Image
Pavé tok

[1/2] Ras le vol ? Toutes les solutions pour bien protéger vos chantiers

Stéphane Vigliandi
Image
Chien sur un chantier.

TPE-PME ou majors du BTP, toutes sont confrontées aux vols sur leurs chantier. La conjoncture tendue, avec, entre autres, les hausses de prix des matériaux, pourrait intensifier, voire accélérer le phénomène. Bonnes pratiques, systèmes GPS et connectés…, la vigilance reste une arme efficace pour s’en prémunir.

Partager sur

Tous concernés ! Qu’il s’agisse d’un chantier de rénovation, de constructions neuves ou travaux de VRD (voieries et réseaux divers), tous peuvent être victime de vols. À l’instar des câbles en cuivre, des métaux et aciers, bois de structure, de l’outillage à main et l’électroportatif, les échafaudages ou encore véhicules utilitaires – dont, parfois, leur pot d’échappement ! –, mais aussi les matériaux de construction pour le gros et second œuvre.

Même causes, mêmes effets à propos d’éléments déjà installés durant les travaux comme des tableaux électriques, les équipements de chauffage, le sanitaire et des fenêtres. Aujourd’hui, il semble souvent difficile de passer à travers les mailles du filet dans le contexte actuel.

Un poids… lourd !

De l’amont vers l’aval, l’inflation a gagné la majorité des acteurs de la filière du BTP. Tarifs d’achat et de vente des matériaux, mais aussi coûts de l’énergie ont explosé depuis la crise sanitaire. La guerre en Ukraine n’a fait qu’accentuer la valse des étiquettes chez de nombreux négociants qui tentent de sécuriser pourtant leurs stocks.

En mars, le prix du cuivre au kg a encore bondi de 2,9 % en un mois et de 13,8 % en un an selon la cotation de référence de la London Bullion Market Association (LMBA). La tonne d’aluminium, elle, a explosé entre le printemps 2021 et 2022 à +59,7 %.

Dans la filière de la terre cuite, la situation reste tout aussi tendue. Des industriels ont déjà revu leurs prix à la hausse en janvier (de l’ordre de +7 % à +8,5 %) avant une autre salve d’ici au début de l’été (+15 % à plus de 16 % en moyenne). Quant aux grumes et bois transformés, la flambée tarifaire peut dépasser les 150 % selon les essences.

Comme lors de la crise financière de 2008, les chantiers, leurs matériaux et équipements attisent les convoitises de réseaux de malfaiteurs très organisés. Selon des estimations de la profession citées par la SMABTP, les vols n’épargnent aucun corps d’état. Leur coût pèserait de 1 à 2 Md€ par an. Énorme ! D’autant que ces actes malveillants grèvent un peu plus la trésorerie des entreprises du BTP.
 

30 %
C’est le nombre d’entreprises victimes d’un vol de matériel en 2021. (Source : Coyote)

Recels et sinistralité

Les engins de chantier n’échappent pas à la règle. Dans son 5e Observatoire annuel des vols publié en mars, le groupe Coyote (plateforme de services connectés d’aide à la conduite) a constaté une hausse moyenne de 6 % concernant les vols d’engins de chantiers. S’il y a eu une forte envolée sur les équipements de levage, minipelles et tombereaux ont échappé à la vigilance des entreprises.

Pis. Un camion-grue a même été déclaré volé. Directeur commercial de Coyote qui est partenaire de la fédération nationale DLR (distributeurs et loueurs de matériels de chantier), Olivier David note que « ces actes sont commis sur tout le territoire par plusieurs réseaux très structurés, parfois d’envergure internationale. Ce qui rend leur démantèlement complexe ».

Au-delà de l’impact financier, le revers de la médaille peut prendre plusieurs formes : obligation de se réapprovisionner en urgence, travaux de remise en état, pénalités de retard dans les travaux, perte d’exploitation, érosion des marges, etc. Pour les artisans et majors, la désorganisation est souvent lourde à supporter. En outre, ces méfaits peuvent aussi être contre-productifs en termes d’image auprès des clients finaux – particuliers, commandes publiques et privées, etc.

À cet égard, Fabienne Tiercelin, déléguée générale de la fondation Excellence SMA met en garde : « Maîtriser l’accès et la sécurité des biens présents sur les chantiers est un gage de qualité et un signe fort envoyé aux maîtres d’ouvrage. Moins de risques de vol, c’est moins de risques de voir le chantier ralenti et donc une meilleure maîtrise des coûts et délais ».

« Si le vol est une préoccupation quotidienne de nos adhérents, nous n’avons pas eu écho d’une explosion des cas liée aux tensions sur les prix des matériaux. »
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb
 

Entre fatalisme et ignorance

S’appuyant sur les données d’Agros (GIE réunissant des assureurs français) et de l’OFICeS*, l’Observatoire Coyote note « une accélération des vols auprès des entreprises », mais surtout « étonnamment » une évidente méconnaissance de certains acteurs du BTP pour s’en prémunir. Bien que couvert par une assurance, 20 % ne sauraient pas le coût réel d’un vol de matériels.

À la Fédération française du Bâtiment (FFB), ses experts estiment qu’« artisans et entrepreneurs se retrouvent souvent démunis face aux vols qu’ils supportent avec fatalisme tout en espérant que cela ne leur “tombera pas dessus” ! Un verrou psychologique s’installe. Beaucoup ne portent pas plainte, persuadés que la sécurisation du chantier coûte cher, est inefficace et que les pertes occasionnées ne seront pas couvertes par l’assureur ».

