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« Nous sommes prêts pour la reprise avec nos fournisseurs et nos clients », V. Adam (Swiss Krono)

Grégoire Noble
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[Zepros Bati] Comment le spécialiste de l’OSB fait-il face à la crise du coronavirus ? Stocks, approvisionnement, adaptation de la production… Toutes les réponses avec Vincent Adam, président de Swiss Krono France.

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Zepros Bâti : Quelles sont vos activités en France ?

Vincent Adam : Nous avons un site de production situé à Sully-sur-Loire (Loiret) avec deux lignes qui fonctionnent en continu, ce qui représente 1 million de m3 de produits dérivés du bois et 400 personnes. Nous sommes fabricants d’OSB et de panneaux mélaminé pour les décors et nous avons deux domaines d’activité : la construction avec les panneaux et dalles OSB, et l’aménagement avec les panneaux décoratifs. Nous nous approvisionnons à 200 km alentours de l'usine pour nos matières premières (bois et colles).

Zepros Bâti : Comment la pandémie impacte-t-elle Swiss Krono France ?

Vincent Adam : Nous avons mis en place les mesures barrières dès le 9 mars, avant même le début du confinement. En nous appuyant sur les recommandations de l’OMS et du groupe Swiss Krono, nous avons instauré la distanciation et l’arrêt des réunions physiques, aussi bien en interne qu'avec nos différents partenaires, clients et fournisseurs. Nous avons ainsi pu continuer à produire jusqu’à la fin du mois de mars, mais depuis l'annonce du confinement, nous tournons au ralenti en raison de la fermeture de nos clients, GSB, négoces et industriels. Aujourd’hui nous conservons malgré tout une petite activité de production d’OSB pour soutenir la reprise du BTP et la réouverture ponctuelle des négoces de matériaux.

Zepros Bâti : Vous évoquez les mesures mises en place, quelles sont-elles ?

Vincent Adam : Le site fait 60 hectares, il est donc grand. Et nos équipes ont été réduites à 10 personnes par ligne de production. Nous fournissons des masques de protection à ceux qui en demandent. Une partie de nos équipements a été donnée grâcieusement à ceux qui en avaient le plus besoin : nous avons remis 500 masques à l’hôpital de Sully et 1 500 à celui d’Orléans pour soutenir les équipes médicales, ce qui est essentiel. Dans le bâtiment administratif, il n’y a plus guère que 4 ou 5 personnes contre 30 à 40 en temps normal. Le chômage partiel a été mis en place avec une incitation à poser des congés, RTT et CET afin de maintenir des salaires complets. Il y a des roulements par service, afin que tout le monde puisse faire tourner une installation qui, elle, ne s’arrête pas. L’ensemble du groupe Swiss Krono s’est mis en mode « crise » en suspendant tous les investissements jusqu’à nouvel ordre. Et nous nous engageons à maintenir l’emploi.

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Zepros Bâti : Comment envisagez-vous la suite et la reprise d’une activité plus soutenue ?

Vincent Adam : Nous voyons une lumière au bout du tunnel avec la date de déconfinement annoncé au 11 mai. Mais la santé des salariés et de leurs familles passe avant tout. Nous reprendrons donc, atelier par atelier, avec des personnes sans doute maintenues en télétravail pour l’administratif, et les équipements nécessaires pour les autres. Il faut que nous puissions équiper l’ensemble des salariés de masques de protection. Nous allons continuer à servir nos clients et à produire tant que nous n'avons pas atteint nos limites de capacité de stockage. Côté approvisionnement, les exploitations forestières fonctionnent toujours. Pour les panneaux de particules, nous avons un stock de matière première suffisant.

Zepros Bâti : Attendez-vous des soutiens particuliers ?

Vincent Adam : Nous savons nous prendre en main, car on ne peut pas tout attendre du gouvernement. Nous avons donc passé commande pour des masques de protection. Et nous avons sollicité un soutien bancaire. Mais le prêt garanti par l’Etat devra tout de même être remboursé ! Il faudra tirer des enseignements de cette crise, revenir à des productions plus locales pour éviter des pénuries de certains produits ou composants. Le problème, pour la suite, sera celui des clients de nos clients, charpentiers, menuisiers et agenceurs. Auront-ils la trésorerie suffisante pour franchir le cap ? Peut-être y aura-t-il un contrecoup à l’automne ? Car les particuliers vont reporter leurs travaux en raison de pertes de salaire voire d’emploi. De notre côté, nous attaquerons la reprise avec un carnet de commandes relativement important, assurant 2-3 mois d’activité. Nous sommes prêts pour la reprise avec nos fournisseurs, nos clients et nous souhaitons avant tout que la majorité de nos partenaires et salariés reste en bonne santé afin de pouvoir traverser cette tempête ensemble.

Propos recueillis pas Grégoire Noble

Grégoire Noble
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