Début d'année mouvementé pour MaPrimeRénov’
L’annonce ne vous aura certainement pas échappée : le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé, dimanche 18 février, une nouvelle coupe budgétaire de 10 milliards d’euros sur les dépenses de l’État, dont un milliard sur MaPrimeRénov’ (MPR). Précisions.
L’augmentation du budget alloué à MaPrimeRénov’ ne dépassera finalement pas le milliard d’euros en 2024. Le Gouvernement a décidé « de limiter » cette hausse à 600 millions d’euros.
Ce rabotage des aides à la rénovation énergétique s’inscrit dans le cadre du plan d’austérité présenté par Bruno Le Maire, dimanche 18 février. 10 millions d’euros supplémentaires doivent être économisés en 2024, en raison d’une baisse des prévisions de croissance à 1%, au lieu de 1,4%. Ils s’ajoutent aux 16 mds d’euros déjà inscrits dans la loi de finances pour l’année en cours.
Dans le secteur du bâtiment, des voix s'élèvent
Dans un communiqué, la Fédération française du bâtiment (FFB) « s’insurge contre cette coupe franche, trois jours seulement après l’échange avec les ministres de la Transition écologique et du Logement, afin de relancer MaPrimeRénov’. Où est la cohérence ? », s’interroge l’organisation professionnelle.
Les adhérents de l'Union des fabricants de menuiseries (UFME) se disent également « surpris ». S'ils saluent « l'effort budgétaire consenti », ils s'inquiètent « toujours » de « l'absence de mesures concrètes en faveur de la fenêtre française. Seulement 7% des aides sont accordées au remplacement des parois vitrées ». Dans une lettre ouverte à destination du Premier ministre, le Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB) prévient : « Les dernières annonces mettent en péril plus de 40 000 emplois directs mais plus encore, elles questionnent sur la stratégie énergétique et industrielle française ».
A compter du 1er avril 2024, les aides à l'installation d'appareils de chauffage au bois, au titre de MaPrimeRénov', vont diminuer de 30%.
« Nous ne ferons pas 200 000 rénovations performantes en 2024 »
Rappelons qu’en juillet 2023, le Gouvernement se félicitait d’un budget en hausse de 1,6 milliard d’euros, un « effort historique » qui devait bénéficier principalement aux ménages les plus modestes et permettre d’accélérer les projets les plus ambitieux pour atteindre 200 000 rénovations d’ampleur par an.
Mais là encore, il semblerait y avoir du changement. Le 22 février dernier, sur France 2, Christophe Béchu a admis : « Nous ne ferons pas 200 000 rénovations performantes en 2024, pas à cause de la baisse budgétaire, parce que les résultats sur l’année 2023, on en espérait autour de 100 000, ils sont plutôt autour de 70 000. »
A qui la faute ? Le ministre de la Transition écologique pointe la complexité du dispositif MPR. « On a eu des difficultés à trouver assez de ménages ». Résultat, le budget alloué à la prime n’a pas entièrement été consommé en 2023. En novembre dernier, devant l’Assemblée nationale, Thomas Cazenave, avait d’ailleurs annoncé l’annulation de 300 millions d’euros de crédits non dépensés au titre de MaPrimeRénov’, sur un budget total de 2,4 milliards d'euros.
Au-delà de l’enveloppe non utilisée, Thomas Cazenave s’est plus récemment référé à la révision du calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) « qui peut changer le nombre global de logements à rénover ». Sur X (ex-Twitter), le ministre en charge du Logement, Guillaume Kasbarian, se veut plus précis et estime à 140 000, la quantité de logements de moins de 40 m² sortant du statut de passoires énergétiques.
Lundi, avec @ChristopheBechu, nous annoncions la correction d’un biais de calcul sur le DPE pour sortir de la catégorie des passoires énergétiques 140 000 logements de moins de 40 m2 permettant leur maintien sur le marché.
Le simulateur est disponible 👇https://t.co/hqntHf4Afb— Guillaume Kasbarian (@guillaumekasba) February 14, 2024
Simplifier les règles
Pour Christophe Béchu, la priorité est à la simplification. Un constat que semble partager la Capeb : « Les décaissements ont baissé de près de 12% en 2023 par rapport à 2022 et le nombre de chantiers de rénovation énergétique financés par l’Anah, de 17% (soit 569 243 chantiers avec seulement 72 000 rénovations globales) ».
« Seul un meilleur fonctionnement du dispositif permettra de relancer la dynamique. Le travail est engagé », souligne le syndicat, se référant à la réunion de travail du 15 février dernier. « La Capeb saura demander en 2024 une rallonge budgétaire s’il s’avère que la dynamique repart sur un rythme plus soutenu que les prévisions qui sont faites (…). Pour 2025, elle saura rappeler au Gouvernement la nécessité d’allouer les financements adaptés à un dispositif qui aura fait ses preuves », poursuit la confédération.
De nouvelles annonces sont attendues début mars, avec notamment la finalisation d'un dispositif MaPrimeRénov’ repensé. Nous ne manquerons pas de vous détailler les mesures.