Un béton bas carbone qui valorise les terres excavées in situ

Grégoire Noble
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Mathieu Neuville présente des éprouvettes cylindriques du béton d'argile MaTerr'Up.
[Zepros Bâti] En transformant les terres d’excavation en matériau de construction structurel, la startup MaTerr’Up valorise ce qui n’était jusqu’ici que des déblais à éliminer. La technologie de liant breveté permet d’obtenir des bétons d’argile bas carbone, sans aucune étape de cuisson. Détails.
Les fondateurs de MaTerr’Up, Mathieu Neuville, Charles Neuville et Manuel Mercé, restent très discrets sur la technologie qu’ils ont développée. Mais leurs expériences chez Lafarge et Total laisse peu de doute sur la validité de leur procédé. Rencontrés sur le salon VivaTech 2019, ils expliquent avoir mis au point un béton d’argile écoresponsable au moyen d’un liant breveté ("Crosslinked Clay Cement"). Contrairement à la solution choisie par Hoffman Green Cement Technologies, qui consiste à flasher les métakaolins à 750 °C pendant quelques secondes, la piste suivie par MaTerr’Up ne comporte pas d’étapes de cuisson. « Tout est chimique et se fait à température ambiante », révèle sobrement Manuel Mercé, le responsable Recherche & Industrialisation. L’impact carbone serait donc déjà limité. Mais la startup va encore plus loin.

En plus de produire un béton autoplaçant issu d’argile de carrière – une matière première répandue partout en France – ils proposent également de le produire directement sur les chantiers, au moyen d’une unité mobile qui traitera in situ les terres excavées. Un avantage indéniable pour les grands travaux des métropoles actuelles, qui évitera toute une noria de camions pour évacuer des déblais puis un balai de camions-toupies pour livrer un béton classique. Là encore, les économies de CO2 seront importantes, alors que les nuisances pour les riverains seront diminuées.

L’économie circulaire au pied de la lettre

Avantage supplémentaire, ce béton d’argile est porteur et présente des caractéristiques équivalentes à un béton standard classe C12/15 à C25/30. Sa masse volumique sèche s’établit à 2 300 kg/m3, sa classe structurale est comprise entre S1 et S5, tandis que sa classe d’exposition est fixée à XC4. Sa mise en œuvre est identique à un béton basé sur du ciment Portland mais ses concepteurs ajoutent qu’il présente des performances hygroscopiques intéressantes en été, grâce à ses capacités de changement de phase. Seule condition pour obtenir ce béton d’argile bas carbone : consulter MaTerr’Up pour évaluer la qualité chimique des terres excavées et donc la possibilité de le produire directement sur place, au moyen de leur unité de production mobile. Cerise sur le gâteau : suivant la couleur des déblais, le béton obtenu pourra se parer d’une belle teinte « terre cuite », plus chaude que le gris habituel.

Les prochaines étapes pour la jeune pousse établie à Saint-Geours-de-Maremne (Landes) consisteront à réaliser des chantiers tests avec des bâtiments instrumentés, au cours de l’été, puis d’obtenir la certification technique du CSTB, sésame indispensable pour une utilisation sécurisée sur le marché français. Les trois fondateurs espèrent y parvenir d’ici à la fin de 2019.

G.N.
Grégoire Noble
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