Le meilleur média pour un artisan ? La vidéo ! Avec le 7ème Artisan, c’est comme au cinéma
Cédric Prats, alias le 7ème Artisan, est un réalisateur d’un nouveau genre. Il tourne des vidéos pour des artisans du BTP. Son but ? Mettre en avant ces métiers qui requièrent une grande maîtrise technique bien sûr, mais aussi de la passion, de l’humain et de l’émotion. Quoi de mieux qu’une vidéo pour retranscrire tout cela ? Avec le 7ème Artisan, c’est comme au cinéma.
On lui a lancé un défi. Répondre à nos questions en ne citant que des exemples, des témoignages, des comparaisons ou des histoires. Et en les illustrant bien sûr avec ses vidéos.
Bonjour Cédric, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Cédric, 38 ans. Je suis originaire de Pamiers en Ariège (au sud de Toulouse). J’ai créé le 7ème Artisan voilà un an pour mettre en avant des métiers trop peu connus et reconnus, ceux du BTP.
Est-ce que c’est facile pour toi d’aller voir les artisans et de leur proposer de tourner une vidéo ? Est-ce que cette histoire qu’il faut communiquer sur le web et les réseaux sociaux ne les fatigue pas trop et qu’ils préféreraient se consacrer à 100 ...
Tu mets le doigt sur l’un des points les plus compliqués de mon rôle.
Aller voir les artisans pour leur proposer une vidéo est facile. Les convaincre en revanche est une tâche ardue. Si quelqu’un a des conseils pour m’aider, je suis preneur (rires).
Comme tu dis, cette histoire de communiquer sur le web et les réseaux sociaux les fatigue. Il faut dire qu’ils sont sans cesse harcelés par des démarcheurs.
Lorsque je les contacte, j’ai cette image de énième entreprise qui essaie de leur soutirer de l’argent. Et je le vois quand je suis sur un chantier avec eux, leur téléphone ne fait que sonner.
Créer de l’émotion grâce à la vidéo
Leur métier est concret, ils savent de suite ce que va leur apporter un chantier, un investissement dans du matériel, le recrutement d’un salarié.
En revanche, il semble abstrait de payer plusieurs centaines d’euros par mois pour la digitalisation de son entreprise et en estimer de potentiels retours.
J’ai rencontré un artisan à son compte qui paye 400€ / mois pour la maintenance de son site internet. C’est un réel gouffre financier et les retours sont maigres. Le contrat est signé pour 3 ans, c’est clairement une arnaque. Donc, comment faire de nouveau confiance à tous ces acteurs de la digitalisation ?
Heureusement, je constate qu’après avoir fait des vidéos avec moi, quelques artisans ont repris goût à la digitalisation et partagent davantage de photos de chantier.
Lorsque l’on se prend au jeu des réseaux sociaux, c’est réellement gratifiant de savoir que des personnes aiment vos photos, vos vidéos et prennent le temps d’admirer votre travail.
La réussite est là, créer de l’émotion autour de son activité.
Recruter grâce à la vidéo
Les avantages à réaliser une vidéo sont nombreux. Surtout qu’une présentation vidéo de votre entreprise restera disponible aussi longtemps que le net existe. Pour les 3 principaux avantages, je dirais :
- Gagner de nouveaux contrats
Elle peut permettre de mettre en avant la spécialité d’un artisan, ses moyens, sa technique, ses compétences, le souci des détails, son équipement … Tout ce qui peut finir de convaincre un client sceptique.
À sa sortie, une vidéo du 7ème artisan génère 2 devis signés en moyenne. - Recruter du personnel
C’est un point qui est vraiment délicat dans ma région. Je ne sais pas comment on en est arrivé là, mais les métiers du BTP n’attirent plus. Mettre en avant l’ambiance de son entreprise par le biais d’une vidéo peut permettre d’attirer des jeunes, de créer des vocations.
