverture

Le “risque zéro” n’existe pas. En dépit de mesures de précautions, vols et actes malveillants peuvent néanmoins survenir. C’est parfois le cas sur des chantiers réalisés par des TPE – mais pas seulement ! – qui ne disposent pas forcément d’une ligne budgétaire dédiée ou suffisante pour sécuriser leur site et lutter contre ce fléau.

Tout comme la décennale, l’aspect assurantiel est là aussi capital afin que le chef d’entreprise ne soit pas acculé à des difficultés financières plus ou moins importantes lors d’un vol constaté. À la fondation Excellence SMA, sa déléguée générale Fabienne Tiercelin rappelle d’ailleurs que « du côté des assureurs, la prévention des risques de vol sur les chantiers est un sujet pris très au sérieux. Les entreprises qui se prémunissent de façon active dans cette démarche sont soutenues ».

« Bien couvrir le risque s’avère utile et peut se traduire par des réductions sur le montant des cotisations ou de la franchise des contrats concernés. »

Mesures incitatives et soutien

Et de préciser que « la SMABTP* encourage ses assurés à s’engager de façon effective dans des actions préventives » (systèmes intégrant les technologies GPS, RFID…). Le soutien de cet organisme – l’une des deux mutuelles pivots du groupe SMA – peut prendre deux formes.

Dans le cadre d’un contrat annuel multirisques, l’assureur peut réduire le montant de la franchise en cas de sinistre dans le volet “Dommages en cours de travaux”.

Si l’entreprise n’opte que pour assurer les engins de chantier (tractopelle, mini-pelles, chargeuses, compresseur, nacelle…) protégés par des antivols, « la SMABTP applique alors une première réduction de 50 % sur la cotisation vol. Lors d’un sinistre, la franchise vol sera aussi abaissée de 50 % », rappelle Fabienne Tiercelin. Encore faut-il que le chef d’entreprise porte plainte en cas de méfaits. Du bon sens que beaucoup d’artisans auraient encore trop tendance à oublier.
* Spécialiste de l’assurance de l’assurance construction, des biens et responsabilités.

CÔTÉ CHIFFRES • L’année 2022 pire que 2021 ?

Fourni par le groupe SMA, les chiffres de vols sont stables depuis 2017. Le nombre de dossiers est de l’ordre de 300 par an pour un coût de préjudice moyen compris entre 5 000 € et 6 000 €. Cependant les chiffres du premier trimestre 2022 laissent entrevoir une augmentation importante du phénomène avec 109 dossiers déclarés contre 77 l’an passé à la même période.

Entre janvier et mars dernier, le coût moyen s’est également envolé : 9 250 € annoncés au premier trimestre 2022 contre 6 894 € au premier trimestre 2021. Difficile toutefois d’en tirer une conclusion selon le groupe SMA qui reste prudent quant à l’augmentation des montants en jeu car, comme l’explique Fabienne Thiercelin, déléguée générale de la fondation Excellence SMA, « nous avons eu un dossier atypique de vols d’un montant inhabituel au cours du premier trimestre 2022 ».

La victime est-elle une major sur l’un de ses grands chantiers, une entreprise générale ? Toujours est-il que le nombre de cas repartirait en forte hausse. Reste que dans le BTP, différentes fédérations régionales ou départementales ne constateraient pas qu’une telle hausse ait été relayée par leurs adhérents. Pour l’instant ?

Stéphane Vigliandi
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