
Les entreprises face aux opportunités et défis des énergies renouvelables

La 6ᵉ édition de la Conférence nationale EnR Entreprises, organisée par l'Institut Orygeen, s'est tenue le 6 février 2024 au ministère de l'Économie et des Finances à Paris. Cet événement majeur a réuni 300 participants issus du monde économique, académique et institutionnel afin d'échanger sur la décarbonation des activités et l'intégration des énergies renouvelables (EnR) dans les stratégies d'approvisionnement des entreprises. Retour sur les moments forts.
La Conférence nationale EnR Entreprises a proposé cette année six keynotes, cinq tables rondes, deux regards croisés et un débat des présidents, mettant en lumière les initiatives des grands groupes engagés dans la transition énergétique.
Des acteurs majeurs tels que Groupe Poujoulat, Eqiom, AXA Climate ou encore Unilever et Orange ont échangé avec des représentants de la direction générale de l'Énergie et du Climat, la Commission européenne, l'Ademe et l'Agence internationale de l'énergie.
La forte croissance des EnR dans un contexte de crise énergétique
La crise énergétique mondiale a stimulé la croissance des énergies renouvelables, avec une prévision d'augmentation de 5500 GW d'ici 2030. Cependant, l'Europe reste en retard face à la Chine et aux États-Unis.
Heymi Bahar, analyste à l'Agence internationale de l'énergie, a rappelé que "la Chine domine 65% de la capacité mondiale en renouvelables et 92% des matières premières utilisées dans leur production". Pour Sophie Mourlon, directrice générale de l'Énergie et du Climat, la neutralité carbone de la France repose sur une électrification massive des usages à hauteur de 60% avant 2030, combinant nucléaire et EnR.
L'accélération des projets EnR dans les entreprises
Jean-Paul Torris, conseiller du président de Savencia et président de l'Institut Orygeen, a affirmé que "les entreprises ne changent pas de cap et poursuivent leur engagement pour le climat". Cette dynamique se traduit par une multiplication des contrats d'achat d'énergie renouvelable (PPA) et l'installation de solutions innovantes comme le stockage hybride ou la solarisation des infrastructures.
Joseph Fonio, président de RWE France, a souligné que "6 % des projets éoliens et 20% des projets solaires sont commercialisés en PPA" et que "le prix des panneaux photovoltaïques a tellement baissé que nous installons désormais des panneaux orientés vers le sol pour augmenter la production".
La compétition énergétique mondiale : un défi pour l'Europe
L'Europe est confrontée à des coûts énergétiques 2 à 3 fois plus élevés qu'en Chine et aux États-Unis, freinant sa compétitivité. Mechthild Wörsdörfer, de la Commission européenne, a annoncé un plan de réduction des prix basé sur la coopération inter-États et une meilleure transparence fiscale. Sophie Casenave (STX) a mis en avant l'importance des contrats de long terme pour stabiliser les coûts de l'énergie renouvelable.
Dominique Jamme, directeur de la Commission de la régulation de l'énergie, s'est interrogé sur l'avenir des PPA face aux fluctuations des prix de marché. Le déséquilibre entre les prix CRE du photovoltaïque (80 €/MWh) et le coût réel du marché de gros pénalise l'accès des entreprises à une énergie abordable.
Vers une transition énergétique réussie
Sarah Lamy de la Chapelle (Statkraft) estime que "les EnR permettent aux entreprises de se différencier en proposant des produits bas-carbone et s'inscrire dans un objectif stratégique ". Aurélia Menacer (RATP) rappelle que "l'innovation EnR en France doit aussi passer par la transformation des usages".
Le soutien public reste un levier essentiel. Jean-Michel Jarry (Euroapi) met en avant l'importance des aides pour rentabiliser les projets éco-responsables. Le développement de solutions comme la récupération de chaleur sur eaux usées ne pourrait voir le jour sans subventions.
Une communication essentielle pour renforcer l'adoption des EnR
Selon Caroline Darmon (Publicis), "l'inaction climatique pourrait coûter 22% du PIB". Les entreprises prennent conscience de l'enjeu et adaptent leur stratégie de communication. Sophie Jayet (Unilever) insiste sur "l'engagement citoyen et la force du collectif pour accélérer la transition".
David Marchal (Ademe) rappelle que "l'efficacité énergétique représentera 25% de la réduction des émissions industrielles futures". Jean-Benoît Besset (Orange) souligne que "l'intermittence des EnR reste un défi majeur, impactant le coût énergétique des entreprises".
L'impératif de l'adaptation et de la décarbonation
Michel Germond-Pierroux (Eqiom) souligne l'importance d'impliquer les populations dans le développement des EnR, tandis que Charles Leonardi (Nestlé) met l'accent sur l'agriculture régénératrice comme levier de décarbonation.
François Gay Bellile (Coca-Cola Europacific Partners) conclut en rappelant le rôle des grandes entreprises : "Nous devons entraîner notre écosystème dans la transition". La conférence a ainsi mis en avant les synergies nécessaires entre entreprises, pouvoirs publics et citoyens pour réussir la transition énergétique.
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