
"Current/OS promeut un écosystème cohérent et sécurisé autour du courant continu"

La fondation, qui compte parmi ses membres Schneider Electric, ABB ou encore Eaton, entend créer un standard international pour la distribution électrique en courant continu. L'AC étant jugée obsolète, le DC serait lui plus apte à accompagner la transition énergétique.
La fondation Current/OS est une organisation indépendante à but non lucratif dont la vocation est de favoriser l'adoption et la normalisation du courant continu (DC) dans les systèmes de distribution d'électricité à l'échelle locale. Dans un contexte de transition énergétique accélérée et de croissance rapide de la demande en électricité, elle se positionne comme un acteur clé pour bâtir un modèle énergétique plus résilient, durable et adapté aux usages actuels quotidiens (smartphones, ordinateurs, véhicules électriques, éclairage LED, etc). Pourtant, la distribution électrique reste encore largement fondée sur le courant alternatif, hérité des choix techniques du siècle dernier. C'est cette "incohérence" structurelle que Current/OS entend résoudre, en promouvant un écosystème cohérent et sécurisé autour du courant continu.
Current/OS s'est donnée pour mission de créer un standard international pour la distribution électrique en courant continu. Cela implique l'élaboration de règles techniques communes pour la fabrication et l'installation d'équipements compatibles, permettant des réseaux bidirectionnels sécurisés, adaptables et interopérables. En soutenant cette norme, Current/OS souhaite faciliter l'intégration locale de l'énergie produite par des sources renouvelables, notamment le photovoltaïque, qui délivre nativement du courant continu, tout en améliorant la performance globale des bâtiments et infrastructures.
Current/OS rassemble plus de 80 partenaires provenant de 25 pays différents. Parmi les membres de son conseil d'administration figurent des entreprises majeures telles que Schneider Electric, Mersen, ABB, UL Solutions, Eaton et Tridonic. Le consortium compte également de grands noms de l'industrie électrique comme Fuji Electric, Siemens ou EDF. Des intégrateurs reconnus tels que Vinci Energies, Equans, Microgrid Solutions ou encore Jacobs y sont également impliqués. Des groupes professionnels comme le Gimelec, Volta ou l'EMerge Alliance apportent leur expertise sectorielle, tandis que le monde académique est représenté par des institutions de renom telles que l'INESC de Lisbonne, l'Université de Stuttgart et l'Université de Strathclyde à Glasgow pour n'en citer que 3.
Face à l'accélération de la transition énergétique, les réseaux électriques européens, et français, se trouvent à un tournant historique. Conçus au XXe siècle pour une production centralisée en courant alternatif, ils peinent aujourd'hui à intégrer des sources d'énergie renouvelables, décentralisées et intermittentes comme le solaire ou l'éolien. Cette situation soulève plus particulièrement le défi de la congestion de l'infrastructure de distribution (lignes locales et postes de livraisons) : à la limite de ses capacités tant aux heures de pics de consommation (charge de véhicules électriques, chauffage, loisirs digitaux en soirée) que des pics d'injection (production photovoltaïque en journée ensoleillée).
L'un des principaux avantages du courant continu est la réduction des puissances appelées et injectées par une meilleure maîtrise de l'ensemble des sources et applications connectées dans le microgrid. Current/OS constate 2 à 5 fois moins d'appels ou de réinjection de puissance vers le réseau principal. En parallèle, les micro-réseaux offrent une solution robuste aux enjeux de sécurité, à la gestion de flux bidirectionnels et à la multiplicité des contributeurs de puissance typiques de la transition énergétique. Cependant, plusieurs freins ralentissent encore son adoption à grande échelle. Sur le plan technologique, l'écosystème DC est encore en construction : il faut développer des équipements normalisés, compatibles, sûrs et interopérables. La maîtrise technique est en progression mais reste moins mature qu'en courant alternatif. Sur le plan réglementaire, le cadre juridique et normatif est encore largement pensé pour l'AC, ce qui freine les installations en DC.
Des infrastructures comme les bâtiments tertiaires et résidentiels, les usines, data centers ou encore les infrastructures publiques, utilisent déjà des sources ou des équipements fonctionnant naturellement en DC (panneaux solaires, batteries, LED, électroniques, etc.). En optant pour une architecture en DC, elles peuvent réduire les pertes, simplifier les installations et améliorer l'efficacité énergétique globale, tout en facilitant l'intégration des énergies renouvelables et des systèmes de stockage.
Parmi les projets concrets pilotés par Current/OS pour démontrer les bénéfices du DC, il y a la route N470 aux Pays-Bas : une portion de route expérimentale alimentée en DC pour gérer l'éclairage public et les systèmes de contrôle. Egalement, le projet Pulse (Pays-Bas) : une plateforme énergétique en DC utilisée pour gérer finement les flux d'énergie et réduire les appels de puissance, en synchronisation avec les usages réels. Ou encore, le siège régional de Vinci Énergies à Lille : un bâtiment conçu pour intégrer du DC dans certaines zones, alimenté par des panneaux photovoltaïques, dans une logique d'expérimentation grandeur nature en France. Citons enfin le siège de Schneider Electric à Grenoble : microréseau sur le parking visiteur alimentant des bornes de recharge avec ombrières photovoltaïques et batteries de stockage secondaires avec une connexion au réseau public plus petite que la puissance totale de l'installation.
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