Il faut dépoussiérer les clichés. La vidéo est vraiment le meilleur média pour cela. - Partager son quotidien avec son entourage
Quelle satisfaction de pouvoir montrer à son conjoint, ses enfants et sa famille de quoi est fait notre quotidien. Surtout lorsque l’on est artisan, ce sont des métiers visuels et pouvoir poser des images sur nos mots, il n’y a rien de plus gratifiant.
Un artisan m’a raconté l’émerveillement de ses enfants lorsqu’ils l’ont vu à l’œuvre.
Personnellement, c’est ce qui me touche. Mettre l’homme en avant, oublier la technique. Rassembler une communauté autour d’un groupe de personnes qui aiment leur métier.
La vidéo, ce n’est pas tout, il faut ensuite la partager sur les réseaux sociaux. Si tu devais ne donner qu’un seul conseil aux artisans pour diffuser efficacement leurs vidéos sur les réseaux sociaux, quel serait-il ?
Avec le 7ème Atisan, je m’occupe de diffuser la vidéo sur les réseaux sociaux pour mes artisans. Comme ça, ils n’ont plus qu’à partager. Pas besoin de connaître les codes pour jouer avec les algorithmes. Le but est tout de même d’en profiter pour gagner des chantiers, donc une communication efficace est nécessaire pour y parvenir.
Si je devais donner 1 seul conseil par réseau ce serait :
Les vidéos d’artisans du BTP n’y sont pas courantes alors que les fournisseurs et les fabricants y sont bien présents.
Si un artisan débute sur ce réseau, il faut susciter l’intérêt de marques, distributeurs, fournisseurs, qui pourront relayer la vidéo en montrant leurs produits, en les citant en commentaires. Cela permettra d’atteindre leur communauté et maximiser le nombre de vues.
L’exemple le plus parlant est la vidéo de l’entreprise Dreux. La charpente ayant été fabriquée par Chausson Matériaux, j’en ai profité pour les taguer. Cela a généré de nombreuses vues supplémentaires.
Pour Facebook, chaque artisan a sa famille, ses proches, des contacts locaux dans son réseau. Il faut donc mettre en avant le travail réalisé localement, les lieux des chantiers, les clients chez qui ils sont intervenus. Cela fera réagir la communauté locale qui sera fière de mettre en avant ce travail.
C’est ce que nous avons réalisé avec Les Couvreurs Occitans, la mise en avant d’un chantier local.
Et tu privilégies plutôt Instagram ou Tik Tok ?
Instagram, c’est ma bête noire (grimace). Le mieux est de publier régulièrement des vidéos en stories pour être visible, presque tous les jours pour ainsi dire.
J’ai créé un compte Tik Tok pour faire un essai et publier une vidéo sans aucun contact, j’ai quand même fait 900 vues, 10 fois plus que sur Instagram. Il y a sûrement un filon sur ce réseau, mais ce qui me dérange est que les vidéos sont limitées à 1 minute.
La vidéo ? Du cinéma pour les artisans !
On te connaît sous le nom du 7eme Artisan, pourquoi as-tu choisi ce nom ?
Le projet du 7ème Artisan est né plusieurs mois avant de voir le jour, mais il me manquait le nom. Je voulais associer la vidéo avec l’artisanat, et ce nom s’est imposé comme une révélation. Bien que très simple, il évoque beaucoup de choses pour moi.
Le 7ème Artisan provient du monde du cinéma, qui se fait aussi appeler « le 7ème Art ». Le cinéma, c’est l’art de faire passer des émotions par l’image, c’est ce que je voulais faire avec les artisans que je rencontre.
Qu’est-ce que le 7eme artisan peut apporter aux artisans ? Pourrais-tu donner des réponses différentes en citant 3 catégories d’artisans du BTP ?
Chaque vidéo du 7ème Artisan est un cocktail de tout ce que peut représenter un artisan condensé en 4 minutes :
- De l’humain et du dialogue (entre collaborateurs ou avec le client)
- De la passion
- Du professionnalisme
- De la technique
- De la maîtrise
Voici quelques exemples :
Je dirais que l’humain et le dialogue je l’ai trouvé avec l’entreprise de TP Latré Frères . Il a fallu refaire une route dans une zone industrielle sous la chaleur de l’été, la température élevée d’un enrobé à 180°C, et une odeur encombrante d’émanations du bitume.
