Activité des artisans du Bâtiment : chiffres et analyses d'une crise "atypique" (Capeb)
La Confédération des artisans du Bâtiment vient de rendre public les chiffres d’activité du trimestre. Cette vague de résultat arrêtés fin mars reflète le coup de frein brutal lié à l’arrêt des chantiers dès l’annonce du confinement. Il faudra attendre la prochaine série pour savoir si la reprise d’activité sans contact dans les négoces et le guide de précautions sanitaire publié par l’OPPBTP auront eu un effet notable.
Pour l’heure, la note de conjoncture du 1er trimestre révèle sans surprise une situation de crise sans précédent. Une crise qui « contrairement à 2009 n’est pas directement lié à une crise économique, mais consécutif à la crise sanitaire du COVID 19 », note la Capeb. Une situation « atypique » qui a mis 80 % des entreprises de l’artisanat du bâtiment à l’arrêt, 17 % en activité réduite sur des chantiers n’exposant pas directement les entreprises aux risques sanitaires (ex : intervention du chef d’entreprise ou d’un salarié travaillant seul en site non occupé) et 3 % en activité quasi normale liée aux interventions d’urgence (ex : dépannage).
La nature des chantiers et la typologie des donneurs d’ordre sont la principale explication de ces différentes situations. En effet, les trois principales raisons de mise à l’arrêt des chantiers résultent d’abord du refus des clients particuliers (71 %), puis du refus de clients professionnels, publics ou privés (45 %) et enfin de la décision des chefs d’entreprises pour protéger leurs salariés (46 %) en l’absence de recommandations sanitaires officielles, et faute d’équipements de protection en nombre suffisants
Le premier trimestre se solde ainsi par une chute de 12%, soit 14 points d’écart avec le 1er trimestre 2019.
Le plus lourd tribut est logiquement payé par la construction neuve (-14%) mais les travaux d’entretien-amélioration reculent également de -10,5 %.
Dans la même logique sur cette période, si tous les corps de métiers sont impactés, c’est la maçonnerie qui connait la plus forte chute à -16%, la couverture plomberie chauffage affichant -9%.
La situation géographique reflète également l’évolution régionale de l’épidémie, puisque l’Île-de-France et la région Grand-Est sont les plus touchées à fin mars.
Autre point de rupture, celui concernant l’état des trésoreries. 32 % des entreprises font état de besoins de trésorerie (contre 22 % au 1T2019), 98 % d’entre elles indiquent clairement que leurs difficultés sont liées au Covid-19. Si la Capeb salue l’ensemble des dispositifs de soutiens mis en place par l’État, elle exprime l’attente de ses adhérents de voir se poursuivre dans les prochains mois ces aides, et que leurs applications concrètes soient rapidement relayées sur le terrain. Tant par les administrations que les établissements bancaires.
Enfin, la publication de cette note de conjoncture donne aussi l’occasion d’ouvrir les réflexions quant aux surcoûts de travaux liées à la mise en place des mesures sanitaires, et leur incidence sur la trésorerie et la productivité des entreprises. Des questions qui continueront à se poser en période de déconfinement, car « bien évidemment l’activité du bâtiment sera fortement liée à la situation sanitaire des prochains mois pour laquelle il existe encore de nombreuses inconnues », s’interroge la Capeb qui préfère ne pas s’aventurer à donner d’évaluation de l’activité pour le second semestre.
« (...)Aujourd’hui, la priorité des chefs d’entreprise est de garantir la santé de leurs collaborateurs tout en permettant un redémarrage de l’activité de manière sécurisée. A cet égard, nous demandons au gouvernement de prendre des mesures pour accompagner et inciter les entreprises à reprendre leur activité. La Capeb juge essentiel, en effet, que les entreprises puissent bénéficier d’aides spécifiques pour couvrir, au moins une partie des surcoûts découlant de la mise en œuvre de règles sanitaires (le transport des salariés, la réorganisation des chantiers, la gestion de la co/activité, le réaménagement des bases de vie, des vestiaires, des sanitaires sur site, la désinfection des surfaces, la gestion des déchets, et bien évidemment la fourniture des équipements de protection nécessaires), alors qu’il est bien souvent impossible de répercuter ces surcoûts aux clients notamment lorsqu’il s’agit de particuliers. », Patrick Liébus, président de la Capeb.