L'Arboretum, un ensemble durable alliant géothermie et qualité de l'air intérieur

Implanté sur le site des anciennes papeteries de la Seine, le campus Arboretum est le fruit de la réhabilitation d'un terrain de 17 hectares. Porté par le promoteur bas carbone WO2, en partenariat avec BNP Paribas Real Estate, ce projet pharaonique et tout à fait inédit livré l'an passé visait à créer un environnement de travail en harmonie avec la nature tout en proposant une empreinte carbone extrêmement basse.

Imaginé au moment de la pandémie de Covid, le projet a érigé la qualité de l'air intérieur en priorité. Parallèlement à l'organisation des flux au sein des bâtiments via de nombreuses circulations verticales intérieures et extérieures, chaque bureau est doté de fenêtres ouvrantes conformément aux recommandations des autorités sanitaires, permettant une ventilation naturelle et un apport en air frais. Les façades largement ouvertes, composées à 50 % de fenêtres, offrent par ailleurs une ventilation naturelle traversante.

Pour compléter et affiner le dispositif, l'équipe R&D a travaillé en collaboration avec le bureau d'études environnement Artelia et l'industriel Carrier sur la mise en œuvre de technologies sophistiquées pour traiter l'air intérieur contre les virus, les bactéries et champignons. Cela s'est traduit par la mise en place de filtres mécaniques (intégrant un rayonnement ultraviolet) et chimiques (de type charbon actif) pour éliminer les particules fines, les pollens et les polluants gazeux, garantissant un environnement intérieur sain. L'air est ainsi purifié ou renouvelé toutes les 7 minutes !

Pour les espaces à forte occupation tels que les salles de réunion, un système spécifique a été mis en place sur le modèle des flux laminaires des blocs opératoires. L'air neuf est soufflé depuis un module en plafond, dirigé vers le sol puis directement repris depuis le faux-plancher. Ce procédé permet d'éviter la dispersion horizontale des micro-gouttelettes. Des appareils mobiles de purification d'air, identiques à ceux utilisés en milieu hospitalier, peuvent aussi être ajoutés en complément dans les salles à forte occupation. « L'utilisation du bois massif, matériau hygroscopique, contribue également à réguler naturellement l'humidité ambiante, renforçant le bien-être des usagers », complète Laurence Desmazières, managing partner d'Icawood, un fonds d'investissement spécialisé dans les opérations immobilières bas carbone partenaire du projet.

En matière de chauffage et de climatisation, Arboretum exploite la géothermie sur nappe pour couvrir 80 % de ses besoins. Dix puits ont été forés à 64 mètres de profondeur pour aller capter la nappe phréatique, où l'eau est à une température constante de 14,5 °C. Le chemin de l'eau est le suivant : elle commence par être pompée (débit estimé à 230 m³/h) avant de passer par une thermo-frigo-pompe qui puise des calories ou des frigories avant de les transférer au circuit de chauffage ou de climatisation. Un échangeur thermique (sous-stations primaire et secondaire situées au sous-sol du bâtiment Douglas) se charge de la distribution jusqu'aux différents bâtiments, pour les chauffer à 20 °C l'hiver et les refroidir à 25°C en été via un réseau de planchers rayonnants et de poutres climatiques. L'eau est ensuite renvoyée, via six puits de réinjection, dans la nappe à une température neutre pour l'environnement, assurant un circuit fermé écologique.

« Ce système permet une consommation énergétique frugale, trois fois plus basse que des bâtiments classiques, atteignant 61 kWh/m²/an, contre 206 kWh/m²/an par exemple pour les tours voisines de La Défense », assure Laurent Petit, directeur de l'ingénierie de WO2, promoteur du projet. Le système assure ainsi une puissance exceptionnelle de 2 193 kW (18 W/m²) en chaud et 2 800 kW (23,7 W/m²) en froid. Il est complété par des pompes à chaleur situées en toiture des bâtiments, ainsi que par des ballons avec résistances pour chauffer l'eau chaude sanitaire (de 40 °C à 62 °C) de l'immeuble Cèdre.

Le projet intègre en outre un système de récupération des eaux pluviales. Les eaux collectées depuis les voiries et les terrasses sont dirigées vers une roselière, un bassin filtrant semi-étanche utilisé pour arroser la végétation (dont un potager et un verger) des 9 ha du parc privé, alimenter les sanitaires et permettre de recharger les nappes phréatiques. « Quelque 20 000 m³ d'eaux pluviales seront réutilisées chaque année. Ce dispositif contribue à la gestion durable de l'eau, évitant aussi les surcharges des réseaux d'assainissement lors de fortes pluies et favorisant l'infiltration naturelle », explique Laurent Petit.

Grâce à l'utilisation combinée de la géothermie, de matériaux biosourcés et de systèmes performants pour assurer une QAI optimale, Arboretum s'impose comme un modèle de bâtiment durable reconnu par les labels BBCA, Breeam (niveau Excellent) et E+C- (E2C2). Un projet d'ampleur qui illustre une approche holistique de la construction, où performance énergétique, respect de l'environnement et bien-être des occupants convergent.