
Chaux de Saint-Astier : 40 M€ pour la prochaine usine

Le spécialiste périgourdin de la chaux entre dans une nouvelle ère : l'usine historique datant de 1925-1930 sera remplacée d'ici à 2028 par une unité flambant neuve. Un investissement crucial pour l'entreprise familiale.
Les qualificatifs ne manquaient pas, à Saint-Astier, lors de la cérémonie de pose de la première pierre d’une future unité de production de chaux : « Projet ambitieux », « usine de référence », « modèle d’innovation ». Mais quels sont les détails de cette usine ? « Il s’agit d’un nouvel outil industriel complet, plus vertueux, qui minisera l’empreinte carbone de nos procédés », résume Matthieu Tanguy, le directeur général de l’entreprise. « Une technologie moderne à gaz remplacera les deux fours historiques, au charbon ». D’où des gains de productivité et d’efficacité avec de la récupération de chaleur fatale. Avec à la clé -98 % de poussières, -10 % de consommations énergétiques, la réutilisation de la moitié des fines de carrière jusque-là non utilisées, et la possibilité, dans une deuxième phase au-delà de 2030, de passer à un mix de biocombustibles (biomasse, biogaz, déchets). Puis une 3e étape consistera à capter le CO2 émis par les fours. Chaux de Saint-Astier s’inscrit donc dans une perspective longue et ambitieuse, jusqu’en 2040 pour réussir la plus importante transformation de son histoire.

-25 % d’émissions de GES en 2030 puis -45 % en 2040
La société familiale, qui emploie 145 salariés et génère un chiffre d’affaires de 40 M€ (dont 15 % à l'international) – un montant équivalent à l’investissement consenti pour la future usine – a déjà entamé une bascule de son activité naturelle de maître chaufournier vers la commercialisation de produits géo- et biosourcés pour le bâtiment. Avec quatre sites industriels et une carrière souterraine de 40 hectares, qui dispose d’un gisement calcaire de haute qualité, Saint-Astier commercialise annuellement 110 000 tonnes de produits par an. Elle a lancé pas moins de 12 nouvelles références en 3 ans pour répondre aux besoins du marché en demande d’éco-matériaux durables, incorporant du lin, de la paille, du chanvre, du miscanthus ou du liège.
Le chantier de construction de la future unité, qui jouxtera les installations historiques datant de 1925, débuteront en 2026 et dureront 24 mois, impliquant 80 entreprises intervenantes, certaines locales, d’autres internationales. Une dizaine d’emplois seront créés, principalement d’opérateurs de procédés, à l’horizon de 2028, moment où la production basculera dans la nouvelle usine. Le site ancien sera conservé, pour sa valeur au titre du patrimoine industriel et abritera un parcours pédagogique.

Côté ressource, la concession d’exploitation du sous-sol a été reconduite jusqu’en 2051, et la matière première ne manquera pas de sitôt. La couche homogène de calcaire fait 200 mètres d’épaisseur dont seuls une dizaine de mètres est actuellement exploitée. La carrière pourra donc s’étendre au-dessus et en-dessous de l’actuel niveau. Quand aux espaces libérés, qui sont à température constante de 13 °C, ils pourraient un jour abriter un datacenter en recherche de fraîcheur… Et même l’eau de ruissellement captée dans les galeries est stockée puis valorisée dans le process industriel (5 %) ou réinjectée dans les bois attenants pour y maintenir des espaces naturels verdoyants sur une douzaine d’hectares. Dernier détail : les consommations électriques seront, dans la future usine, couverts à 40 % par 7 000 m² de capteurs photovoltaïques. La démarche environnementale de la chaux est bien engagée.
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