Ils étaient tous souriants, organisés malgré la pression du ballet d’engins de chantiers qu’il fallait déployer pour éviter de commettre une erreur qui pourrait coûter cher à l’entreprise.
Pour la passion, je cite sans hésitation Marwin de l’entreprise Dreux lors de la réalisation d’une charpente. Son jeune âge est inversement proportionnel à son engouement pour son métier de charpentier.
Il m’a raconté son aventure pour l’émission tous ensemble de TF1 et le bonheur d’avoir pu aider une famille en détresse. Pour moi, c’est un des plus beaux exemples, mettre ses compétences au service de personnes dans le besoin.
Le Professionnalisme, je l’ai rencontré la première fois avec David Gilabert , peintre.
Il a vraiment pris soin de chaque détail de son chantier. Et c’est lorsque nous sommes revenus dans son atelier que j’ai compris qu’il était exceptionnel.
David a investi plusieurs milliers d’euros dans une machine qui traite tous les résidus de peintures, que ce soit dans les pinceaux ou les rouleaux. Elle solidifie la peinture, il la stocke pour l’emmener à la déchetterie. Il ne déverse rien dans les réseaux publics.
Eldotravo : le Trip Advisor du BTP
Dans mes articles, je donne des conseils aux artisans pour communiquer sur les Réseaux Sociaux, l’un d’entre eux est « si vous voulez qu’on s’intéresse à vous alors, intéressez-vous d’abord aux autres ». Ici et maintenant, c’est à l’initiative de Brico...
La personne qui est la plus proche de mes convictions et qui mérite d’être mise en avant est Jean-Bernard Melet, le co-fondateur de Eldotravo .
Suite à des déconvenues lors de la rénovation de son appartement, il a décidé, avec son frère de créer Eldotravo.
Ainsi est né le Trip Advisor du BTP.
Si j’ose dire, leur site est une représentation digitale d’abnégation. Ils ont réussi à s’effacer pour créer un équilibre entre clients et artisans, pour que tout le monde trouve son compte dans l’une des démarches les plus altruistes du net.
Malgré un planning très chargé, Jean-Bernard m’a offert toutes ses connaissances, a répondu à chacun de mes appels pour m’aider à développer le 7ème Artisan.
Je le considère un peu comme un mentor. Je n’en serais pas là, aujourd’hui, sans lui.
Dernière question : si tu étais un outil du bâtiment appliqué à la stratégie digitale, tu serais ?
Mais d’où te viennent ces superbes questions ? J’adore !
Si je devais être un outil du bâtiment appliqué à la stratégie digitale, je serais un étai 3éme main .
Je ne me considère pas comme un élément vital de l’outillage de l’artisan.
Mais pour l’artisan qui est seul qui aurait besoin d’une main supplémentaire dans une situation compliquée, je suis là.
Prenons l’exemple du plaquiste qui ne peut pas utiliser son lève-plaque dans une cage d’escalier. Il ne peut pas tenir et visser la plaque en même temps.
Eh bien le 7éme artisan, c’est un peu ça ! si vous ne parvenez pas à faire des chantiers, de la vidéo et du montage en même temps, je suis là.
Dans les deux situations, des artisans y parviennent très bien tout seuls en prenant le temps sur d’autres tâches.
Je suis juste là pour faciliter leur quotidien et leur offrir une bouffée d’oxygène.
Merci Cédric.
L’histoire ne s’arrête pas là. Cédric Prats, alias le 7ème Artisan, vous donne rendez-vous pour une nouvelle séance très bientôt ici sur la page Zepros de Bricoman. Quel sera son rôle ? Comme vous l'aurez déviné, il sera toujours derrière et parfois devant sa caméra.