Le régulateur de l’énergie appelle au civisme pour prévenir les risques de pénurie

Grégoire Noble
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centrale à gaz

À l’occasion de la publication de l’observatoire trimestriel des marchés de l’énergie – gaz et électricité – Jean-François Carenco s’est exprimé sur des risques d’approvisionnement liés à la guerre en Ukraine, qui pourraient survenir à l’hiver 2022-2023. Le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en appelle au civisme pour économiser des ressources cruciales.

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Le ton est grave. Dans les colonnes des Échos, Jean-François Carenco, le président de la CRE, se montre inquiet. Il déclare : « Il faut économiser du gaz et de l’électricité en France, dès maintenant, sinon cela pourrait mal se passer l’hiver prochain ». Et s’alarme quant à la disponibilité du gaz importé de Russie (qui représente 17 % du total en France, mais bien plus chez nos voisins européens) et celle des réacteurs nucléaires d’EDF (dont une douzaine de réacteurs seront mis à l’arrêt en 2022 pour des problèmes de corrosion). L’autorité de régulation pourrait donc d’avoir à trancher entre sûreté des installations et sécurité d’approvisionnement des consommateurs…

Dans son bilan de l’ouverture des marchés de détail de l’énergie (pour le 4e trimestre 2021), la CRE fait remarquer : « Pour la première fois, les données publiées témoignent des effets de la crise des prix de l’énergie (…) pour les clients résidentiels et professionnels. La réduction du nombre d’offres proposées par les fournisseurs s’accompagne du ralentissement de la dynamique concurrentielle ». Cependant, cette concurrence continue à se développer sur le marché de l’électricité. Ce sont encore 230 000 clients particuliers qui sont ainsi passés en offre de marché lors des mois d’octobre à décembre 2021. À la fin de l’année, 12 millions de sites résidentiels (sur un total de 33,8 millions, soit un peu plus du tiers) étaient en offre de marché. Les fournisseurs alternatifs de courant ont encore gagné près de 100 000 sites durant le 4e trimestre mais ce chiffre est trois fois moindre que celui de la même période en 2020.

La transition vers les offres de marché très avancée pour le gaz

Pour le gaz naturel en revanche, l’ouverture du marché s’est accélérée : 142 000 clients supplémentaires ont souscrit à des offres. En France, 7,87 millions de sites sur un total de 10,7 millions raccordés, étaient donc en offre de marché au 31 décembre dernier. Les fournisseurs historiques ont connu une forte croissance de leurs offres de marché avec 76 000 nouveaux clients, tandis que les fournisseurs alternatifs ont également poursuivi leur développement avec 66 000 nouveaux contrats en portefeuille. Mais la CRE souligne : « En électricité comme en gaz naturel, si la part des offres de marché continue d’augmenter, le nombre de ces offres à prix variables proposées aux consommateurs s’est fortement réduit du fait de la crise énergétique : 10 au lieu de 18 en électricité, et 5 au lieu de 12 en gaz ».

Concernant les clients professionnels, la dynamique d’ouverture du marché à la concurrence a perduré pour le secteur électrique : 3,6 millions de sites (sur un total de 5,1 millions soit 70 %) sont en offre de marché (+20 000). Les fournisseurs alternatifs ont signé pas moins de 18 000 nouveaux contrats, dont 14 000 sont sortis du giron des fournisseurs historiques. De même, pour le gaz naturel, le développement de la concurrence est resté stable au 4e trimestre 2021, avec 646 000 sites (sur 659 000 soit 98 %) qui sont en offre de marché. Là encore, les fournisseurs alternatifs raflent la mise avec 4 000 sites supplémentaires, contre seulement 1 000 aux fournisseurs historiques.

Une crise internationale aux effets bien visibles

La CRE analyse : « Les tarifs réglementés de vente ont gagné en compétitivité par rapport aux trimestres précédents », sur les différents segments. Sur l’électricité, l’offre la moins chère proposée était inférieure de 3 % au tarif réglementé (pour un client parisien moyen à 6kVA) et 1 % moins chère pour une offre verte. Sur le gaz, cette différence avec le tarif réglementé (appelé à disparaître en juillet 2023) est légèrement plus importante, avec 4 % d’écart. Mais, comme le souligne l’autorité de régulation, « la crise sur les prix a entraîné naturellement un ajustement des offres ».

De son côté, Roger Carenco invite les Français – particuliers, acteurs publics ou privés – à faire des efforts, en baissant la température de chauffage ou en diminuant les besoins de climatisation et en éteignant les lumières inutiles. Le président de la CRE conclut : « Il y a urgence à accélérer. La crise que nous traversons doit permettre de comprendre que l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel ».

Grégoire Noble
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