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[Covid-19 & Reprise] Trésorerie : les coups de pouce de Caséo... avant un “dégel”

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Après avoir adressé une lettre ouverte au gouvernement la semaine dernière, Jean-Marc Meyniel, le patron du réseau de spécialistes en menuiseries et cuisines sur mesure, fait un point sur la “boîte à outils” déployée pour amortir l’après-Covid 19 et la récession économique.

Frappé comme tous par l’impact du confinement, Caséo ne dépareille pas, a priori, dans le paysage de la distribution Bâtiment. Sur le terrain, le volume d’affaires s’est effrité de -30 à -40 % depuis mi-mars : un ratio moyen que l’ensemble des enseignes constate peu ou prou. Mais, la comparaison s’arrête là. « Nous sommes sur un métier hybride. Si notre réseau sert 60 % de ses volumes aux professionnels (environ 40 % du CA de Caséo), l’activité “vente + pose” aux particuliers [mieux margée et intégrant une prestation de pose : Ndlr] capte plus de 60 % de nos ventes en valeur », rappelle Jean-Marc Meyniel, DG de ce groupement d’indépendants. Parmi les 45 adhérents* qui alignent 82 magasins (à date), 60 % développent « le concept mixte » qui cible à la fois le BtoB et le BtoC : un modèle vers lequel la centrale basée à Arras, dans le Pas-de-Calais, oriente son réseau depuis quelque temps. « Chez nos concessionnaires ciblant majoritairement les professionnels – notamment les cémistes et maçons – [soit 20% du réseau Caséo] et ceux qui adoptent notre modèle mixte [60 % du parc], de l’ordre de 70% du CA vers les professionnels a réussi à être préservé depuis que l’activité s’effectue en mode dégradé », calcule le dirigeant. À l’opposé, les showrooms axés uniquement vers le BtoC et qui ont dû fermer, ont forcément connu « un net coup d’arrêt des commandes : de l’ordre de -80 % en volume ».

* À ce jour, plusieurs nouveaux contrats sont en cours de signature.

EN PHOTO • Jean-Marc Meyniel, le dirigeant de la centrale Caséo Maison.

Lettre ouverte à Matignon

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S’il salue l’initiative lancée très tôt par la FNBM, mais aussi les consignes coordonnées par le SNFA et l’UFME auprès de l’amont du secteur, il a lui aussi, à sa façon, poussé un “coup de gueule”. « J’avais conscience que je jetais sans doute une bouteille à la mer ! Mais j’ai aussi une conviction. Tant que l’accueil des particuliers reste interdit dans nos showrooms, les ventes de menuiseries aux particuliers seront proches de zéro ; et les industriels auront beau avoir repris leur production, le risque est qu’ils ne reçoivent pas de nouvelles commandes. Nous ne faisons pas du mass-market comme en GSB par exemple. Nos salles d’exposition pouvaient tout à fait accueillir en sécurité le public en respectant les gestes barrières, comme ont pu le faire certains autres métiers. Et la vente de menuiseries est aussi un maillon essentiel de l’efficacité énergétique, notamment, dont la période que nous traversons ne doit pas faire oublier l’importance… », confie le dirigeant. Sur les réseaux sociaux, sa lettre ouverte au gouvernement – dont copie avait été transmise à l’UFME – a fait le buzz au sein de la filière Menuiserie. Avec de nombreux commentaires émanant d’industriels et d’entreprises de pose. Pêle-mêle : « À croire que nos gouvernants ne maîtrisent pas l’importance du cycle de vente dans l’entreprise », « Il existe une inertie pour faire redécoller les ventes » pour les uns ; « Il serait contre-productif de remettre en fonctionnement nos industries en les coupant de leurs carnets de commandes futurs » ou encore « 100 % derrière ta démarche Jean-Marc » pour d’autres. Réponse du cabinet du Premier ministre envoyée par mail le 15 avril ? Un courrier-type rappelle, entre autres, « des précisions et un renforcement des mesures de confinement ». De guerre lasse…

Points bloquants et période de latence

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Alors qu’il ne reste plus que trois semaines avant l’amorce d’un déconfinement, a priori, progressif, la direction de Caséo s’interroge sur les conditions de reprise. « Depuis début 2020, l’enseigne affichait une très belle performance commerciale (à +14 % en valeur). Nous avions donc un stock-tampon de commandes passées avant le 17 mars. Aujourd’hui, nos carnets de commandes seront sans doute épuisés d’ici à deux semaines environ », estime Jean-Marc Meyniel dont le réseau réalise 60 % du CA en rénovation. D’autant que, pour l’instant, beaucoup de particuliers restent réticents à accueillir les installateurs pour effectuer les métrés de leurs projets, même en adoptant les gestes barrières. À cet égard, Caséo a passé commande de 16 500 masques (FPP2, chirurgicaux, alternatifs) pour les adhérents et leurs équipes. Un volume qui devrait leur permettre de tenir... un mois tout au plus. Alors à quand un début de reprise ? La question obsède toutes les filières, d’autant que la cellule de crise de la commission des affaires économiques du Sénat a listé les principaux « points bloquants » affectant la filière du BTP entre autres dans son compte-rendu du 10 avril (cf. pages 4 et 8-10 notamment).

EN PHOTO • Extrait du compte-rendu de la commission des affaires économiques du Sénat publié le 10 avril 2020.

Préserver les trésoreries

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Dès l’annonce des mesures gouvernementales d’aides et de soutien, la centrale Caséo a « encouragé » tous les franchisés à faire notamment une demande de prêt garanti par l’État (PGE*). « Quel que soit leur niveau de trésorerie, précise Jean-Marc Meyniel. Moins de 10% d’entre eux n’ont pas encore reçu de réponse favorable. On étudiera avec eux ce que l’on peut faire. De toute façon, nous réalisons depuis quatre ans un examen annuel détaillé, mais anonyme, de tous les bilans pour chacun des 45 adhérents en fonction de leur profil. Le cas échéant, nous saurons précisément quand et où pourraient arriver les difficultés. » Selon le dirigeant, « notre centrale est saine sur le plan financier. Les 4 actionnaires fondateurs et moi-même avons capitalisé la structure pour être potentiellement en mesure d’accompagner les adhérents qui en auraient besoin ». En attendant, Caséo a anticipé d’éventuels problèmes de trésorerie. 50 % des BFA (remises de fin d’année) qui devaient initialement être versés mi-juin, l’ont été le 21 mars dernier. Quant au solde, il pourrait être versé avant le 15 juin. Enfin cette crise sanitaire incite le groupement à revoir son organisation. Du moins en partie. Afin de le « rendre plus efficace », l’extranet va être refondu et sera « une véritable “boîte à outils” pour les adhérents ». Quant au digital orienté clients, un configurateur de chiffrage est en projet pour l’offre Menuiserie. Captant environ 5 % des ventes de Caséo, l’univers de la cuisine dispose, lui, depuis deux ans de son e-configurateur. Reste à savoir si, à partir du 11 mai, le “dégel” sera déjà dans la tête des clients finaux. Stéphane Vigliandi

* Pour rembourser sur 5 ans un PGE au taux maximal autorisé (à hauteur de 25 % du CA annuel), il faudra dégager 5 % de résultat supplémentaire par an.

Stéphane Vigliandi
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