Un Forum Mondial Bâtiments & Climat à Paris, pour qui, pour quoi ?

Une mini-COP pour le bâtiment ? Paris reçoit en ce moment même des délégations étrangères, à un niveau ministériel, de multiples nations (États-Unis, Chine, Égypte, Brésil, Turquie, Côte d’Ivoire, Cameroun, Japon…) pour discuter construction durable. Guillaume Kasbarian, tout nouveau ministre du Logement : « Ce Forum Mondial Bâtiments et Climat est inédit. Il nous permet enfin de positionner le secteur du bâtiment au cœur de l’action climatique, à sa juste place. Collectivement, nous portons une vision où les bâtiments de demain sont une solution au réchauffement climatique, (…) plus durables et mieux adaptés ». Il souhaite que le Forum « soit une première étape fondatrice et le lieu d’engagements ambitieux ».

À la suite de la COP21 qui s’était tenue dans la capitale fin 2015, la France s’est sentie investie dans une mission de leadership mondial. Elle accueille notamment le secrétariat permanent de l’Alliance mondiale Bâtiments & Construction (GlobalABC) au sein du programme des Nations Unies pour l’environnement. Elle prône également une coopération renforcée dans le domaine de la construction au travers de la Buildings Breakthrough dont l’objectif est de parvenir à des bâtiments « zéro émission de gaz à effet de serre », pilotée conjointement avec le Maroc. La France copilote aussi le plan d’action international pour le développement du bois et des biosourcés dans la construction, avec le Canada et le Gabon. Et Paris assiste les pays en développement pour l’efficacité énergétique des bâtiments conjointement avec Berlin par le biais de l’Agence française de développement et de son homologue allemande…

D’où la présence de 80 délégations étrangères et 1 800 participants de toute la chaîne de valeur de la construction : décideurs politiques, organisations internationales, investisseurs et financiers, promoteurs, groupes industriels, architectes et ingénieurs, grandes entreprises du BTP et mêmes philanthropes internationaux… Du beau monde, mais finalement, pas ou peu de représentants de la myriade de TPE, PME, ETI et entrepreneurs de la construction et de la rénovation. Et tout cela pour quel résultat ? La signature d’une déclaration commune – déjà négociée depuis plusieurs mois – qui définira un cadre de collaboration internationale, des recommandations politiques et des engagements pour la décarbonation, la résilience et la transition écologique du secteur. Le ministère français ajoute : « Toutes les parties prenantes seront encouragées à annoncer leurs engagements et leurs contributions pour la décarbonation de l’industrie et de la chaîne de valeur, à l’occasion des nombreux événements organisés au cours du Forum (…) Les organisations et les groupes de parties prenantes seront sollicitées pour partager leurs actions prioritaires ». Plein de bonnes intentions donc.