Chez AkzoNobel, RSE se dit maintenant “People.Planet.Paint”
Labellisé à nouveau ÉcoVadis Platinium, le néerlandais AkzoNobel structure depuis deux ans une feuille de route qu’il qualifie d’« ambitieuse » en matière de RSE. La démarche du groupe – baptisée “People.Planet.Paint”(dite 3P) – se concrétise déjà au sein de la filiale française.
La filière industrielle des peintures aurait-elle encore une mauvaise image qui lui colle à la peau ? « Non ! », veut croire Frédéric Guetin qui préside AkzoNobel France. En déroulant le 11 mai dernier la stratégie RSE du groupe basé aux Pays-Bas, le dirigeant a égrené une palette d’arguments. « On parle souvent de chimistes pollueurs ! Nous ne pensons pas l’être. Nous avons reformulé des produits et aujourd’hui la clef d’entrée pour être référencé comme fournisseur de matières premières chez AkzoNobel [au global, le groupe référence près de 33 000 fournisseurs et prestataires], ce sont leurs classements et leurs certifications comme l’ÉcoVadis, leurs actions en matière de développement durable et, bien sûr, la façon dont sont produites les matières premières et leur origine », détaille-t-il pour expliquer le volet Paint du programme 3P.
Côté logistique, par exemple, l’industriel souligne que « nos partenaires doivent être en ligne avec notre cahier des charges ». Et en matière de sourcing ? « Nous achetons aussi de plus en plus… européen », répond-il. D’ailleurs le groupe a rejoint la European CEO Alliance (voir encadré ci-dessous) qui regroupe douze capitaines d’industrie européens.
Leur projet ? Faire de l’Union européenne le premier continent en matière de protection du climat et transformer le Pacte vert pour l’Europe – adopté par Bruxelles le 14 juillet 2021 – un succès. Et un « nouveau Bauhaus européen » selon la formule de Mariya Gabriel, la commissaire européenne en charge entre autres de l’innovation.
« En tant qu’entreprise, nous progressons dans nos efforts continus pour réduire de moitié nos propres émissions de carbone d’ici à 2030. Aujourd’hui, nous pouvons annoncer que nous avons accéléré et que nous aurons déjà 100 % d’électricité renouvelable [pour alimenter les usines en Europe] d’ici 2022. »
Thierry Vanlancker, CEO du groupe AkzoNobel, lors d’une réunion de l’ECEO-A le 13/07/2021
Son “pacte vert” en trois volets
Frédéric Guetin aime d’ailleurs à préciser qu’« il n’y a pas de responsable RSE chez AkzoNobel ! Tous les collaborateurs sont responsables RSE ». Outre le volet People qui vise, entre autres, à atteindre plus de 30 % de femmes à des postes de management d’ici à trois ans, il n’hésite pas à mouiller la chemise en écho au volet Planet de la stratégie 3P.
Avec Michiel Boonekamp, le directeur marketing et ventes Peintures Décoratives au sein de la filiale française, le manager a intégré le collectif de décideurs d’entreprises du CEC (Convention des entreprises pour le climat). Là aussi, il s’agit d’agir en faveur de la biodiversité et de sa régénération. Dans le viseur du collectif ? « Coconstruire une feuille de route visant la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre », rappelle Frédéric Guetin.
À travers le plan 3P dont les engagements et résultats sont vérifiés par des tiers indépendants, AkzoNobel France doit « s’assurer que tout ce que fait l’entreprise soit établi sous le prisme de la durabilité. En 2022, en matière de préoccupations environnementales*, notre ambition est d’être un véritable leader de notre industrie et un moteur du changement », prévient Frédéric Guetin.
* La Fipec a rédigé une charte environnementale. La Fipev (industrie des peintures), l’un des cinq syndicats nationaux de cette fédération, compte parmi ses membres AkzoNobel.
« Aujourd’hui, sur les produits que nous lançons dans une démarche biomass-balance [méthode consistant à remplacer les matières premières fossiles par des intrants renouvelables], nous allons atteindre entre 5 % et 10 % de réduction de leur empreinte CO2.»
Michiel Boonekamp, directeur marketing et ventes Peintures Décoratives d’AkzoNobel France
Pour être une entreprise « citoyenne et responsable », la filiale française investit. Sur son site de Montataire, dans l’Oise, le fabricant travaille sur la gestion des eaux de nettoyage. Environ 2 M€ y sont injectés pour disposer de la ressource en circuit fermé. « Dès 2023, l’usine ne sera plus classée Seveso », annonce par exemple Frédéric Guetin.
Parmi les autres projets déjà concrets : l’hybridation de la flotte automobile (près de 500 véhicules) et le recours à 20 % d’électricité issue de la géothermie. À l’horizon 2030, le groupe s’engage ainsi à réduire de moitié ses émissions de CO2 sur toute la chaîne de valeur, recourir à 100 % d’EnR et réutiliser la totalité de ses déchets.
Au niveau de l’évolution de son offre, le groupe commercialise déjà « une peinture blanche contenant 35 % de matière recyclable », ainsi qu’« une gamme de blancs biomass-balance qui intègre en partie de la cellulose [déchets issus de l’industrie du bois] ». Prochaine étape : des formulations totalement biosourcées ? « Pas tout de suite, admet Michiel Boonekamp. Les filières biosourcées sont en train d’émerger. Si nous voulions tous être en biosourcé, cela ne serait pas possible aujourd’hui ! »
Quoi qu’il en soit, le chimiste démultiplie les initiatives en faveur de l’environnement pour réduire son bilan carbone à tous les étages. D’ici à 2030, les peintures éco-durables devraient générer plus de 50 % de son chiffre d’affaires (vs 39 % en 2021). En attendant, AkzoNobel France continuera à effectuer un travail de pédagogie auprès de son aval (négoce et utilisateurs). Et s’il ne participe pas directement au prochain Mondial du Bâtiment, en octobre prochain, « nous devrions en principe présenter toute notre offre sur un stand lors de l’édition 2024 », indique Frédéric Guetin.
À propos de la CEO Alliance
Opérationnel depuis 2020 en pleine pandémie de la Covid-19, ce think-tank européen a été lancé dans la foulée des décisions historiques sur le Green Deal européen. Ses dix membres fondateurs suivent un objectif commun : faire de l’Union européen un modèle en matière de protection de l’environnement et du climat, tout « en débloquant des investissements, en stimulant les innovations dans les technologies de demain et en créant des emplois d’avenir ».
Aujourd’hui, cet aréopage est composé de douze PDG qui dialoguent avec la Commission européenne : Björn Rosengren (ABB), Thierry Vanlancker (AkzoNobel), Francesco Starace (Enel), Leonhard Birnbaum (E.On), Börje Ekholm (Ericsson), Henrik Henriksson (H2GreenSteel), Ignacio Galán (Iberdrola), Frans van Houten (Philips), Christian Klein (SAP), Christian Levin (Scania), Jean-Pascale Tricoire (Schneider Electric) et Herbert Diess (Volkswagen). Ils bénéficient entre autres de l’expertise du cabinet McKinsey qui leur apporte son soutien logistique en termes d’études et de données.