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[Apprentissage] Chez Saint-Gobain, 70 candidats pour décrocher le niveau Bac+2 ou Bac+3

Stéphane Vigliandi
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EN PHOTO • En France, l’insertion des jeunes sur le marché du travail s’assimile à un réel “parcours du combattant” depuis plus de vingt ans. La crise engendrée par la pandémie de coronavirus ne fera-t-elle qu’exacerber un peu plus le phénomène ? À sa mesure, Saint-Gobain veut contribuer à améliorer la situation tant pour les cols blancs que les cols bleus en créant son CFA d’entreprise comme le lui permet la loi "Avenir professionnel".

[Zepros Bâti] Métiers émergents, en tension ou à forte intensité de main d’œuvre ? Comme la loi l’y autorise depuis bientôt dix-huit mois, le leader mondial des matériaux de construction ouvre, à son tour, son propre centre de formation d’apprentis (CFA). Les deux premières promotions feront leur rentrée des classes en octobre.

En annonçant ce 4 juin une aide « exceptionnelle » pour engager un apprenti, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, indiquait aussi dans un tweet vouloir « consolider la croissance historique de l’apprentissage (+16 % de croissance en 2019-2020) ». Selon la première DRH de France, « on ne peut pas avoir une génération sacrifiée. Les jeunes ne seront pas la variable d’ajustement de la crise ». Si l’Hexagone ne porte pas forcément le bonnet d’âne en la matière (485 800 apprenti.e.s fin 2019), ses classes de CFA – et surtout les promoteurs de la filière – lorgnent parfois avec envie de l’autre côté du Rhin. En Allemagne, l’apprentissage* est l'une des « voies royales » pour débuter dans la vie active. Question de culture ! Avec la réforme dite “Avenir professionnel” parue au Journal officiel le 5 septembre 2018 et entrée en vigueur le 1er janvier 2019, l’actuelle ministre du Travail voulait donner aux entreprises la possibilité de… “rattraper le retard” français. Parmi les mesures largement médiatisées : la création de CFA d’entreprise.

Un peu moins de deux ans après le vote de la loi (en août 2018), la Rue de Grenelle estime que, sur plus de 500 intentions de création de CFA, 200 sites ont déjà vu le jour – tous secteurs confondus. À l’image d’Arc International, de Nicollin Environnement (le n°3 français de la gestion des déchets) avec un tout premier CFA dédié aux métiers des services à l’environnement ou de Safran. De son côté, Schneider Electric a déjà déposé sur les fonts baptismaux une structure similaire qui se consacrera, dès septembre, aux métiers de l'énergie au sein de son École Paul-Louis Merlin. Dans la filière de la restauration, quatre acteurs ont, eux, sauté dans le grand bain pour créer leur CFA inter-entreprises : Accor, le géant de l’intérim Adecco Group, Korian et Sodexo. À son tour, Saint-Gobain vient d’annoncer qu’il « lance son premier centre de formation d’apprentis en France ».

* Environ 515 700 apprentis en Allemagne en 2017 selon l’Office fédéral Destatis : un chiffre en chute d'environ 100 000 jeunes en dix ans en raison des problèmes démographiques auxquels est confronté le pays.

Strapontins pour la “génération Covid” ?

« Accompagner les talents de demain grâce à l’apprentissage, c’est leur offrir un enseignement auprès d’experts et une expérience terrain formatrice leur garantissant des débouchés sur le marché de l’emploi », argumente Claire Pedini citée dans un communiqué diffusé par Saint-Gobain le 5 juin. Évoquant « une étape essentielle dans [l’]insertion professionnelle » des étudiantes et étudiants, la DG adjointe du groupe chargée des RH et de la Transformation digitale rappelle au passage que « l’ouverture de ce CFA Saint-Gobain – dans un contexte économique particulièrement difficile – en est une preuve supplémentaire ». Récemment, l’Organisation mondiale du Travail a d’ailleurs alerté gouvernements et partenaires sociaux à l’échelle internationale. « La crise du Covid-19 touche les jeunes de manière plus rapide et plus grave : il est urgent d’agir pour éviter l’émergence d’une génération du confinement [lire en p. 7-9 de son Obserbatoire du 27 mai 2020] », écrivent ses experts. En France, alors que la récession provoquée par la pandémie touche déjà de plein fouet les jeunes actifs, mais aussi sans doute la prochaine vague de diplômés dès la rentrée 2020, certains sociologues ont d'ores et déjà rebaptisé la “génération Y” en la qualifiant de… “génération Covid”.

Marqueur de la marque-employeur

Dès octobre prochain, le CFA Saint-Gobain, lui, va permettre d’accueillir 70 jeunes au total qui seront répartis dans deux promotions. En partenariat avec l’École de Commerce du Groupe IGS, la première “promo” regroupera 50 élèves pour suivre un cursus en commerce et marketing à Paris et à Toulouse. La seconde va rassembler 20 jeunes à Lyon pour se former à la maintenance industrielle : des cours coconstruits avec le CFAI lyonnais (Institut des ressources industrielles). « À l’issue de leur formation, [d'une durée de deux ans] les apprentis obtiendront un titre professionnel certifié par le ministère du Travail, de Responsable commercial et marketing (équivalent Bac+3) ou de Technicien supérieur en maintenance industrielle (équivalent Bac+2) », précise le fabricant-distributeur. Ambition affichée par la Compagnie ? D’ici trois à cinq ans, former 250 apprenti.e.s tous les ans, mais aussi « ouvrir de nouvelles filières d’apprentissage » dans les secteurs de l’industrie, de la logistique ou du commerce. En ouvrant son propre CFA, le groupe entend également « faire mieux connaître la diversité et la richesse de ses métiers en conditions réelles ». Et là, ce ne sont pas des “Miroirs” aux alouettes… ! S. V.

Stéphane Vigliandi
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