Le fabuleux destin du plombier à vélo : Ze Plombier, toujours le premier !

Pour nous raconter cette histoire, nous avons rencontré Sonia Boury, à l’origine de Ze Plombier avec son compagnon Pierre-Olivier.

Sonia, pour commencer, voici une comparaison amusante. En France, on a transporté des chauffe-eau à vélo au domicile des particuliers avant de livrer des plats cuisinés ! En effet, ce n’est qu’en 2015 que l’entreprise américaine Uber Eats a été fondée à San Francisco.

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«  Oui, l’aventure a commencé en octobre 2010. Pierre-Olivier avait alors 21 ans.

À 18 ans, alors qu’il était dans une école compagnonnique, il décide brusquement d’interrompre son tour de France… par amour. Il venait de me rencontrer. Trois ans plus tard, 2 CAP et 1 BP en poche, il avait envie monter son entreprise, mais il ne savait pas trop comment.

Au même moment en France, il n’y avait plus d’essence dans les stations-service en raison du blocage des raffineries ! Quand un beau matin d’automne, le téléphone sonne. C’est un ami, il a besoin d’une intervention en urgence pour un robinet qui fuit chez lui. Mais, évidemment, pas question de prendre la voiture. Pierre-Olivier prend alors son vélo avec sa marmotte de plombier sur l’épaule.

L’idée était née !

On se met à la recherche d’un triporteur et on trouve une entreprise nantaise qui va nous fabriquer un vélo sur-mesure. On attire rapidement l’attention de particuliers, mais aussi de la presse qui nous consacre plusieurs papiers et on remporte en plus quelques concours. »

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Mais c’était un cycliste aguerri ?

« On avait l’habitude pour sortir en centre-ville et aller chez des amis. Avant de se lancer à son compte, pour aller travailler sur des chantiers, il y allait déjà à vélo. »

Est-ce que vous pouvez tout faire avec vos vélos ?

« On ne fait pas tout avec nos vélos, mais on fait tout avec des vélos ! Par exemple, pour évacuer les déchets de chantier, on fait appel à une autre entreprise. »

Et pour transporter un nouveau chauffe-eau chez le client, c’est facile ?

« Oui, entre le premier vélo qu’on a eu et les dernières évolutions, c’est le jour et la nuit. Ils sont plus légers, plus faciles à manier, avec des batteries qui durent plus longtemps et avec des poids de charge plus importants. On a une véritable flotte avec notamment trois vélos sur lesquelles, on peut atteler une remorque. On peut y charger un chauffe-eau de 300 litres, une chaudière ou même une baignoire. Quand ce n’est pas possible, comme pour les parois de douche, on fait appel à Green Course, l’entreprise qui s’occupe d’évacuer nos déchets de chantiers. »

S’il manque une pièce sur un chantier, comment fait le plombier ?

« Je vois où la pièce est disponible et j’appelle une autre entreprise de coursiers à Nantes, Bici Courrier. C’est très rapide et l’ouvrier n’a pas à se déplacer lui-même et donc interrompre son chantier. En plus, on utilise une monnaie locale pour régler les courses : Moneko ! »

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Vous pouvez aller chez Bricoman aussi, il y a un magasin tout près de chez vous.

« Absolument, on y va surtout pour l’outillage. Comme tous nos postes à souder. Qualité et prix sont toujours au rendez-vous. »

Si vous étiez un outil indispensable, vous seriez lequel ?

« C’est la question qu’on pose à chaque fois quand on fait un recrutement (ndlr : nous aussi à tous les artisans qu’on interviewe !). La réponse que l’on attend, c’est la pince multiprise, car elle sert tout le temps et à tout ! Notre marque préférée, c’est Knipex. »

Comment a évolué la société ?

« Quand j’ai rejoint la société, j’ai tout mis en place pour faire vivre à nos clients la meilleure expérience possible.

C’est aussi important que le travail du technicien sur place.

Cela nous a permis de fidéliser notre clientèle. Le client est content quand on intervient chez lui pour une réparation, mais entre sa demande, la fin du chantier, les SAV, tout doit se passer simplement et sans aucune complication pour lui. C’est la partie immergée de l’iceberg, mais elle est fondamentale. »

Aujourd’hui, il y a combien d’employés chez Ze Plombier ?

« Il y a 8 plombiers avec les apprentis, 3 personnes qui travaillent au service client et une autre qui s’occupe de la partie administrative. »

Chaque plombier fait combien d’interventions par jour ?

« Chaque plombier fait en moyenne 6 interventions par jour. »

Et combien de kilomètres à vélo ?

« 17 km par jour, ça fait environ 4 000 km par an ! »

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Quelle est la réaction des passants qui voient vos vélos dans les rues de Nantes ?

« Nos clients aiment nous dire qu’ils ont vu un de nos plombiers se balader du côté de chez eux. C’est amusant, car quand c’est un plombier en camionnette, il est coutume de dire qu’il travaille ou se déplace. Nous, on se balade, c’est plutôt sympathique.

