Image
Pavé tok
Grégoire Noble

"Adopter une approche plus positive de l'identification et la gestion des risques de désordres"

Philippe Rozier
Directeur général
Agence Qualité Construction (AQC)
Image
AQC directeur général Philippe Rozier

L’Agence Qualité Construction a un nouveau directeur général depuis le 1er mai 2024. Philippe Rozier, Ingénieur Général des Ponts, des Eaux et des Forêts, succède à Philippe Estingoy et entend tirer parti de sa longue expérience dans le bâtiment et l’aménagement pour mener sa mission.

Partager sur
Pouvez-vous nous résumer votre parcours professionnel ?
Philippe Rozier

J’ai 30 ans d’expérience dans le domaine de la construction et de l’aménagement, avec une formation initiale d’ingénieur et d’architecte. Cela me donne une approche transversale avec une expérience de praticien et de suivi de chantier. J’ai eu la volonté de balayer tout le spectre de la construction, en débutant par l’exercice de la maîtrise d’œuvre avec le suivi de travaux à l’ambassade de France à Alger puis la conception de bâtiments pour l’aviation civile et militaire. À la fin des années 1990, j’ai expérimenté le travail partenarial avec les organisations professionnelles sur la qualité environnementale, qui a contribué à la naissance de l’association HQE. Puis je me suis tourné vers la maîtrise d’ouvrage, notamment pour le chantier de désamiantage de Jussieu ou chez Paris Habitat. C’était très intéressant de pouvoir travailler à différentes échelles, avec des PME comme avec des majors du BTP ou des entreprises générales.
Avant de rejoindre l’AQC, j’étais en charge au sein de Solideo de la livraison des ouvrages olympiques, avec là encore une grande variété d’ouvrages, des sites de compétition et d’entraînement, des logements et une partie classique d’aménageur.

C’est une expérience très riche et diversifiée ! Mais quel est le lien avec l’AQC ?
Philippe Rozier

L’ensemble de mes expériences me permet aujourd’hui d’avoir une posture de supervision et d’attention à toutes les étapes de la chaîne de la construction, pour bien bâtir.
J’entends capitaliser sur toutes ces expériences. Il y avait même une forme de logique à candidater pour prendre la succession de Philippe [Estingoy] et à travailler sur la gestion des risques. Pour améliorer la qualité des bâtiments, il faut connaître ce qu’on livre, et accompagner les acteurs dans un contexte évolutif, parfois soumis à des injonctions contradictoires. L’AQC permet justement de discuter avec tout l’écosystème réuni autour de la table pour trouver un consensus et collectivement répondre aux enjeux environnementaux et aux exigences de qualité. C’est peut-être lié à mon expérience d’aménageur en Seine-Saint-Denis où l’implication des élus vis-à-vis des promoteurs était forte pour suivre l’évolution de la qualité de vie des habitants. J’ai aussi travaillé chez un bailleur social, Paris Habitat. J’étais en prise directe avec les exploitants qui avaient des problématiques quotidiennes de maintenance et de qualité plutôt que d’innovation pure. D’où ma conviction d’ailleurs qu’il ne faut pas se déconnecter de l’exploitation : une VMC neuve, bien installée mais pas accessible, devient impossible à maintenir, et en cas de panne, c’est toute la qualité de l’air intérieur qui est remise en cause…

Image
Philippe Rozier AQC

« Mon expérience m’a convaincu qu’à l’idée qu’une malfaçon, un désordre ou un sinistre puisse systématiquement relever d’une faute, il fallait substituer une approche plus positive d’identification et de gestion des risques, permettant la mise en place de démarches transverses d’évaluation des projets et de plans d’actions préventifs ou correctifs à toutes les étapes », Philippe Rozier (AQC)

Quelles sont vos priorités à la tête de l’AQC ?
Philippe Rozier

Dans la continuité des actions déjà entamées, j’en identifie plusieurs :
 - L’importance d’être présent au stade de la formation initiale pour ancrer les bons réflexes et les bonnes pratiques, à travers notamment noter programme Feebat.
 - Être encore plus proche du terrain, des artisans et des entreprises, pour porter à leur attention des points de vigilance. Il ne faut pas que ces informations soient réservées à un petit cercle d’experts ; il faut que cela essaime !
 - Observer-analyser sera une autre priorité, avec la consolidation de nos dispositifs d’observation, mais également la création de nouveaux observatoires. L’AQC effectuera un travail avec l’aide de l’IA pour construire des modèles prédictifs des désordres sur différents procédés ou éléments d’ouvrage.
 - Accompagner les artisans et entreprises sur la gestion des interfaces entre corps d’état, pour garantir la qualité de l’ouvrage, la tenue des délais et la maîtrise des coûts.
 - La résilience du bâti face aux changements climatiques (retrait-gonflement des argiles, inondations…), un sujet à aborder conjointement avec les enjeux de rénovation énergétique.
 - Enfin, il sera question plus que jamais de continuer à sécuriser l’innovation, pour maîtriser de nouveaux risques.  Je reste convaincu que chaque bâtiment reste un prototype, adapté à son contexte et son environnement, même si la construction tend vers l’industrialisation des procédés et le hors-site. Sur ce point, il faudra à mon avis que la filière bâtiment fasse attention à ne pas perdre une partie de sa plus-value au profit d’acteurs extérieurs. Une bonne idée a parfois des effets pervers…

La filière bâtiment vit de nombreuses mutations, le rôle de l’AQC est d’accompagner de façon qualitative ce cheminement.

Grégoire Noble
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire