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[Batimat] La tendance est aux matériaux décarbonés, biosourcés ou recyclés

Grégoire Noble
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Chanvre

Voici les grandes tendances que vous observerez dans les allées des halls de Batimat pour les matériaux de construction : décarbonés, pour répondre aux seuils de la RE2020 qui arrivent bientôt, recyclés pour diminuer la préservation de ressources, biosourcés pour capter du CO2 et revenir vers des produits locaux.

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Le Mondial du Bâtiment et ses différents salons, dont Batimat et EquipBaie+Métalexpo, est l’occasion, tous les deux ans, de sentir les grandes tendances qui font avancer le secteur très conservateur de la construction. Un mastodonte, pétri de tradition, qui peine parfois à adopter de nouvelles avancées de rupture et à changer ses habitudes de travail, parfois héritées de plusieurs générations de professionnels.

Pourtant, l’heure est au changement : non seulement car les technologies, elles, n’en finissent jamais d’avancer et de se perfectionner, mais aussi parce que le secteur du bâtiment a un cruel besoin de modernité et d’amélioration de sa productivité. Car il est l’un des rares pans importants de l’économie à n’avoir pas encore réellement basculé vers les méthodes industrielles comme l’ont fait l’automobile, la construction navale ou l’aéronautique au cours du 20e siècle.

Ensuite parce que l’heure est à la réduction de la pénibilité pour les compagnons sur les chantiers, afin de s’épargner des pathologies professionnelles parfaitement évitables par l’adoption de gestes et de produits mieux étudiés. Enfin, parce que la lutte contre le bouleversement climatique est la priorité numéro 1 de toute la planète pour limiter les conséquences désastreuses d’un trop rapide et intense réchauffement global. Les industriels ont tous lancé des initiatives pour diminuer leur empreinte carbone (en modifiant leurs process) et pour limiter celle des solutions qu’ils mettent sur le marché.

Toujours plus de naturel

Dans les allées de Batimat, il sera aisé de constater que tous les secteurs se lancent rapidement dans l’emploi de matériaux géosourcés, biosourcés et/ou issus du réemploi. Il sera ainsi possible de découvrir MClay chez Microcrete, un revêtement mural à base d’argile, et Stonepanel de Cupa Pierres Distribution, un panneau mural extérieur en pierre naturelle. En gros-œuvre et en finition, l’isolation biosourcée prend de plus en plus de place sur le marché : Biofib Isolation propose des panneaux isolants semi-rigides à base de chanvre vendéen 100 % ou d’un subtil mélange de lin, coton recyclé et chanvre. Ceci afin d’assurer une stabilité dans la mesure du lambda alors que la qualité des fibres végétales est susceptible d’évoluer en fonction des aléas climatiques annuels. Sur le stand du géant Isover, il sera possible de découvrir Lanaé, une laine de verre fabriquée en France à partir de 50 % de verre recyclé et d’un liant biosourcé pour apporter de la douceur au produit. Chez Semin, il sera question de Style, un isolant à souffler cette fois, en fibres textiles recyclées. Il s’agit donc d’un mouvement de fond, porté à la fois par des exigences réglementaires (les seuils carbone exigeants de la RE2020 arrivent dès 2025, au grand dam de la FFB), et par le souhait des prescripteurs et des consommateurs finaux.

L’idée de circularité et de réemploi s’invite également dans la conception des produits. C’est notamment le cas pour NPS Flex de la firme italienne Tecnostrutture, qui est une solution composite acier-béton, conçue pour être démontée et réutilisée. En gros-œuvre toujours, Perfisa propose Thermosteel, un profilé conçu pour la construction légère en acier (100 % recyclable), qui limite les pertes de chaleur grâce à des chicanes qui rallongent et compliquent le parcours des calories vers l’extérieur. Cette recherche de performance thermique se retrouve également chez Air Booster, une solution de façade aluminium « qui réinterprète l’effet parieto-dynamique pour atteindre jusqu’à 83 % de réduction de consommation de chauffage ».

Améliorer le confort de travail

Autre tendance globale constatée dans les allées de Batimat et sur les chantiers, l’effort apporté à l’amélioration des conditions de travail, à la prévention des pathologies et maladies professionnelles, ce qui in fine permet d’accroître la productivité des chantiers. Placo présente Plume 13, sa plaque de plâtre allégée qui accuse 6 kg de moins sur la balance (soit 20 % de gagnés) qu’une classique BA13. Un produit qui se destine au marché de la maison individuelle ainsi qu’aux parties privatives des logements collectifs, et dont les performances sont déjà garanties par un ATEx (n° 3193_V1).

Quelles seront les prochaines évolutions du secteur, une fois qu’il sera verdi ? Sans doute la numérisation totale (de la conception à l’exploitation puis la déconstruction), et l’adoption généralisée de la fabrication hors-site, d’ensembles à monter rapidement sur les chantiers, qui seront à la fois plus qualitatifs, plus rapides et moins sources de nuisances – bruits ou poussières – pour les riverains. Un avenir radieux où les acteurs de la construction pourront se concentrer sur les tâches créatives à plus grande valeur ajoutée et déléguer les étapes pénibles ou répétitives à des automates presque intelligents… Demain, peut-être.

Grégoire Noble
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