Retour sur les 5e journées de l'Afpac

Marc Wast
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C’est un des rares événements qui ne soit pas passé par les fourches caudines du Coronavirus avant la décision du confinement. Et ces 5e journées de l’Afpac ont connu un réel succès avec un programme varié. Nous ne pourrons pas évoquer ici tous les thèmes abordés. Outre les tendances du marché qui ont confirmé la très grande forme du secteur, surtout l’année dernière qui a vu plusieurs records de ventes tomber, ce colloque a surtout permis de mettre en perspective les points forts des systèmes de chauffage thermodynamiques par rapport aux contraintes liés aux objectifs du plan climat à horizon 2050. Pour évoquer ce point important, car ayant des conséquences sur le sort de la filière à moyen et long termes, la parole fut donnée à Marjolaine Meynier-Millefert, députée et pilote du Plan Rénovation mis en place par le gouvernement. « Pour atteindre les objectifs fixés, la massification de la rénovation énergétique est indispensable, a rappelé la députée. Et si l’on essaie d’appréhender la réalité du rétroplanning d’ici 2050, le nombre de logements à rénover est impressionnant puisqu’il s’établit à 900 000. Néanmoins, pour être réaliste, il faut que la courbe devienne exponentielle afin d’accélérer au fil des années puisqu’aujourd’hui, nous le savons, la filière n’est pas organisée pour répondre à cet objectif ». Selon les dernières estimations, l’outil de production des professionnels du bâtiment est dimensionné pour 350 000 rénovations par an, alors qu’il en faudrait d’ores et déjà 150 000 de plus. Beaucoup de travail reste donc à faire même si, du côté des fabricants de pompes à chaleur (air/air et air/eau), la mobilisation générale de 2019 a permis de répondre à la très forte demande, puisque, pour rappel, les ventes de PAC aérothermiques ont augmenté de 82 % pour frôler le cap des 180 000 unités.

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3 fois plus de PAC d’ici 2028

Mais pour arriver à ses fins, le gouvernement actuel doit mettre en place une stratégie qui concilie stabilité des dispositifs, incitations et pérennité. Ainsi, comme l’a indiqué la députée (voir photo), « le DPE est en cours de réorganisation et la nouvelle mouture sera opérationnelle en 2021. De même, pour s’assurer que les rénovations énergétiques sont réalisées dans les règles de l’art, 2022 verra la mise en place d’informations dédiées et d’audit pour vérifier la qualité des travaux. Et la dernière échéance importante sera 2028 avec l’arrivée des sanctions financières pour les ménages dont les habitations seraient encore classées en étiquette F et G. Ces sanctions seront déterminées en 2023, permettant aux particuliers de se mettre en conformité dans les 5 années suivantes ».

Et la place de la PAC dans tout ça ? Selon les projections présentées par Alexandre Dozières, le sous-directeur Efficacité énergétique et qualité de l’air MTES/DGEC, en 2028, son nombre devrait être presque multiplié par 3 en maisons individuelles, pour atteindre les 6,8 millions d’équipements, tandis que le logement collectif en compterait 2,2 millions, soit une progression de 2,9 fois. Ces chiffres impressionnants sont certainement dus en partie à la récente réforme du coefficient d’énergie de l’électricité et du poids du CO2, tous deux revus à la baisse. De même, ils tiennent compte du parc de chaudières fioul qui continuera à être remplacé par des pompes à chaleur (pour info, en 2019, le taux de remplacement a été de 80 %). Autre axe de développement, les réseaux de chaleur qui devraient faire plus de place à la géothermie, surtout quand il s’agit de promouvoir le froid renouvelable, dont nous aurons un besoin croissant dans les années à venir. À plus court terme, Alexandre Dozières a indiqué que le coup de pouce chauffage actuel devrait être étendu aux copropriétés dans le courant de l’année. Une incitation du devrait compensée la baisse attendue d nombre de constructions de maisons individuelles.

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Booster la géothermie en collectif

Cette journée débat a aussi été l’occasion d’aborder l’avenir de la pompe à chaleur en termes techniques et technologiques. Le premier aspect abordé a été consacré à un générateur qui existe déjà mais qui, de l’avis de toute la filière, n’a pas la place qu’il mérite sur le marché : la PAC hybride gaz (en dehors de la technologie développée par BoostHeat très spécifique). Compacte et facile à mettre en œuvre, celle-ci s’avère une solution flexible au service de la transition énergétique du fait de son fonctionnement multi-énergie en fonction des conditions climatiques : mode électrique la plupart du temps, mode mixte électrique/gaz dans les conditions intermédiaires et mode gaz en cas de températures très basses. Ce dernier mode permet de libérer de la puissance électrique sur le réseau afin de pouvoir alimenter tous les appareils pendant la saison froide (de l’ordre de 2,2 GW selon une étude de GRDF). De même, au moment où l’on parle de rénovation énergétique globale et à grande échelle, la PAC hybride est particulièrement adaptée à cette problématique. Elle caractérise par une disponibilité du service (fonctionnement et durée de vie), par le confort d’utilisation (lors des grands froids, ECS illimitée), et par les économies générées (gain à l’exploitation, énergies au meilleur prix), et ce, tout au long du parcours de rénovation énergétique de l’habitation. Ainsi, plus la peine de remplacer le système de chauffage qui peut s’avérer, après les travaux, surdimensionné par rapport aux nouveaux besoins du logement.

L’autre aspect a concerné la modernisation de la géothermie qui reste aujourd’hui plus qu’un marché de niche. Pour le réactiver, ont été présentées les techniques de couplage, de stockage et de réseaux. Celles-ci sont basées sur l’intelligence des systèmes visant à l’optimisation des rendements thermodynamiques, la captation de l’énergie solaire et le stockage thermique (et non électrique). Ces systèmes d’avenir, qui ne sont pas transposables dans tous les cas de figures d’installations, sont encore en développement et devraient permettre, d’ici une petite dizaine d’années, des rendements très élevés et une économie à l’usage bien plus importante qu’avec les solutions actuelles. Un domaine sur lequel nous reviendront prochainement. Marc Wast

ÉTUDE - MODERNISATION DU CHAUFFAGE ÉLECTRIQUE

L’Afpac a lancé entre janvier 2013 et janvier 2020 une étude à grande échelle sur 25 000 systèmes à détente directe connectés installés en résidentiel. Il s’agissait d’en analyser les modes de fonctionnement pour comparer l’efficacité et la rentabilité de ces solutions par rapport à un chauffage électrique classique à effet Joule. Par exemple, le bilan des usages sur l’année 2019 s’établit comme suit :

* 55 % du temps à l’arrêt
* 33 % du temps en mode chauffage
* 11 % du temps en rafraichissement
* 1 % du temps en ventilation.

Concernant le bilan financier, pour une maison RT 2005 de 200 m2 (78) bénéficiant d’un abonnement 18 kVA à 20 € par mois et qui a fait l’objet d’une rénovation du système de chauffage 100 % effet Joule vers des PAC air/air, l’économie en mode chauffage s’élève à 25 %, tandis que la consommation électrique pour le mode rafraichissement s’établit à 32 € HT.

Marc Wast
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