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Lorillard espère une reprise plus tranchée d’ici mi-juin

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Bâti] À nouveau sur les rails depuis début avril, le fabricant de menuiseries multi-matériaux affiche actuellement des niveaux d’activité d’environ 30 % à 75 % selon la typologie de produits. Si la productivité n’est, a priori, pas affectée pour l’instant, le groupe estime que son chiffre d’affaires pourrait chuter d’environ 20 % à 25 % sur 2020.

Entre les 6 et 27 avril, l’ensemble de la filière Menuiserie & Fermeture a rappuyé sur “Reset”. Avec, malgré tout, de nombreuses interrogations sur l’exercice 2020… Sur l’ensemble des six usines* du Groupe Lorillard, environ 45 % des effectifs en production ont repris le travail. « Cette reprise s’est effectuée par paliers successifs et selon le matériau traité dans chaque atelier. Depuis fin avril, toutes nos lignes de production sont à nouveau opérationnelles avec, toutefois, des situations disparates selon les sites. Nous avons mis en place une politique de redémarrage en fonction des matériaux traités (bois, aluminium et PVC) », souligne Hubert Marti (en photo), le directeur industriel de l’ETI (environ 1 050 salariés pour 180 M€ de CA en 2019).

À Chartres où se situe le siège du groupe et son usine historique, les ateliers dédiés aux solutions bois affichent actuellement des seuils de production de l’ordre de 60-75 %. Un niveau jugé « plutôt “haut” à la suite de l’épisode du confinement », selon le manager. Sur les lignes consacrées aux menuiseries alu, l’activité est à environ 50 % par rapport à la normale ; de 35 à 40 % pour le PVC. Mais avant de remettre les six sites en ordre de marche, toute une ingénierie a dû être déployée. À la clé : redistribution des compétences selon les postes de travail dans les ateliers et adaptation des horaires entre autres. Une réorganisation menée de concert avec le CSE, les partenaires sociaux et les responsables de site. En outre, « tous nos carnets de commandes ont été passés en revue pour repositionner l’ensemble de la production en fonction des impératifs de redémarrage d’activité chez nos clients dont certains subissent des retards sur leurs chantiers ; le confinement ayant décalé la fin des lots gros œuvre », explique Hubert Marti. Tout en épurant les commandes passées avant le 17 mars dernier, le fabricant indique désormais pouvoir proposer « des délais de livraison relativement cohérents par rapport à la situation d’avant-Covid » pour les nouvelles commandes fermes.

* Les 6 usines du Groupe Lorillard : Chartres (Lorillard), Bourges (C2F), Le Mans (Bourneuf), Prâlong (Plastibaie), Decazeville (Molenat) et Bayonne (HP Fermetures & Menuiseries).

EN PHOTO • Revendiquant « une trésorerie saine », le groupe dont le capital reste à 75 % entre les mains de la famille fondatrice, de ses managers et des salariés, « ne remet pas en cause le plan stratégique qui court jusqu’en 2023 », selon Hubert Marti, son directeur industriel. Les investissements productifs s’élèvent à 32 M€ sur cinq ans dont 7,5 M€ en 2020.

Référent Covid

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Si les TPE-PME se sont, dans l’ensemble, peu arrêtées depuis le début de la crise sanitaire et ont réussi à adapter leurs plannings (petits chantiers), la situation reste complexe chez une majorité de maîtres d’ouvrage privés, tout comme sur les marchés de la commande publique. Selon le dernier pointage de la FFB, un tiers des chantiers avaient repris fin avril – une estimation proche des chiffres de BTP Consultants (à 36,4 % au 9 mai). Pris entre le marteau et l’enclume (l’urgence de réactiver les chantiers et les difficultés à pouvoir appliquer à la lettre les protocoles de sécurité*), les professionnels du BTP sont aujourd’hui confrontés au refus de certains maîtres d’ouvrage pour rouvrir les chantiers. Des craintes légitimes qui compliquent un peu plus l’organisation des plannings de production chez les industriels. Pour se prémunir contre tout risque de contamination au coronavirus, le Groupe Lorillard, lui, a d’ailleurs instauré la prise de température par les préventeurs sécurité à chaque prise de poste par les salariés. Il s’agit de « sensibiliser aussi nos collaborateurs sur la manière de détecter les risques en s’appuyant sur les recommandations de l’UIMM et de l’OPPBTP », argumente le directeur industriel. Le fabricant s’appuie sur un référent Covid-19. La mission a été confiée à la nouvelle responsable HSE recrutée courant 2019 à la suite de la création de ce poste dans l’entreprise.

* Selon la FFB, 68 % des entreprises n’ayant pas encore repris le travail fin avril mettaient en avant un problème de disponibilité de certains EPI.

EN PHOTO • En appui du CSE et des chefs d’ateliers, la responsable HSE a désormais une mission de référent Covid-19 au sein du groupe.

La question des “surcoûts Covid”

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Pour l’instant, Hubert Marti juge que l’impact du confinement sur les seuils de productivité et de rentabilité serait « encore contenus ». Ses explications ? « D’une part, nous ne sommes pas encore à plein régime sur l’ensemble de nos sites. Le recours à l’intérim [environ 15 % des effectifs en période haute : février-mai] a été momentanément interrompu. Ensuite, l’organisation en 2-8 dans les ateliers bois, par exemple, n’est pas remise en place pour l’instant », confie-t-il. En revanche, la question pourrait devenir plus prégnante « dès que les besoins en production vont remonter ». Un véritable effet ciseau ! Quant aux surcoûts induits par la crise sanitaire, l’industriel n’envisage pas de les répercuter sur ses tarifs. Le choix serait d’ailleurs, sans doute, délicat à mettre en œuvre, notamment, pour l’activité “Grands Chantiers” en raison des faibles marges des entreprises (de 1 à 2 % de taux de marge selon la FFB). D’ailleurs, la FFB, la FNTP et la FPI (promotion immobilière) se sont saisies du dossier auprès des pouvoirs publics en vue d’une répartition des “surcoûts Covid” sur l’ensemble de la chaîne. C’est « un réel enjeu pour toute la filière du Bâtiment », convient Hubert Marti.

Bien que le groupe traite à 80 % avec les marchés de la rénovation, « certains installateurs ont été confrontés durant les deux mois de confinement à des refus de clients pour intervenir sur sites habités (réhabilitation de grosses copropriétés entre autres) malgré l’application des protocoles de sécurité sanitaire et l’absence totale de coactivité, tant pour les travaux de rénovation intérieure qu’en extérieur », rappelle le manager. De là à changer légèrement de braquet pour se diversifier un peu plus sur le segment du neuf ? L’idée n’est, a priori, pas écartée pour essayer de réactiver plus rapidement la machine. Avec, en filigrane, la question d’une possible guerre tarifaire sur un segment du neuf déjà très bataillé… S. V.

EN PHOTO • Sur BFM Business, Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, a indiqué le 12 mai que le gouvernement se fixe « un objectif ambitieux : 100 % des chantiers doivent avoir repris d’ici à la fin mai ». En dépit de l’état d’urgence sanitaire qui court jusqu’au 23 juillet prochain, une ordonnance du 13 mai 2020 fixe la reprise d’activité au… 23 mai. Se pose aussi la question de la répartition des “surcoûts Covid”. Ici, prise de température lors de l’arrivée d’un salarié du groupe Lorillard.

Stéphane Vigliandi
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