Moins de quatre TPE sur dix perçoivent les risques liés aux TMS

Stéphane Vigliandi
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Couvreur et TMS.

Si la campagne “Même pas mal” menée en 2023 par l’OPPBTP a permis aux entreprises de mieux percevoir l’impact des troubles musculosquelettiques (TMS), des actions adaptées à la réalité du terrain doivent être menées – notamment à destination des TPE.

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TMS, attention danger ! Ces pathologies particulièrement fréquentes dans les métiers du BTP restent la première cause de maladies professionnelles dans le secteur : à hauteur de 87 % selon la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Gestes répétés, efforts soutenus, postures contraintes… : pour sensibiliser les entreprises aux risques liés aux TMS et à l’intérêt d’agir, l’OPPBTP et différents partenaires* ont lancé au printemps 2023 la première édition de la campagne de sensibilisation et d’information “Même pas mal”.

Pour en mesurer l’impact, l’organisme professionnel a mené une étude mesurant la perception du phénomène par les entreprises et les actions mises en œuvre. Il vient d’en dévoiler les principaux résultats. Le bilan de la campagne se révèle globalement « positif » et encourageant.

Le risque TMS représente « une préoccupation majeure pour une majorité de chefs d’entreprise. La campagne a donné envie d’agir en prévention et des bonnes pratiques ont été mises en lumière sur les trois phases clés du chantier : la livraison, l’approvisionnement au poste de travail et la réalisation des travaux », constate l’OPPBTP.
* Services de prévention et santé au travail BTP et interentreprises, Assurance Maladie risques professionnels et Direction générale du Travail.

Méthodologie de l’enquête
Étude réalisée par Viavoice pour l’OPPBTP du 11 au 28 juillet 2023 auprès de 2 005 entreprises du BTP de toutes tailles et secteurs d’activité. 1 347 interviews ont été réalisées en ligne et 658 ont été effectuées par téléphone.

Perception réelle, mais à géométrie variable

Parmi les chiffres encourageants : plus de 50 % des répondants à l’étude se souviennent d’un élément de la campagne et, parmi eux, 48 % ont entrepris une action. Par exemple, 36 % ont affiché des éléments de la campagne dans leurs locaux, 11 % ont organisé des réunions d’information internes, 31 % déclarent en avoir discuté autour d’eux dans leur entreprise.

Néanmoins, la perception des risques varie selon la taille et l’activité. Alors que la majorité des chefs d’entreprise reconnaissent l’importance des TMS, la prise de conscience est plus marquée dans les sociétés de plus de 250 salariés (84 %) que dans les petites structures qui, en général, ne bénéficient pas d’un préventeur. Ce chiffre tombe à 38 % pour les entreprises de moins de dix salariés.

Chaque année, l'employeur évalue l’exposition à la pénibilité de ses salariés À ce titre, depuis le 1er septembre 2023, le recours pour les salariés au compte professionnel de prévention (C2P) a été facilité.

Aides financières directes dès 2024

« Ces écarts soulignent la nécessité de mettre en place des actions adaptées à la réalité du terrain de chaque entreprise, estime l’OPPBTP. Malgré l’existence d’une réelle préoccupation, seulement la moitié des répondants à l’étude ayant reconnu un élément de la campagne est engagée dans une démarche de sensibilisation et 10 % dans une démarche de formation ».

D’ailleurs, l’organisme a d’ores et déjà réfléchi à de nouvelles mesures destinées à soutenir les entreprises en vue d’amélioration leurs pratiques en matière de prévention des TMS (voir encadré ci-dessous).

La future mise en œuvre du Fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle (FIPU) devrait les y aider. Doté de 1 Md€ sur cinq ans, ce fonds est géré par la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles de la Sécurité sociale. Il sera doté d’un budget de 200 M€ en 2024. Parmi ses missions ? Verser des aides financières directes aux entreprises pour la prévention des risques.

Des pistes d’actions à explorer

L’OPPBTP a déjà réfléchi à de premières pistes d’actions pour aider les entreprises à mieux prendre en compte les TMS et s’en prémunir.
Mener des actions ergonomiques ciblées sur des situations de travail exposant particulièrement aux risques physiques (vibration, manutention et posture).

Analyser et proposer des actions d’amélioration de situations contraignantes, communes à plusieurs métiers du second oeuvre, en phase d’approvisionnement de chantier.

Expérimenter de nouveaux équipements d’assistance physique auprès de différents métiers (électriciens, peintres, plaquistes, menuisiers…).

Concevoir un outil d’autodiagnostic “manutention manuelle” pour chaque métier.

Mener un travail avec les fabricants de matériels et matériaux pour mieux prendre en compte le risque TMS dès la conception des produits.

• Sensibiliser plus fortement les apprentis en CFA BTP et les nouveaux dirigeants via des formations et outils adaptés.

Stéphane Vigliandi
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