Produits de la construction : de multiples défis à relever en 2025

, mis à jour le 30/01/2025 à 17h11
Grégoire Noble
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Philippe Gruat AIMCC

Activité, emploi, difficultés, priorités… Philippe Gruat, le président de l’AIMCC, livre le bilan de 2024 et dresse les perspectives pour 2025 dans une conjoncture compliquée, avec de multiples leviers à activer pour maintenir la compétitivité.

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Philippe Gruat, le président de l’AIMCC (Association des industries des produits de construction), parle de 2024 comme d’une année « contrastée » pour le grand secteur du BTP, mais c’est parce que ce dernier englobe les travaux publics qui pouvaient encore s’appuyer sur de grands projets et sur l’activité pré-élections municipales de 2026. Mais pour le bâtiment seul, l’exercice qui s’est achevé le 31 décembre a été autrement plus compliqué, avec un niveau de mises en chantier historiquement bas pour le logement (250 000 unités) accompagné qu’une baisse certes moins marquée dans le non résidentiel. L’activité des entreprises artisanales s’en est ressentie (-4 %) tout comme l’activité de distribution (-8 %).

Résultat, lors de l’enquête d’opinion des industriels des matériaux de construction qui fournissent autant le gros œuvre que le 2nd œuvre (et un peu moins les équipements), les adhérents soulignent tous une baisse significative du volume de leur activité : le gros œuvre semble le plus impacté (avec des baisses de -10 à -15 %) devant le second œuvre (-5 à -10 %). Le segment des équipements est parvenu à se maintenir, avec une baisse plus modérée. Mais cette situation ne devrait pas durer : pour 2025, la crise continuera d’affecter le secteur de la construction et la baisse d’activité se confirmera pour près de 8 entreprises sur 10. Et cette fois, le segment des équipements anticipe un recul plus marqué que le gros œuvre ou le 2nd œuvre, qui auront peut-être déjà passé le pire et commencé à sentir un redémarrage.

En 2024, les industriels des matériaux de construction ont principalement rencontré trois difficultés : une demande notoirement basse, une augmentation des coûts salariaux, et des contraintes sur la main d’œuvre. Les problématiques de coût de l’énergie et des matières premières, rencontrées en 2022-2023 sont aujourd’hui moins intenses. Pour l’année qui vient de débuter, la demande insuffisante continuera de peser sur leur activité. Les industries redoutent également des contraintes financières (notamment sur leur trésorerie) et encore des difficultés liées à la main d’œuvre. Les effectifs, qui étaient restés stables en 2024 (surtout pour le 2nd œuvre) voire qui avaient légèrement progressé (pour les équipements), devraient décroître en 2025. Plus de la moitié des répondants à l’enquête de l’AIMCC estiment devoir réduire la voilure, tandis que 43 % espèrent encore pouvoir maintenir leurs effectifs. Philippe Gruat estime qu’il faut s’attendre à des plans sociaux dans le secteur.

Quelles priorités pour les industriels des produits de construction ?

L’économie circulaire sera un sujet prioritaire pour 2025, avec tous ses aspects : recyclage, valorisation des déchets, réemploi… Des questions toutes liées à la REP PMCB qui a joué un véritable rôle d’accélérateur pour toute la filière française. Les industriels se pencheront également sur les problématiques d’économies de ressources et d’instauration de circuits courts. Côté compétitivité, l’AIMCC s’inquiète de l’accumulation de réglementations intra-communautaires qui freinent l’activité des entreprises, de l’augmentation des coûts fiscaux ainsi que de la hausse des exigences environnementales.

Les adhérents de l’AIMCC poursuivront leur bataille pour juguler leurs coûts de production et pour mieux maîtriser leurs données. Afin de parvenir à maintenir l’activité du segment de la construction de bâtiments, ils demandent quelques aménagements, notamment une TVA réduite pour tous les travaux, une extension du PTZ et une réforme fiscale afin de booster l’investissement locatif. Des vœux que connaît sans doute déjà Valérie Létard, ministre du Logement, mais qui trouveront peut-être difficilement leur place dans les discussions budgétaires en cours…

Le comité stratégique de filière a bossé dur

Présidé par Pierre-Etienne Bindschedler (Soprema) depuis 1 an, le comité stratégique « industries pour la construction » n’a pas chômé en 2024. Il a notamment publié un plan de bonnes pratiques pour la sobriété hydrique des entreprises ainsi qu’un Livre blanc « Pour une filière de la rénovation globale et performante des bâtiments ». Côté projets industriels, soutenus par le plan France 2030 (ou en passe de le devenir), plusieurs initiatives ont été présentées, dont le projet « Juliper » de création de jumeaux numériques pour des blocs béton par Fabemi, ceci afin de développer le recyclage et réduire ainsi les consommations de matières premières et les émissions de gaz à effet de serre. Le projet « Merite » quant à lui, consiste à développer un nouveau modèle d’affaire pour la rénovation dans le logement collectif, avec une offre globale impliquant les banques. Le comité stratégique de filière soutient « E-Construction », une plateforme numérique de données à la fois sur les produits et sur les ouvrages, qui utilisera l’IA. Enfin, le programme Renobati de massification de la rénovation globale des bâtiments par agrégation territoriale est également encouragé. Ce dernier compte sur la mobilisation des collectivités territoriales avec l’appui des régions (Occitanie et Grand Est dans un premier temps) en apportant un soutien d’ingénierie et de formation des acteurs professionnels, voire d’expérimentation des innovations.

Grégoire Noble
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