[Réouvertures] Le négoce décoration retrouve (un peu) de couleurs

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Après trois semaines de confinement, les grossistes en finition continuent de servir les entreprises de peinture et soliers en mode dégradé. Mais les enseignes intensifient les réouvertures d’agences depuis le 2 avril. Voici quelques exemples non exhaustifs.

Depuis mi-mars, la France de la décoration semble coupée en deux. D’un côté, une situation assez, voire très tendue dans la capitale et la petite couronne. Les chantiers publics et l’activité des entreprises de plus de 10 brosses se sont mis en stand-by les uns après les autres. En fin de semaine dernière, Jean-Christophe Landuyt, le patron parisien d’Heulin Color (Socoda Décoration), estimait qu’« environ 95 % des chantiers en peinture, ITE et décoration étaient à l’arrêt en région parisienne depuis le 18 mars». À l’opposé, la province semble un peu mieux lotie... pour l'instant. Alors que la 3e semaine de confinement s’achève, la distribution est nettement remontée sur le pont. Selon Philippe Joubeaux, le président de la FND qui représente 1 400 points de vente, c’est un peu “le pot à moitié plein ou à moitié”. « Durant la première semaine de confinement, seuls environ 30 % des points de vente étaient ouverts en mode ”sans contact“. Beaucoup de peintres ne pouvaient plus travailler en intérieur à la demande, très souvent, des maîtres d'ouvrage. Et cela restait compliqué pour les interventions en extérieur, souligne-t-il. En semaine 2, il y a eu des réouvertures au fil de l’eau pour atteindre 70 à 75 % du parc ouvert. Ce vendredi 3 avril, l’estimation tourne aux alentours de 80-85 % des comptoirs avec encore de fortes disparités entre les grandes zones urbaines et les autres territoires. »

EN PHOTO • Philippe Joubeaux, le président de la FND.

« En mode très dégradé » et web only !

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• Chez Zolpan, par exemple, après avoir fermé ses quelque 170 agences et stoppé son service de click & collect dès le 17 mars, la filiale de Cromology a relevé le rideau progressivement et de façon partielle depuis le 2 avril pour ne servir, bien sûr, que les professionnels en compte et uniquement en “Drive Pro Zéro Contact”. Et encore, il ne s’agissait que d’une petite sélection de magasins. Ce vendredi 3 avril, de nouveaux dépôts Zolpan ont encore rouvert. Avec des horaires restreints (8h00-12h00) comme à Bourges (18), Nancy (54), Mulhouse (68), l’une des deux agences de Strasbourg ou encore à Aubagne (13). En revanche, les artisans trouvent portes closes au moins «jusqu’au 2 mai » dans une majorité de sites – à l’image des agences de Meaux (77), Saint-Herblain (44), Colmar (68) et Arcachon (33).

La situation est à peu près similaire chez Tollens. L’enseigne sœur de Zolpan dont les usines ont été à l’arrêt entre le 16 et le 31 mars, réamorce, elle aussi, une activité partielle depuis le 2 avril dans une partie de ses comptoirs sur le modèle “zéro contact”.

Du côté du concurrent PPG Distribution, le mot d’ordre sur les réseaux sociaux était, le 1er avril : « On retourne au boulot préparer et mettre en place les plans de prévention Covid en vue de la reprise d'activité demain ». Au total, 27 agences sur les 170 comptoirs Seigneurie Gauthier ont repris le 2 avril un service sécurisé en drive, dont seulement 3 sites ouverts en région parisienne sur un parc francilien de 18 dépôts. Avec cet avertissement de l’enseigne : « Aucun paiement sur place, web only ! ». Comme partout ailleurs, les commandes s’y effectuent uniquement par téléphone, fax ou mail. En revanche, les livraisons restent assurées actuellement sur toute la France.

• Chez Daw France, son usine située à Bove, dans la Somme, a fait l’objet d’« une suspension temporaire de la ligne de production » dès le 23 mars. En revanche, 80 % de son réseau intégré Caparol Center est resté opérationnel dans le respect des gestes "barrières" ; tout comme 80 % des grossistes indépendants que le fabricant approvisionne.

À Aulnay (93), Alfortville (93) et Nanterre (92), les trois sites du francilien Soldis ont également repris du service le 2 avril après une mise en sommeil dès le 17 mars – là encore avec des horaires restreints et « des livraisons sur site sous certaines conditions ».

20 à 30 % d’activité perdue

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Si tous les comptoirs fonctionnent « en mode très dégradé » (drive ou click & collect dans les casiers de retrait marchandises), « les livraisons directes – lorsqu’elles sont assurées – se heurtent parfois à des difficultés auprès des compagnons en coactivité pour réceptionner les commandes », souligne toutefois Philippe Joubeaux, à la suite de feed-back du terrain. Si la sortie du guide de l’OPPBTP fait, a priori, naître «beaucoup d’espoirs», ce document de 23 pages questionne pourtant nombre de professionnels. « Donnera-t-il satisfaction à la majorité des entreprises qui veulent reprendre une activité ? Les TPE et PME, notamment, pourront-elles vraiment le mettre en application... à la lettre ? », s'interroge le président de la FND.

Autres inquiétudes sur le front des délais de paiement. « Les échéances de mars sont finalement passées plus facilement que nous pouvions le craindre, observe-t-il. La première quinzaine du mois était sur un très bon trend d’activité. Ce qui a permis d’atténuer ensuite les pertes engrangées depuis mi-mars où les grossistes n’alimentaient plus quasiment que les fins de chantiers. » Sa fédération évalue ainsi l’érosion d’activité de l’ordre de 20 à 30 % en moyenne depuis mi-mars par rapport à la normale. Si avec les trois autres fédérations du second œuvre, la FND appelle à un devoir de responsabilité pour « préserver la chaîne des règlements fournisseurs », le mois d'avril risque sans doute d’être plus sombre au niveau des impayés en raison d’« une nette baisse d’activité » qu'anticiperait déjà la distribution BtoB.

Pour Philippe Joubeaux, « l’inertie dans notre filière pourrait alors se prolonger encore quelques semaines... au moins ». Dans ce contexte, la FND doit lancer une enquête d’opinion prochainement auprès de ses 206 sociétés membres pour prendre le pouls de la distribution sur le terrain. Notamment sur le volet de l’assurance-crédit. Les résultats de l'enqête pourraient d’ailleurs être consolidés avec le ressenti des grossistes des autres fédérations du second œuvre (FDME, Fnas et FFQ). S. V.

EN PHOTO • Jusqu'à présent, les niveaux de stock en peinture et revêtements sont jugés plutôt confortables, selon la FND. En revanche, un risque de pénurie pourrait se faire sentir sur certains consommables dans les semaines à venir.

Stéphane Vigliandi
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