On a aussi des collègues qui nous taquinent. Un jour, le plombier d’une autre entreprise a dit à l’un de nos plombiers : « Alors comme ça, tu fais des bricoles dans ta carriole ?  Et le chauffe-eau, tu le mets où ? Etc. » Et il lui a répondu : « Tu connais la différence entre vous et nous ? Nous, on est organisé, bonne journée. »

Ce n’est pas anodin comme réponse. Car le plombier en camion transporte son stock, le plombier à vélo transporte la marchandise dont il a besoin pour cette intervention.

Une autre anecdote. Dernièrement, un gamin de 5 ans interpelle son père en lui criant : « Regarde papa, c’est Ze plombier ». En souriant, il lui explique que ce n’est pas parce que c’est quelqu’un à vélo que c’est forcément Ze Plombier. Il se trouve que c’est le gamin qui avait raison, car notre plombier était sur un de nos nouveaux vélos qui n’avaient pas encore été floqués ! 

Il faut croire qu’on n’a même plus besoin de mettre la marque sur nos vélos. »

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Et la réaction des clients quand vous intervenez chez eux ?

« Parfois dans l’imaginaire collectif, les clients pensent qu’on ne fait que du dépannage. Il n’est pas rare qu’on intervienne chez un client pour l’entretien d’une chaudière et qu’on s’aperçoive qu’il ait rénové sa salle de bains ou changé sa douche. On leur demande pourquoi ils n’ont pas fait appel à nous et ils nous répondent : « ah bon, vous faites ça aussi ? » Comme si on remettait en question notre savoir-faire en raison de notre moyen de locomotion ! 

Sinon, cela nous permet de briser la glace immédiatement avec le client. Ils posent des questions sur le vélo et parfois, ils s’identifient à nous, car ils font du vélo et font attention à leur impact sur l’environnement. 

Une personne qui choisit une énergie verte est orientée à choisir un plombier à vélo. C’est une continuité, c’est cohérent.

Dernièrement, une cliente m’a appelé pour me parler de son enchantement. Elle me racontait que nos plombiers travaillaient dans la bonne humeur, en sifflotant et heureux de faire ce qu’ils font alors que les autres artisans qui intervenaient sur son chantier ne faisaient que de se plaindre de leur patron et de leurs conditions de travail. 

Elle m’a félicité et remercié. »

Beaucoup d’entreprises dans le bâtiment ont du mal à recruter. Comment ressentez-vous cela et comment faites-vous ?

« Il y a une réelle désaffection des jeunes vers les métiers du bâtiment. La plomberie n’est pas épargnée. La reconversion professionnelle de personnes qui ont même un bac +5 nous apporte un nouveau souffle. Ils sont matures, ils apprennent très vite et ils sont passionnés. Ce sont des gens qu’on aime bien et qu’on recherche.

Franck, par exemple, a fait HEC, Romain a fait une école d’ingénieur, Jean-François était manager dans la grande distribution en Angleterre. »

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Sonia, vous êtes à la tête d’une entreprise dans le bâtiment. C’est encore trop rare dans ce secteur. Qu’en pensez-vous ?

«  Dans notre présentation sur Google, j’ai mis que « cette entreprise est tenue par une femme ! »

On n’est pas nombreuses, mais on doit se montrer. J’œuvre pour la mixité et la féminisation du métier. Le vélo d’ailleurs, donne l’impression que c’est moins pénible, car on n’est pas obligé d’être au volant d’un gros camion.

Tout le bâtiment a fait des efforts sur la pénibilité au travail. Pourtant, de nombreuses femmes ont encore des craintes et pensent que ce sont des métiers trop durs. Avec les électroportatifs, les avancées technologiques sur les outils et les matériaux, ça devient possible pour les femmes d’accéder aux métiers du bâtiment.

Par comparaison, des métiers réputés plus féminins comme les aides-soignantes ou qui font du service à la personne dans les EHPAD sont bien plus contraignants que dans le bâtiment. Elles doivent soutenir ou relever des personnes de plus de 80 kg dans des conditions de travail très difficiles, aussi bien le jour que la nuit, sans compter la fatigue et l’aspect psychologique.

Je ne demande pas autant d’efforts physiques et psychologiques à une plombière dans mon entreprise. Un chauffe-eau, on le porte à deux systématiquement. On chouchoute tout le monde, car on veut qu’ils fassent attention à leur dos.

On vient aussi de prendre Éva en apprentissage sanitaire. Elle a 16 ans. C’est la seule fille dans sa classe et elle est chez nous.  »

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Vous avez été doublement récompensés aux Ze Awards du bâtiment par les prix « Stratégie digitale » et « Démarche RSE », quelle a été votre réaction ?

« Cela nous a fait chaud au cœur et nous donne envie de continuer dans la même direction. »

Des récompenses amplement méritées pour ceux qui ont été les premiers et qui continuent de faire évoluer leur activité vers plus d’écoresponsabilité, proposant toujours et encore une meilleure expérience client, plus de reconversions, plus de mixité et de féminisation.

D’ailleurs, Ze Plombier est un véritable modèle pour les entreprises du bâtiment. Aujourd’hui, on dénombre en France plus de 30 entreprises à vélo dans le bâtiment.

Sans oublier que tout a commencé par un geste d’amour.

Le destin est Ze Plombier est vraiment fabuleux.

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Vous pouvez retrouver Ze Plombier dans « Les Magnifiques »