Spurgin bouscule les habitudes de la construction

Fondée en 1978, la société Spurgin a engagé une grande transformation en 2019. A l’époque, Pierre Bollard s’intéresse de près aux conséquences du réchauffement climatique sur les écosystèmes. Alors que la production de ciment est responsable de plus de *7 % des émissions de CO2 par an à l’échelle mondiale, les équipes R&D de la société se penchent sur le développement de produits moins carbonés. « Il fallait trouver des solutions. Ce n’est parce que l’on est préfabriquant béton que l’on doit rester béton », explique-t-il. 

Les investissements débutent, et très vite, Spurgin s’essaye à de nouveaux procédés. Le fabricant signe par exemple un partenariat avec Vicat en 2020 pour produire un béton « bas carbone » à base de CEM IV. La même année, il développe deux produits : 

• Un Prémur de 16 centimètres « dans lequel on peut intégrer de fortes quantités d’armatures » ;
• Et un Prémur à Galettes qui intègre du béton de bois, permettant ainsi d’économiser jusqu’à 20 % de matière première sur chantier, et de générer jusqu’à 27 % d’économies de CO2 en fonction du nombre de galettes, souligne Fabien Panel, Responsable Activité Béton de Bois chez Spurgin.  

L’entreprise accélère très vite ensuite sur le biosourcé avec la signature d’un accord de partenariat avec CCb Greentech, « qui a mis au point un agrégat de bois permettant de faire de la préfabrication massive en béton de bois », détaille Pierre Bollard. « Nous sommes sous licence d’exploitation de ce produit qui s’appelle le mur en béton de bois ». Déclinée en 24 et 30 cm, cette référence de mur porteur sous ATEx revendique un bilan carbone négatif avec jusqu’à 55 kg de matière biosourcée par m2, indique Spurgin. Le produit est réalisé sur-mesure en usine, et peut s’employer jusqu’en R+3. Il affiche un déphasage thermique allant de 14 à 17 heures, se veut perspirant, résistant au feu jusqu’à 2h et assure un affaiblissement phonique jusqu‘à 62 dB. 

La solution est actuellement fabriquée à la Roque-d’Anthéron mais pour répondre à une demande en croissance, une nouvelle ligne « entièrement automatisée » sera inaugurée le 7 juin prochain à Mignières (Canton de Chartes - 28). « On envisage de faire jusqu’à 300 000 m2 de murs ». Le site permettra aussi d'expérimenter. « A Chartres, nous avons une centrale pour faire le béton de bois qui a 14 cases vidangeables pour les agrégats, et 5 silos à ciment, ce qui permettra de mélanger ce qu’on veut quand on veut et d’essayer des choses en grandeur réelle. L’idée, c’est d’en faire un outil de demain ».  

Pierre Bollard révèle également que deux autres usines devraient voir le jour d’ici à 2027. « Notre offre produits se développe rapidement et continuellement pour garantir une émission de CO2 minimale, voire négative dans les 5 années à venir. Notre gamme s’étoffe de produits hybrides alliant capacités structurelles, porteuses et matériaux biosourcés pour s’inscrire idéalement dans tout type de construction répondant aux exigences RE2020. »

A noter que le préfabriquant s’est engagé dans l’installation de centrales photovoltaïques sur chacun de ses sites, avec comme objectif, à horizon 2025, une capacité de production de 2 141 Mwh/an. Sur les 8 usines, déjà 4 en sont équipées. 

_{*Source : France Stratégie}