PAM Building, sorti du giron de Saint-Gobain, a de grandes ambitions

PAM Building était déjà une branche autonome du groupe Saint-Gobain, mais aujourd’hui cet acteur du monde des tuyaux en fonte, a gagné son indépendance. Fin novembre, les fonds d’investissement Aldebaran et Bpifrance ont apporté leur soutien pour développer « le leader européen des systèmes d’évacuation sanitaire et pluviale en fonte ». Éric Escalettes, le directeur général, nous explique : « Nous sommes très présents en Europe. Nous réalisons 40 % de notre chiffre d’affaires en France et 60 % à l’export, dont 20 % au Royaume-Uni et 20 % en Allemagne », ceci avec 250 collaborateurs dans l’Hexagone et un site de production à Bayard-sur-Marne (Haute-Marne) plus un autre site en Angleterre, qui produit les raccords. Car la société insiste sur le fait qu’elle commercialise des systèmes d’évacuation complets, avec tuyaux (en fonte donc), raccords et joints (inox+EPDM). Des produits qui sont ainsi garantis dans leur ensemble et qui sont vendus auprès des poseurs via la distribution spécialisée (Cedeo, Gedimat, Richardson…).

Une qualité et une expertise qui ont permis à PAM Building de bien résister à la crise que connaît la construction en Europe : « Dans cette période compliquée nous nous en sortons plutôt bien pour l’instant », nous confie Éric Escalettes. « Nous ne sommes pas soumis aux mêmes cycles selon les régions ; c’est l’avantage d’être présents dans 50 pays ». La marque a ainsi trouvé des relais de croissance au Moyen-Orient et en Asie où les projets d’immeubles de grande hauteur sont nombreux. Mais même en France, l’entreprise a réussi à faire croître son niveau d’activité. Le chiffre d’affaires qui était de 110 M€ en 2023 devrait être égalé sur l’exercice 2024.

PAM Building mise sur plusieurs gammes et innovations : d’abord les tuyaux allégés Agilium, lancés en 2023, qui bénéficient d’une métallurgie particulière afin de garantir des performances équivalentes pour un poids moindre (de l’ordre de -30 %). Ceci pour une facilité de pose accrue sur les chantiers et pour un autre avantage non négligeable : un impact carbone lui aussi diminué. « En 2025, nous avons pour objectif d’élargir cette gamme avec de nouveaux diamètres plus petits, en-deçà des 10 cm », nous précise Jean-Baptiste Baldi, directeur marketing & commerce Export. Le secret de cette légèreté tient notamment au traitement intérieur des conduites en époxy pour éviter toute corrosion sur la durée. Car la longévité de la fonte est l’un de ses avantages (en plus de la tenue au feu et de l’acoustique) : les FDES l’annoncent à 70 ans.

Le groupe entend également développer sa solution Elixair de géothermie vecteur air, ou puits climatique. Là encore, la qualité de conductivité thermique de la fonte et sa bonne tenue mécanique permettent d’enterrer un réseau moins long et moins profondément que des tubes en PVC, pour une économie substantielle. L’air extérieur qui circule dans ces tuyaux arrive rafraîchi (en été) ou préchauffé (en hiver) grâce à la température du sol. Ce qui améliore le bilan des PAC et le confort thermique des habitations. « Nous allons vers des solutions packagées pour la maison individuelle avec la pompe à chaleur. Le but sera de s’adresser à d’autres professionnels que les plombiers : des maçons, des installateurs, des thermiciens et bureaux d’études… », ajoute Jean-Baptiste Baldi.

Côté évacuation des eaux pluviales, l’entreprise a développé EPAMS qui amène un effet de chasse par siphon, beaucoup plus efficace qu’une classique conduite gravitaire. Le tuyau, qui se remplit entièrement d’eau, sans air, permet d’évacuer plus vite l’eau accumulée en toiture plate et de diminuer le diamètre des tuyaux. Enfin, PAM Building prévoit de décarboner encore plus sa production métallurgique grâce au remplacement de son four actuel par un four électrique. Un projet à 10 M€ qui devrait être mené à bien en 2028. La société produit annuellement environ 25 000 tonnes de fonte. « Nous allons continuer notre modernisation avec un investissement normal de 5 à 6 M€/an. Notre démarche va au-delà des standards pour que notre production se démarque des concurrents turcs ou chinois », conclut Éric Escalettes qui entend réaffirmer la supériorité du Fondu en France.