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Quelles sont les 5 millions de passoires thermiques françaises ?

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] La France comptait 29 millions de résidences principales en 2018, dont 4,8 millions étaient très énergivores (étiquettes « F » ou « G » du DPE). La répartition spatiale des épaves thermiques et leur typologie revêtent une grande importance pour améliorer le suivi du vaste programme de rénovation énergétique qui prévoit la réalisation de 500 000 chantiers par an. L’étude publiée par le CGDD pourrait également aider les professionnels à mieux définir leur offre.

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La rénovation du parc de logements existants est, en France, un enjeu majeur de l’atteinte des objectifs de réduction de la consommation énergétique et de la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Une bonne connaissance de l’état général de ce stock est donc nécessaire afin de pouvoir estimer les progrès réalisés au fil du temps. Le service des données et études statistiques du Commissariat général au développement durable (CGDD) a donc compilé des données issues de DPE donnant une image de ce qu’était l’habitat français au 1er janvier 2018 – en attendant que le nouveau DPE soit défini et déployé, ce qui permettra d’actualiser cette carte.

Sur les 29 millions de résidences principales, la vaste majorité étaient classées « D » (34 %) ou « E » (24 %), soit des étiquettes énergétiques moyennes allant de 151 à 330 kWh/m².an. Environ 4,8 millions de foyers (17 %) sont situés en-deçà de cette médiocre performance, avec des étiquettes « F » et « G », qui regroupent les fameuses « passoires thermiques » où la consommation peut dépasser les 450 kWh/m².an. À l’opposé du spectre, se trouvent environ 1,9 million de logements performants (6,6 %), dont les consommations seraient particulièrement faibles avec des étiquettes « A » ou « B » (moins de 90 kWh).

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La petite maison individuelle en zone rurale : la cible n° 1

Les logements très énergivores sont plus fréquemment des maisons individuelles (18,4 %) que des appartements en collectif (14,7 %). Et, contre-intuitivement, les plus petites surfaces s’avèrent être les moins économiques : plus du tiers des logements de 30 m² ont des étiquettes « F » ou « G », alors que ce n’est le cas que de 13 % de ceux de plus de 100 m². Concernant la date de construction, l’étude du CGDD révèle : « On constate une évolution générale vers les étiquettes les moins énergivores au fur et à mesure de l’instauration de nouvelles réglementations thermiques de construction des bâtiments ». En d’autres termes : plus une maison est ancienne, plus son bilan énergétique sera mauvais. C’est particulièrement le cas pour les pavillons datant d’avant 1948 et même d’avant 1919.

Géographiquement, les départements ruraux et de moyenne montagne connaissent la plus forte proportion de passoires thermiques. Elle s’élève à 46 % dans le Cantal, et dépasse les 40 % en Nièvre et dans la Creuse. À l’inverse, les départements de la façade méditerranéenne et du sud de la façade atlantique sont particulièrement peu touchés par ce phénomène (seulement 6 % d’épaves thermiques dans les Pyrénées-Atlantiques, les Landes ou en Gironde) en raison « d’un climat plus doux et de besoins réduits de chauffage ».

Le CGDD s’est également intéressé aux consommations selon la typologie des occupants (propriétaires, locataires, niveau de revenus…). Il en ressort que « le parc social est sensiblement moins énergivore que le parc privé ce qui s’explique par la forte prévalence du chauffage collectif au gaz, ainsi que par un effort de rénovation ciblé ». On ne retrouve ainsi que 7 % d’étiquettes rouges dans le social contre près de 19 % dans le privé. « Pour les logements occupés par leur propriétaire, la part d’étiquettes F ou G est bien plus forte pour les maisons (18 %) que pour les appartements (12 %) ». L’impact des revenus reste finalement assez faible sur l’état énergétique des maisons : la proportion d’épaves thermiques passe ainsi de 19 % chez les plus modestes à 15 % pour les plus aisés. Une variabilité mesurée « qui masque toutefois d’importantes disparités selon le statut d’occupation ». Grâce à la performance du parc social, la tranche des revenus les moins élevés améliore son résultat. Mais gare aux foyers modestes qui sont logés dans le parc privé locatif : ils sont les plus susceptibles à sur-consommer (28 %).

G.N.

Grégoire Noble
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