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[TOP100] Les enseignes vont-elles retrouver un peu de couleurs ? (Philippe Joubeaux, FND)

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Si le début de l’été 2020 a permis à la distribution spécialisée en finitions et décoration de compenser une partie des pertes engrangées depuis mi-mars, la profession reste toujours très vigilante sur le volet du crédit-client.

Causes différentes, mais mêmes effets ? Après « une année remarquable » en 2019 où l’indice d’activité de la FND (en valeur) a rebondi de +4,1 % dans la foulée d’un exercice 2018 stable (-0,2 %), mais de deux bons précédents crus (+1,3 % en 2016 et +3,2 % en 2017), le chiffre d’affaires de la profession a été plombé par la crise sanitaire. Pourtant, comme dans les quatre autres filières du négoce Bâtiment, l’année en cours avait bien débuté : +6 8 % en janvier suivi d’un tout aussi reluisant mois de février à +6,6 % en données corrigées. Comme il y a plus de dix ans avec la crise des subprimes, les membres de la fédération ont tous vu leurs ventes plonger dans le grand bain du coronavirus… L’indice FND, lui, est clairement sorti du cadre positif : -36,9 % en mars, puis -50,5 % en avril. Avant d’entreprendre une remontée en mai à -4,3 % (0,0 % en mai 2019) ! En publiant le 30 juin dernier cet indicateur, la fédération y voyait bien sûr « un redressement de l’activité » et évoquait « une tendance à la reprise ». N’empêche ! Sur les cinq premiers mois 2020, si l’activité des agences et showrooms « ne perd plus que 17,3 % », le retard sera-t-il “rattrapable” d’ici à Noël ?

Dès le début du confinement, la filière Finitions a semblé coupée en deux. D’un côté, la situation était assez, voire très tendue dans la capitale et sa petite couronne. Les chantiers publics et l’activité des entreprises de plus de 10 brosses se sont mis en stand-by les uns après les autres. Fin mars, Jean-Christophe Landuyt, le patron parisien d’Heulin Color (Socoda Décoration), estimait qu’« environ 95 % des chantiers franciliens en peinture, ITE et décoration étaient à l’arrêt depuis le 18 mars ». Une « terrible » conjoncture pour cet ex-président de la FND qui ouvrait, deux semaines plus tôt, son 8e site régional à la Porte de Clichy, dans le Nord-Ouest de Paris.

EN PHOTOPhilippe Joubeaux, président de la FND. Jusqu’au début de l’été, les niveaux de stock en peinture et revêtements étaient jugés plutôt confortables par les distributeurs. Petit “hic” ? Un possible risque de pénurie pourrait se faire sentir sur certains consommables en raison de goulots d’étranglement côté production.

(Ré)organisation 2.0

À l’opposé, la province a d’emblée été « un peu mieux lotie » en termes d’activité chez les peintres et soliers – des chantiers de rénovation pour l’essentiel. Selon Philippe Joubeaux, le n°1 de la FND, c’est un peu « le pot à moitié plein ou à moitié vide ». « Durant les deux premières semaines de confinement, un tiers des points de vente étaient ouverts en mode “sans contact”. Beaucoup de peintres ne pouvaient plus travailler en intérieur à la demande, très souvent, des maîtres d’ouvrage. Et cela est resté compliqué pour les interventions en extérieur. Début avril, 80 à 85 % des comptoirs fonctionnaient en mode dégradé. Avec, là encore, de fortes disparités entre grands centres urbains et les autres territoires », rappelle le président de la FND. Durant tout le confinement, voire le début du déconfinement, la profession aura fonctionné parfois en mode très dégradé.

Chez Zolpan, après avoir fermé ses 170 agences et stoppé net son service traditionnel de click & collect dès le 17 mars, la filiale intégrée de Cromology a relevé le rideau de façon partielle début avril pour ne servir, bien sûr, que les entreprises en compte et uniquement en “Drive Pro Zéro Contact”. Et encore, il ne s’agissait que d’une petite sélection de magasins souvent ouverts avec des créneaux restreints (8h00-12h00). Il a fallu attendre le 2 mai pour que les portes s’ouvrent dans une majorité de sites. Situation à peu près similaire chez Tollens avec ses comptoirs “zéro contact”.

Là aussi, les usines de production de l’enseigne sœur de Zolpan ont été à l’arrêt quelques semaines. Pour le concurrent PPG Distribution, le mot d’ordre sur les réseaux sociaux était, dès le 1er avril « On retourne au boulot préparer et mettre en place les plans de prévention Covid en vue de la reprise d’activité ». À cette date, seules 27 agences sur les 170 comptoirs Seigneurie Gauthier avaient repris un service sécurisé en drive, dont seulement trois sites ouverts en région parisienne sur un parc francilien de dix-huit dépôts. Si très tôt, le n°1 hexagonal de la profession a repris les livraisons sur toute la France, le distributeur n’a assez longtemps accepté « aucun paiement sur place », lui préférant le « web only ! ».

Crainte d’une inertie ?

Les spécialistes des revêtements, eux non plus, ne sont pas passés à travers les mailles. À Aulnay (93), Alfortville (93) et Nanterre (92), les trois sites du francilien Soldis n’ont repris du service que le 2 avril après une mise en sommeil dès le 17 mars – là encore avec des horaires restreints et « des livraisons sur site sous certaines conditions ». Aujourd’hui, une nouvelle organisation a été mise en place pour l’enlèvement marchandises : l’option Standard (retrait en 15 mn) et le récent service Call & Collect (en 5 mn chrono). Si tous les comptoirs ont repris « un service normal, mais toujours sécurisé », il arrive encore que « les livraisons directes se heurtent parfois à des difficultés auprès des compagnons en coactivité pour réceptionner les commandes malgré les multiples actualisations du guide de l’OPPBTP », tempère Philippe Joubeaux, à la suite de remontées du terrain.

Autre inquiétude sur le front des délais de paiement comme dans les quatre autres filières du négoce Bâtiment. « En fait, les échéances clients de mars à mi-juin sont passées plus facilement que nous pouvions le craindre, observe-t-il. Juin a aussi été sur un très bon trend d’activité : ce qui permet de compenser une partie des pertes engrangées depuis mi-mars où les grossistes n’alimentaient plus quasiment que les fins de chantiers. » Sous l’égide de la CGI, les quatre fédérations de l’Appro Bâtiment dont est membre la FND ont aussi appelé les enseignes à un devoir de responsabilité pour « préserver la chaîne des règlements fournisseurs ». D’ailleurs, le gouvernement a lancé mi-juin un 5e filet de sécurité : CAP Relais. Cet instrument prudentiel devrait, a priori, protéger les entreprises contre les impayés, soutenir la reprise économique, mais aussi – surtout ? – sécuriser les assureurs-crédit jusqu’à fin 2020. Alors que la FND évalue l’érosion d’activité « de -20 à -30% en moyenne depuis mi-mars par rapport à la normale », son président formule un vœu : « J’espère que notre filière ne sera pas frappée, au fil des mois à venir, d’une inertie qui se prolongerait dans un contexte de crise économique globale ». Et là, les souvenirs de la séquence 2008-2013 ne sont plus très loin… Stéphane Vigliandi

FND • Chiffres-clés

Plus de 2,5 Md€ HT/an de CA total revendiqué

• 206 entreprises adhérentes

Environ 1 400 points de vente (indépendants, intégrés ou affiliés)

Plus de 7 000 salariés

Stéphane Vigliandi
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