Conjoncture Matériaux : vers un "mieux" progressif en 2025 selon l'Unicem
Après une année 2024 marquée par un ralentissement historique l’Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM) qui a présenté mardi 10 décembre le bilan 2024 et les prévisions 2025 du secteur des matériaux, conjure le sort : « le pire est derrière nous » promet Carole Deneuve, Chef du Service économique et statistique qui table cependant sur une stabilisation progressive en 2025. Retour sur les chiffres clés et les leviers d’une reprise sous conditions.
L’année 2024 s’est avérée particulièrement difficile pour les industries extractives et les producteurs de matériaux de construction. Selon l’UNICEM, le secteur a enregistré des niveaux d’activité historiquement bas. Les volumes cumulés sur les neuf premiers mois de l’année affichent une baisse de 8 %, poursuivant la tendance amorcée en 2023 (-10 %). Mais les segments n’ont pas été tous logés à la même enseigne.
Les tuiles et briques, ont été plus durement touchés avec des baisses allant jusqu’à 25 %. Le béton prêt à l’emploi (BPE) a reculé de 12 %, tandis que les granulats affichent une contraction plus modérée de 4 %.
« Ces chiffres témoignent d’un contexte économique et politique extrêmement instable. Le marché a été frappé par une conjonction de facteurs défavorables, allant de la crise immobilière à l’inflation persistante », a expliqué Alain Plantier, président de l’UNICEM lors de la conférence de presse.
« Et les causes du ralentissement sont nombreuses » a renchéri Carole Deneuve, Chef du Service économique et statistique. Tout d’abord la crise immobilière. En effet, les mises en chantier sont tombées à un niveau historique de 245 000 logements en 2024. Un effondrement qui a pesé lourdement sur la demande en matériaux. « La flambée des coûts, la hausse des taux d’intérêt et le retrait massif des projets immobiliers ont asphyxié le marché résidentiel », a souligné Carole Deneuve. A la crise de l’immobilier est venue se greffer le contexte économique tendu. En effet, malgré un ralentissement de l’inflation, la hausse des prix des matériaux et de l’énergie a continué de grever les marges des entreprises. Par ailleurs, les banques ont maintenu des critères de crédit restrictifs, limitant l’accès à la propriété et freinant les investissements des ménages. « La dissolution de l’Assemblée nationale et les retards dans l’adoption du budget ont également alimenté une instabilité nuisible aux projets de construction, tant publics que privés » a ajouté Carole Deneuve.
2025 une reprise fragile mais possible
Après le tableau sombre 2024, l’UNICEM anticipe une légère stabilisation en 2025. « Nous pensons que l’épicentre de la crise est derrière nous », estime Carole Deneuve.
Mais d’ajouter : « cependant la reprise sera lente et dépendra fortement de la capacité des acteurs à surmonter les incertitudes budgétaires monétaires et politiques ». Pourtant les leviers de reprise sont nombreux. En effet, l’amélioration des conditions de crédit, combinée à une inflation réduite (prévue à 1,5 % en 2025), devraient soutenir le pouvoir d’achat immobilier des Français et encourager les investissements immobiliers. Les mises en chantier pourraient ainsi remonter légèrement, atteignant environ 255 000 unités, selon les prévisions du syndicat. Côté collectivités locales, les projets d’infrastructure en cours continueront de soutenir la demande en béton et granulats même si leurs contraintes budgétaires pourraient freiner cet élan. Sans compter que le développement des matériaux recyclés et des projets intégrant des solutions énergétiques durables, comme le photovoltaïque, offre des perspectives encourageantes. « Ces initiatives répondent à la double exigence d’une performance économique et d’une transition écologique accélérée », a souligné Carole Deneuve. (Danièle Licata)
Un secteur stratégique à protéger
Avec 33 000 emplois directs et un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros, le secteur des carrières et matériaux reste un pilier de l’économie française. « Nous espérons que 2025 marquera un tournant, mais cela nécessitera une politique publique claire et des mesures ambitieuses pour soutenir notre filière », conclut Alain Plantier.