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Rénovations thermiques dans le parc social : nombreuses mais pas assez poussées

Grégoire Noble
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logement social illustration

Entre 2016 et 2020, plus de 520 000 logements sociaux ont fait l’objet de travaux d’amélioration de la performance énergétique, conduisant au saut d’une classe et demie pour leur étiquette DPE. Des résultats encourageants, selon l’Ancols, mais non suffisants pour respecter la trajectoire de neutralité carbone : chaque année, au moins 135 000 logements devraient être rénovés… pour atteindre les étiquettes « A » ou « B » du DPE. Zoom.

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En cinq ans, entre 2016 et 2020, 10,5 % du parc de logement social a été concerné par une rénovation thermique, ce qui représente 522 000 lots. Tous n’avaient pas été livrés à la fin de 2020, 185 000 se trouvant encore en cours de travaux. Selon les chiffres avancés par l’Ancols (Agence nationale de contrôle du logement social), l’essentiel de ces opérations portait sur des logements classés « D » ou « E » dans le DPE (respectivement 39 et 31 % des cas) qui, après intervention, parvenaient à se hisser en étiquette « B » (24 %) ou « C » (49 %). « Le saut moyen de DPE s’élève ainsi à 1,5 étiquette, et même 1,9 étiquette pour les dernières opérations », note l’agence de surveillance qui relève toutefois une petite contre-performance : cette étiquette DPE reste malgré tout inchangée dans 6 % des cas… Autre information intéressante, les bailleurs sociaux déclarent que la rénovation thermique lourde n’est pas la seule manière de réduire la consommation énergétique : « Un changement de mode de chauffage par exemple (assimilé à un remplacement de composants) peut conduire à améliorer la performance énergétique ». Certains (22 %) avancent même l’idée qu’un simple « gros entretien » pouvait faire le job.

Rien d’étonnant dès lors que ces chiffres, pour encourageant qu’ils soient, ne soient toutefois pas suffisants pour atteindre les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui vise, pour 2050, un parc social entièrement au niveau BBC-Rénovation. Il faudrait en fait rénover largement plus de 100 000 logements par an pour les porter au niveau « A » ou « B » du DPE. L’Ancols écrit : « Même si la volumétrie actuelle des rénovations tend à se rapprocher de cet objectif, la part des logements rénovés atteignant un haut niveau de performance est en l’état bien trop faible ». Du côté du poids carbone, il était ne moyenne de 35 kgCO2/m²/an dans le logement social en 2017 et devrait descendre à 28 kgCO2/m²/an. Mais là encore, le rythme de descente sera trop lent pour parvenir en dessous des 2 kgCO2/m²/an en 2050…

La question épineuse du financement

Du côté des montants investis, ce sont 9 Mrds € qui ont été dépensés entre 2016 et 2020, dont 4,1 Mrds € pour la partie spécifiquement thermique. Ramené à une opération, cela donne un coût moyen de 30 à 35 k€ dont 12 à 15 k€ sont consacrés à la thermique (selon la période et les performances atteintes). En moyenne, les prêts représentent les trois-quarts du montant, les subventions un peu plus de 10 % et les fonds propres des bailleurs environ 12 %. Les éco-prêts de la CDC représentent un quart de l’ensemble des montants investis et 62 % des opérations y ont eu recours. Les Certificats d’économies d’énergie (CEE) ont représenté 2 000 € par logement : ils ne sont sollicités que rarement (21 % des cas), de même que l’exonération de Taxe foncière sur les propriétés bâties (15 %) qui représente tout de même 3 700 € par logement. En revanche, les bailleurs sociaux avouent avoir recours plus fréquemment aux hausses de loyers (59 %) ou à une « troisième ligne de quittance » (39 %) pour financer les économies… Certains mobilisent donc ces deux leviers pour certaines opérations (23 % des cas). Les montants sollicités ne sont pas très élevés – 15 €/mois – mais cela représente 2 600 € en 15 ans. Ils expliquent que les économies réalisées sur les consommations est généralement supérieure à cette dépense ce qui suffit à la compenser.

Peu de ces bailleurs déclarent suivre la consommation conventionnelle des logements, pour s’assurer de la bonne tenue des objectifs (31 %). Mais, lorsque c’est le cas, ils sont majoritaires à trouver des résultats conformes aux attentes (70 %). Finalement, les freins identifiés par les commanditaires de ces projets sont assez peu d'ordre technique (37 %) ou par manque de compétences (19 %) mais principalement en rapport avec la question financière... Le nerf de la guerre.

Grégoire Noble
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