S’il est sans doute illusoire d’empêcher tous les vols, le phénomène n’est toutefois pas une fatalité. Une pléthore de solutions existe pour en limiter les risques : vidéosurveillance intelligente et autonome, marquage GPS et RFID des matériaux et engins entre autres couplés à une surveillance humaine (agents de sécurité…).

Le vol est l’affaire de tous. Encore faut-il sensibiliser les équipes sur le sujet.
Certaines règles de bon sens et d’organisation sur le chantier doivent aussi être mises en place en ce sens. De plus, le vol, c'est l'affaire de tous, il est donc important de sensibiliser l'ensemble des collaborateurs sur le sujet. 
* Observatoire français des l’industrie, du commerce et des services.

Stop aux vols • Dix bonnes pratiques à retenir

Bon sens et pragmatisme ! Pour faire fuir les potentiels vandales, les entreprises disposent de tout une boîte à outils. Le groupe SMA, la FFB et la Capeb préconisent une série de bons réflexes à adopter sur les chantiers sans qu’ils se muent pour autant en… bunkers.

1. Accès • Réduire les possibilités d’entrée non autorisée sur site via l’installation de systèmes de protection (palissades, clôtures, portails cadenassés…) pendant toute la durée des travaux.

2. Sécurité • Placer le maximum de matériel (machines, outils, engins…) dans des lieux sécurisés et à l’abri des regards. Même logique pour les matériaux de construction et équipements technique susceptibles d'être facilement emportés. Ils doivent être installés dans des locaux et lieux de stockage sécurisés.

3. Chut ! • Ne pas délivrer à des tiers, non impliqués sur l’un des lots, le planning des travaux (dates de livraison des matériaux et équipements, date de fin de chantier…).

4. Prévention • Sécuriser les zones et matériels sensibles via des systèmes électroniques ad hoc (détecteurs de présence avec capture d’images, boîtiers de géolocalisation…).

5. Mise en garde • Dissuader les éventuels cambrioleurs d’intervenir en affichant des panneaux “Site sécurisé” ou “protégé”.

6. Dissuasion • Installer des caméras de vidéosurveillance reliées à un centre d’alerte à distance. En cas d’alarme déclenchée, le prestataire peut intervenir rapidement et/ou alerter les forces de l’ordre. Ce matériel autonome permet de lever les doutes et servent aux enquêtes pour retrouver les coupables. Sur sites sensibles ou grands chantiers, prévoir aussi un dispositif d’interpellation vocale.

7. Anticipation • Face à la flamber du prix des carburants (dont le GNR), éviter de faire le plein des engins et véhicules utilitaires en soirée, les veilles de week-end et de jours fériés. Enlever les batteries d’engins électriques ou hybrides et des outils électroportatifs.

8. Planning • Gérer et programmer les livraisons des matériaux et équipements en évitant d’être livré avant un week-end, un pont, une période de congés. Ne pas laisser trop longtemps des matériaux en attente de mise en œuvre.

9. Identification • Dans certains cas, installer un poste de contrôle pour identifier facilement les entrées et sorties des salariés et véhicules autorisés ; les vols étant souvent précédés d’un repérage par les malfaiteurs.

10. Gardiennage • Recourir, si possible, à une société privée de sécurité spécialisée et reconnue dans le domaine de la sécurisation de chantiers, avec un interlocuteur unique pour bénéficier d’une offre globale de services.

Image
Panneau "Chantier interdit au public".
Image
Capeb, fiche vols sur chantier.
Image
Caméra de surveillance sur un chantier.
Image
Abus, antivol.
Image
Milwaukee, système de traçabilité de l'EOP.

Révolution culturelle dans la sécurisation du chantier ? Voilà dix ans encore, le recours aux agents de sécurité et maîtres-chiens était considéré comme l’arme vraiment efficace face aux éventuels contrevenants. Aujourd’hui la filière sécurité privilégie entre autres les technologies de télésurveillance pour améliorer les points de vulnérabilité, voire verrouiller les risques.

Plus question de jouer aux gendarmes et aux voleurs ! Puces RFID, capteurs GPS, interopérabilité, IA, IoT… : à l’instar de la gestion technique des bâtiments (GTB), les solutions pour réduire la sinistralité ont fait de gros progrès. À l’artisan d’arbitrer entre les coûts de sécurisation et les termes de ses contrats d’assurance.

Anti-effraction • Contrôle d’accès, applis : la techno à la rescousse

Pour aider les entreprises à lutter contre le vol, diverses solutions existent en fonction du budget alloué. À propos des équipements dits de “premier niveau”, le catalogue est large. Pour un coût modique, les sceaux de sécurité protègent tant les accès au chantier que les cassiers de rangement. Il permet d’identifier toute intrusion illégale.

Abus, l’un des leaders sur son marché, déploie une gamme complète de cadenas, de contrôle d’accès et d’antivols pour optimiser la sécurité des sites. Chez Milwaukee « le dispositif One Key fonctionnant via une appli en Bluetooth, permet de déclarer les outils volés et d’en bloquer l’utilisation », note Jodie Destouches, cheffe produits pour la filiale française.

Une fois le vol déclaré, la machine est verrouillée dès qu’elle est à proximité d’une personne ayant l’application sur son smartphone. En cas de tentatives d’allumage, elle est localisée via le Bluetooth. En rendant inutilisable l’outil, Milwaukee entend dissuader les voleurs de récidiver.

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire