Le véadiste BtoB Outilacier s'ancre à Orexad
Pesant environ 11 % sur le marché hexagonal de l’outillage et des fournitures industrielles, Orexad, la filiale du groupe européen IPH-Brammer, poursuit sa stratégie de croissance externe. Avec le récent rachat de la “pépite” lyonnaise Outilacier (ex-adhérent Socoda), le réseau renforce entre autres sa stratégie Grands comptes.
« Pérenniser un modèle original ! » Depuis plus de cinq ans, c’était l’obsession de Pierre-Yves Lévy (63 ans). En juillet 2017, le président d’Outilacier confiait d’ailleurs à la rédaction de Zepros Négoce qu’« en plus de continuer notre approche collaborative fournisseurs-clients, je suis en train de préparer la transmission de l’entreprise d’ici à quelques mois » (voir notre classement “ZeNégoce TOP 100 - 2017”, p. 99).
Ce passage de relais, le dirigeant le prépare en fait dès 2012 ; d’abord avec l’entrée d’un family office qui détenait 60 % du capital d’Outilacier. Seconde étape : le 12 avril dernier avec une cession totale du véadiste lyonnais à IPH-Brammer. Suite à ce rachat, le grossiste basé à Vaulx-en-Velin, dans le Rhône, a dû quitter le Groupe Socoda auquel il adhérait depuis plus de vingt ans.
Une “pépite” rhônalpine
Dans un communiqué diffusé ce 24 mai, le repreneur précise qu’« Outilacier restera une société pleinement indépendante, afin de conserver sa qualité opérationnelle et son agilité ». Après avoir repris cette entreprise familiale en 1982, Pierre-Yves Lévy n’aura eu de cesse de mettre en œuvre « une politique de profitabilité partagée avec ses clients et ses fournisseurs ». En un quart de siècle, le chiffre d’affaires d’Outilacier est ainsi passé d'environ 500 k€ à 30,4 M€ l’an dernier. Sa recette ? « Un stratégie clients essentiellement orientée vers les grands comptes publics et privés (Areva, Vinci, SNCF…) dans une logique de prix justes appliquée aux justes besoins des clients », argumente Pierre-Yves Lévy.
D’ailleurs, le véadiste spécialisé dans l’outillage (notamment sur plan), les EPI et les fournitures industrielles a été distingué plusieurs fois pour sa politique de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). En 2016, il a été lauréat ex-æquo du Prix PME des délais de paiement, aux côtés du mosellan Silix TP & Environnement. Depuis trois ans, Outilacier participe d’ailleurs au programme “Pépite Entreprises de croissance” piloté par la CCI du Rhône et le Gand Lyon.
« Nous avons beaucoup à apprendre d’Outilacier en termes de “distribution responsable” : créatrice de liens, favorisant l’innovation et le partage de valeurs avec nos clients et fournisseurs. »
Pierre Vanstoflegatte, PDG d’Orexad-Brammer
RSE, grands comptes et synergies
Pour le français IPH et le britannique Brammer qui ont fusionné mi-septembre 2017 (environ 2,2 Md€ de CA consolidé), ce rachat intervient dans un contexte d’accélération de la croissance externe du groupe ; notamment en France. Depuis la fin de l’an dernier, IPH-Brammer a ainsi réalisé « plusieurs intégrations de fonds de commerce et d’expertises » : le morbihannais BTMA (spécialiste de manutention continue/bande transporteuse) en décembre 2017, Solufi (très fort en EPI) dans le Doubs en janvier dernier et SFI (spécialiste du soudage basé à Dreux) en mars.
Si le montant de la transaction reste confidentiel, la reprise d’Outilacier vient d’une part accentuer la présence lyonnaise d’Orexad (5 agences dans le Rhône). D’autre part, elle permettra de « renforcer l’approche Grands comptes du réseau Orexad [près de 200 points de vente à ce jour contre 96 fin 2013] en se positionnant comme fournisseur unique ou complémentaire sur des contrats exigeants en termes de flexibilité et d’innovations », observe Patrick Lemaire, le directeur Grands comptes d’Orexad cité dans un communiqué.
En écho, Pierre Vanstoflegatte, le PDG d’Orexad-Brammer, confie simplement qu’avec ce rachat, « l’objectif est d’intégrer davantage la RSE au sein du groupe ». D’ailleurs, Pierre-Yves Lévy ne quitte pas le navire. Tout en reprenant les 30 collaborateurs du véadiste, IPH-Brammer a nommé son ex-propriétaire au poste de directeur général d’Outilacier. Une fonction qu’il devrait occuper « deux ou trois ans » en principe ; le temps que le repreneur s’acculture « au "modèle Outilacier" et à sa logique de performance globale” », estime Pierre-Yves Lévy.
Entre temps, les plans de vente des deux nouveaux partenaires devraient avoir été adaptés, voire restructurés en partie. Depuis fin 2015, afin d’optimiser le temps de préparation des commandes pour l’e-commerce notamment, la direction d’Orexad planche sur la réorganisation de sa supply chain qui s’articule autour de trois entrepôts nationaux (à Ploisy dans l’Aisne, Vénissieux dans le Rhône et Brest dans le Finistère) et de deux plateformes régionales métiers (à Orléans et Valencienne)
Les chiffres-clés des deux acteurs
> Orexad
• 649 M€ de CA en 2017
• Près de 200 agences en France
• 2 400 collaborateurs dont 1 500 commerciaux experts en maintenance industrielle
• 10 000 fournisseurs partenaires
• Environ 1 million de références produits
> Outilacier
• 30,4 M€ de CA en 2017 (28,8 M€ en 2016)
• 85 % de clients "grands comptes" (Areva, Centre d’ingénierie Déconstruction & Environnement [nucléaire], SNCF...)
• 30 collaborateurs (logisticiens, magasiniers, 10 commerciaux internes et itinérants…)
• Environ 600 000 références produits (1 500 fournisseurs référencés dont 70 % de fabricants français ou européens)
• En moyenne 100 colis et 20 palettes livrés par jour sur toute la France dont un peu moins de 5 % des volumes dédiés à l’export indirect
• 1 entrepôt de stockage d’environ 1 000 m² (à Vaulx-en-Velin, 69)
(Source : Orexad, Outilacier)
Négoce FI : les forces en présence
Évalué entre 7,4 et 7,5 Md€, le marché français des fournitures industrielles (FI) et de l’outillage se structure aujourd’hui autour de quatre principaux acteurs de la distribution BtoB. En cours de recomposition depuis quelques années, le paysage du négoce technique demeure encore assez morcelé.
• Prolians (Groupe Descours & Cabaud) : 1,95 Md€ de CA 2016
• Socoda (pôles Industries et Aciers) : environ 840 M€ de CA 2016
• Orexad : 649 M€ de CA en 2017
• Mabéo Industries (Groupe MBE) : 215 M€ de CA en 2015
(Source : FFQ, Ficime, enseignes)