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Les isolants biosourcés sortent de la niche

Marie Laure Barriera
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Il n’y a pas encore si longtemps, isoler son habitation avec du chanvre, de la plume de canard, de la paille ou de la fibre de bois était considéré comme un acte militant bon pour "quelques hurluberlus" !
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[Zepros Bati] Depuis quelques années, les mentalités concernant les isolants biosourcés changent et ces matériaux commencent à se faire une réelle place sur le marché. Le marché du biosourcé est même considéré comme plus que porteur car, selon Hervé Fellmann, directeur général de Soprema Industrie, « lorsque le marché de l’isolation progresse de 10 %, le secteur biosourcé fait coup double avec +20 % ». Et le dirigeant de renchérir en expliquant que « cette catégorie de produits isolants est un enjeu stratégique pour notre entreprise. Cela fait maintenant 10 ans que nous investissons massivement dans le domaine du biosourcé, soit par le biais de la recherche et du développement (projet Mutatio, laboratoire Mutaxio) ou par celui du lancement de produits innovants (ouate de cellulose Univercell en 2009, rachat de l’entreprise Pavatex en 2016) ».

Une croissance continuePreuve supplémentaire de l’intérêt croissant porté à ces isolants “verts”, le site de Cestas (33), qui produit l’ouate de cellulose, est aujourd’hui à quasi saturation, malgré les 25 000 tonnes de capacité. « Cette situation nous incite à étudier rapidement l’implantation d’une nouvelle usine dans une région plus centrale que celle de Bordeaux, afin de pouvoir servir le marché français dans les meilleures conditions », explique encore Hervé Fellmann. Déjà, le fabricant a récemment optimisé le process de fabrication d’Univercell afin de gagner jusqu’à 20 % de volume lors de sa mise en œuvre. Cette amélioration devrait être encore renforcée par le développement d’une machine à souffler spécifique qui devrait faire son apparition début 2020. Car, selon le dirigeant, « une bonne machine parfaitement réglée autorise des gains substantiels sur la densité du produit sans détériorer la performance thermique ».
Sensation de confort thermique
Si le lambda est incontestablement un facteur déterminant pour la performance thermique effective d’un matériau isolant, il n’est plus tout à fait le seul critère pris en compte quand il s’agit de choisir le meilleur produit. En effet, avec les derniers étés qui multiplient les périodes de canicule, le confort pendant cette saison prend tout son sens, surtout quand la température extérieure ne descend plus en dessous de 20°C. D’où l’importance du désormais célèbre déphasage qui permet de limiter les pics de température, aussi bien en froid qu’en chaud. Et les isolants biosourcés que sont l’ouate de cellulose ou la fibre de bois excellent dans ce domaine. Néanmoins, l’industriel continue de travailler à l’amélioration des performances thermiques intrinsèques de ces produits, puisqu’il vient de commercialiser, sous la marque Pavatex, une nouvelle gamme de panneaux de fibres de bois semi-rigides revendiquant un lambda de 36. Cette ligne va permettre de couvrir le spectre des chantiers où l’épaisseur de l’isolant est le critère principal dans le cadre d’une mise en œuvre à l’intérieur. (M. Wast)

La force des cas concrets : le négoce Femat témoigne

Même si les caractéristiques techniques reposent sur des données objectives, rien de plus probant que l’expérience vécue par un utilisateur. La parole a été donnée à Florian Brunet-Lecomte, dirigeant de Femat, un négoce professionnel spécialisé dans les matériaux et matériels à faible impact sur l’environnement. Il s’est récemment fait construire une maison passive ossature bois de 178 m2 à Écully (69). Réalisée en 6 mois, elle rassemblait les principales solutions biosourcés Soprema pour l’isolation des différentes parois. Cet ensemble était complété par des menuiseries triple vitrage et côté équipements techniques, par un système de ventilation double flux thermodynamique qui assure, en même temps, la production d’eau chaude sanitaire. « Le confort est tel dans cette maison que l’hiver dernier, nous avons éteint le chauffage au mois de février, explique Florian Brunet-Lecomte. L’excellente étanchéité à l’air et la forte inertie du bâti (fibre de bois pour les murs, ouate de cellulose et sarking haute densité en toiture) autorise une constance dans la température intérieure alimentée majoritairement par les apports solaires ». Résultat, pour un peu moins de 2 000 € le m2, le chauffage ne représente que 13,1 kWh/m2/an pour une dépense d’énergie annuelle estimée à 700 €.
Marie Laure Barriera
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