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Lalliard « plus agile » face à la crise… sanitaire

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Mi-mars, le multispécialiste bois et dérivés rhônalpin a mis en service son pôle de transformation Panneaux entièrement redimensionné. Automatisés à 100 %, des équipements numériques doivent lui assurer une plus grande réactivité sur les délais de livraison. Stratégique à l’heure où les chantiers ont commencé à se déconfiner !

Jeudi 30 avril 2020. Dans l’Hexagone, le retour sur les chantiers se poursuit à pas comptés, tandis que la filière Bois-Forêt continue de rebondir. En quinze jours, les négoces ont nettement rattrapé leur retard sur les acteurs amont du marché. Ce même jour, le groupe familial Lalliard met en ligne une vidéo sur sa chaîne Youtube et invite à découvrir l’installation de son nouveau stockeur automatisé. Dans ce time-laps d’un peu plus de deux minutes, son atelier de transformation Panneaux bascule, sans transition, à l’heure de l’entrepôt 4.0. Un nouvel équipement mis en service alors que la France et le BTP vivent sous cloche. En fait, il s’agit d’« un investissement de long terme programmé depuis deux ans », indique Cédric Lalliard, le directeur général du groupe éponyme. Le dispositif complet, lui, a été mis en service… « quelques jours avant » que ne soit décrété l’état d’urgence sanitaire, le 23 mars dernier. Juste à temps pour continuer à alimenter les carnets de commandes passées avant le 17 mars ! En amont, l’adhérent savoyard et ex-président de Nebopan (2015-2017) aura dû attendre une bonne année avant de pouvoir réceptionner toutes les machines et finaliser les travaux d’extension de son atelier de transformation – passé d'environ 1 200 m² à plus de 2 500 m². Il aura fallu « la mobilisation d’une quinzaine d’entreprises […] pour concevoir et installer au cœur de notre centre de production un outil de stockage et de manutention automatisé », précise d’ailleurs le groupe indépendant sur ses profils sociaux. L’équipement, lui, se présente comme étant « unique en France ».

EN PHOTO • Tout en redimensionnant son outil de transformation des panneaux, Cédric Lalliard, DG du groupe basé en Haute-Savoie, a recruté six salariés supplémentaires. Polyvalents, les onze opérateurs travaillent en 2-8. « Des embauches toutes programmées depuis plusieurs mois », précise-t-il.

Sous-traitance et grandes séries

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Dans ce bâtiment désormais tempéré (entre 15°C et 20°C), les panneaux sont acheminés automatiquement vers le stockeur pour être entreposés à plat. « Le dispositif garantit une qualité de stockage optimisée pour les produits non transformés. Et pour amener les panneaux vers la nouvelle scie à plat numérique, là aussi, l’étape manuportée a été supprimée. Les produits sont déplacés via un système de ventouses qui supprime tout risque de micro-rayures. C’est un réel “plus” en termes de prestation pour nos clients », détaille le dirigeant. Avec, aujourd'hui, 6 500 panneaux dans le stockeur en plus du stock normal, le centre de production continue d’assurer des livraisons à J-0 et J+1 pour le tout-venant auprès des menuisiers, agenceurs et façadiers bois notamment. Et dorénavant, il propose du J+3 ou J+4 pour traiter des commandes complètes de produits transformés. Grâce à cet investissement industriel, le distributeur s’estime aussi en capacité de répondre plus rapidement aux marchés de sous-traitance : une diversification qu’il avait amorcée il y a quelques années.

EN PHOTO • En doublant sa surface couverte portée à environ 2 500 m², l’atelier de transformation dispose maintenant d'un stockeur automatisé de 6 500 panneaux en complément du stock habituel.

« Se réinventer chaque jour » face au Covid-19

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Avec ses six agences qui génèrent environ 90 % de chiffre d’affaires via le livré, Cédric Lalliard estime que l’entreprise était « déjà bien paramétrée » pour aborder les effets pervers du confinement. En accord avec le CSE, le groupe ferme, lui aussi, le 17 mars ses points de vente. Le 24 mars, l’activité reprend en n’assurant plus qu’un service minimum : les livraisons aux professionnels « dans le plus strict respect des gestes barrières » avec une flotte de 35 camions. Ce choix « stratégique », le groupe le revendique « sans que les habitudes des clients en compte en soient affectées ». Évoquant l’installation d’une gouvernance de crise, le dirigeant souligne que « pour rassurer les équipes internes volontaires, nous avons choisi de ne laisser entrer personne dans le périmètre des agences. Courant 2020, il était prévu de créer la fonction de Responsable Sécurité. Avec la pandémie, le poste a dû être activé un peu plus tôt ».

Depuis huit semaines, lors de visioconférences hebdomadaires, c'est lui qui valide et actualise les protocoles de sécurité avec le CSE et les six chefs d’agences – quatre sites disposant d'un format plateforme (environ 7000 références). « Après la sidération des premiers jours, il a fallu vivre au jour le jour, faire des points réguliers avec notre centrale CMEM et Nebopan sur les best practices, le suivi des approvisionnements. C’était aussi une respiration utile pour combattre les éventuels effets liés à la “solitude” du chef d’entreprise ! », confie Cédric Lalliard. Face à ce que les généraux de l’Armée appelle le “brouillard de guerre”, « nous avons tous dû nous armer de bon sens pour être très vite réactifs et nous réinventer, en quelque sorte, tous les jours dans nos métiers », admet-il. Si le drive-in BtoB n’a été déployé que le 10 avril, le distributeur le généralise dès ce lundi 11 mai auprès des particuliers, tout comme les livraisons. À chaque fois, la précommande reste de rigueur ; notamment via l’espace en ligne MyLalliard. Et tout le “kit anti-Covid” (gestes barrières, marquage au sol, plots, distributeurs de gel hydroalcoolique…) est déployé pour pouvoir gérer les flux de clients dans les zones LS et les showrooms. Quant aux enlèvements traditionnels au comptoir, ils restent toujours exclus pour l'instant.

Si beaucoup d’acteurs du négoce bois et matériaux estiment qu’aujourd’hui la perte d’activité est de l’ordre de -20 à -40 %, voire -50 %, Cédric Lalliard demeure optimiste en évoquant le "coup de fouet" que cet épisode sanitaire a porté à la digitalisation raisonnée des parcours clients. Sur les sites Lalliard et CiCA, le trafic et les volumes de commandes on-line auraient déjà doublé depuis fin mars. Plutôt une belle performance pour la PME régionale qui doit fêter son centenaire en 2021. Stéphane Vigliandi

EN PHOTO • Au début du confinement, sur les 370 salariés du groupe, 60 % de volontaires ont assuré l’activité en mode dégradé. Ce 11 mai, 85 % des effectifs sont opérationnels pour aborder la réouverture complète des agences. Outre les consignes pour les retraits en drive, l’accès des clients aux LS et showrooms est conditionné au port du masque de protection. Pour se désinfecter les mains, du gel hydroalcoolique est à leur disposition.

Stéphane Vigliandi
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