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Adaptation des salles de bains : se préparer à l'arrivée de Ma PrimeAdapt'

Jérémy Becam
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Annoncée en février dernier par le gouvernement, la nouvelle aide financière MaPrimeAdapt’ devrait être mise en place dans les prochains mois pour permettre aux personnes âgées de vivre le plus longtemps possible à leur domicile. Sa date de mise en œuvre n’a pas été officialisée, mais elle va bousculer le marché de la salle de bains, particulièrement concerné par les sujets du vieillissement de la population et de l’adaptation des logements.

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La décennie 2020-2030 sera celle de “l’explosion” des 75-84 ans. Au nombre de 4,1 millions en 2020, ils seront 6,1 millions en 2030 (+49 % en dix ans). Et les “85 ans et plus” augmenteront de +88 % entre 2030 et 2050 d’après les chiffres du rapport « Nous vieillirons ensemble » remis le 26 mai 2021 par Luc Broussy, président la filière Silver Economie. Or, ces seniors expriment massivement le souhait de vieillir à domicile, en associant largement les notions de bien vieillir et d’adaptation du logement. Si l’ensemble du logement est concerné par cette problématique, la salle de bains concentre une partie importante des travaux. Sol antidérapant, transformation d’une baignoire en douche, installation d’un WC réhaussé, sécurisation de l’accès et de l’espace douche…les chantiers potentiels ne manquent pas, encore faut-il les concrétiser et inciter les particuliers à réaliser ces aménagements.

A l’automne 2019, Action Logement a mis en place un dispositif pour les personnes âgées aux ressources modestes avec une aide de 5 000 € pour adapter leurs sanitaires au vieillissement avec le remplacement des baignoires par des douches. Un dispositif qui a connu un véritable succès et plusieurs freins avaient été alors levés en faveur des entreprises du BTP : acompte de 30 % du montant des travaux et non-obligation d’un accompagnateur travaux pour certains dossiers. Le budget global de cette initiative a été revu à la baisse par l’Etat en 2020 et cette aide a été arrêtée en avril 2021. Ce dispositif avait alors entraîné la diminution de la moyenne d’âge des demandeurs de travaux tandis que les entreprises du Bâtiment avaient pris conscience de l’intérêt de se former à ce marché.

70.000 logements adaptés par an

Autre frein souligné par les professionnels, les aides de l’Anah pour la réalisation des travaux sont actuellement soumis à une perte d’autonomie. Il est calculé à partir de l’évaluation effectuée à l’aide de la grille AGGIR. Il existe six GIR : le GIR 1 est le niveau de perte d’autonomie le plus fort et le GIR 6 le plus faible. A partir de GIR 4, vous êtes éligibles aux aides car vous avez besoin d’une assistance à domicile. Il existe également les aides des caisses de retraites (Carsat) qui viennent en complément de celles de l’Anah. Enfin, un crédit d’impôt de 25 % sur les travaux et les produits sans condition de ressource mais réservée aux personnes en perte d’autonomie. Dans son rapport en mai 2021, Luc Broussy suggérait la création d’un fond Ma Prime Adapt’ avec un guichet et un dossier unique, et des conditions d’éligibilité uniformes.

En février dernier, le gouvernement, par l’intermédiaire de Brigitte Bourguignon, l’ancienne ministre déléguée chargée de l’autonomie, avait officialisé la création de cette nouvelle aide financière pour permettre aux personnes âgées de vivre le plus longtemps possible à leur domicile. Toutefois, elle n’avait alors dévoilé ni le calendrier ni les détails de cette future aide, baptisée MaPrimeAdapt’. Le 18 avril dernier, Emmanuel Macron avait remis ce sujet sur le devant de la scène, mettent notamment en avant la nécessité de réduire les accidents liés aux chutes, la première cause de décès accidentel chez les plus de 65 ans. « Beaucoup ne réalisent pas ces travaux car ils n'ont pas les moyens de le faire. C'est une souffrance et absurde car ces personnes vont tomber et seront prises en charge par la collectivité, ce qui coûtera plus cher à la collectivité », expliquait sur France 5 le président de la République.

En lien avec l’ANAH, MaPrimeAdapt’, qui devrait être mise en place d’ici à la fin de l’année, ambitionne l'adaptation de 70.000 logements par an, soit 680.000 résidences d’ici 2032, pour un montant global de 400 millions d’euros. Cela représente 30 à 40 % du parc des foyers seniors aux ressources modestes dont l'habitat nécessite un aménagement ou une adaptation. Selon le journal Le Monde, MaPrimAdapt’ couvrirait 70 % du coût total pour les revenus inférieurs à 20.593 euros et 50 % pour la tranche allant jusqu’à 25.000 euros de ressources.

Un premier guide technique créé

Pour atteindre l’objectif de 70 000 logements adaptés par an, cette aide ne suffira certainement pas et tous les corps de métier, bâtiment et professions de santé, vont devoir associer leurs expertises complémentaires et systématisent leurs retours d’expérience. Indépendance Royale, entreprise spécialisée dans l’aménagement du domicile des seniors, a créé un guide technique centré sur la salle de bain, principale zone de risque. Pour ce faire, le groupe s’est appuyé sur le groupe Alogia, spécialisé dans les solutions de prévention santé dans l'Habitat pour les seniors et leurs aidants. Le guide “Travaux d’adaptation du logement et ergothérapie”, nourri de centaines de cas réels, recense les questions qui se posent quand il s’agit d’aménager une salle de bains pour un public senior.

Ce guide s’articule autour de trois axes, les deux groupes rappellent tout d’abord l’importance de la configuration d’ensemble de la salle de bains et des contraintes de l’environnement existant, c’est-à-dire le positionnement des principaux éléments (douche, WC, meubles...) dans un espace déjà existant. « Il s’agit d’une étape clé, car il faut bien concevoir un dispositif adapté à la situation actuelle de la personne concernée, qui aura de plus ou moins grandes difficultés de mobilité, mais aussi - et souvent, surtout - adapté à la façon dont sa situation va évoluer. Enfin, les normes techniques sont particulièrement contraignantes. L’exemple des hauteurs de ressaut est significatif. Parvenir à une douche sans ressaut est parfois possible, parfois impossible et résulte dans tous les cas de figure d’une compréhension fine du bâtiment et des besoins du bénéficiaire », peut-on lire au sein de ce guide.

La deuxième partie de ce guide tourne autour de l’accessibilité et de la configuration de l’espace. Outre le positionnement de la baignoire ou de la douche, il faut en effet prendre en compte tout ce qui permet de les intégrer dans un environnement cohérent : accès, parois, robinetterie, meubles, WC, espace de circulation. « Bien souvent, ceci est considéré comme secondaire, et leur choix ne résulte pas d’une réflexion d’ensemble mais d’un choix élément par élément sans que leurs interactions soient réellement étudiées », détaille le document. Enfin, le dernier axe concerne la sécurisation de la salle de bains qui doit répondre à deux impératifs : respecter l’ensemble des règles techniques et la réalisation d’une étude approfondie des besoins de l’utilisateur.

Le guide complet est à retrouver via ce lien.

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Jérémy Becam
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