En Gironde, Unikalo rachète la start-up Circouleur

Est-ce le syndrome du fameux “quart d’heure d’avance” ? Sur le papier, le concept Circouleur avait tout pour séduire les utilisateurs convaincus par la logique du “zéro déchet”. Des peintures acryliques fabriquées à partir de peintures usagées (fonds de pots non utilisés, déchets des fabricants), une formulation composée « à plus de 90 % de matières premières recyclées » (MPR) et un bilan carbone divisé par 4,7 en moyenne…

Fondé par Maïlys Grau en janvier 2017, Circouleur décline aujourd’hui deux gammes : l’une pour les professionnels du Bâtiment, l’autre pour les particuliers. Avec un nuancier de quinze teintes et un positionnement premium.

La société de Blanquefort, au nord de Bordeaux, a d’ailleurs été distinguée à plusieurs reprises. Elle a par exemple été désignée lauréate Entreprise circulaire 2018 par l’Institut national de l’économie circulaire et a reçu le prix GreenTech Innovation en 2021, tandis que depuis deux ans elle est labellisée Solar Impulse et certifiée B Corp.

Jusqu’à présent, Circouleur s’approvisionnait en MPR auprès d’acteurs locaux sur la seule région de Nouvelle-Aquitaine. Mais Maïlys Grau, sa fondatrice et dirigeante, annonçait il y a tout juste deux ans son ambition d’accélérer l’industrialisation du concept.

En janvier 2022, la start-up girondine de douze salariés franchissait un palier en levant 1,2 M€ et en nouant un partenariat avec SARP Industries, une filiale de Veolia. Grâce à cet accord, elle devait accéder plus facilement aux déchets de peintures et étendre ses gisements de MPR à l’échelle nationale. Avec la volonté de quadrupler sa production dès 2022 pour atteindre les 200 tonnes tout en portant ses effectifs à une trentaine de collaborateurs.

Début décembre dernier, Maïlys Grau expliquait à notre confrère aquitain Placéco que « le développement de la filière de recyclage a pris plus de temps que prévu » et que « les banques qui devaient nous suivre [dans un nouveau tour de financement : Ndlr] sont finalement revenues en arrière ; les critères d’investissement s’étant beaucoup resserrés, nous n’avons pas pu concrétiser la levée de fonds prévue en 2023 ».

Alors que Circouleur a été mis en redressement judiciaire fin novembre dernier, sa reprise à la barre du Tribunal de commerce de Bordeaux par SCSO Unikalo a été actée le 26 décembre. Un rachat qui fait sens pour le repreneur dont le siège social se trouve à une quinzaine de kilomètres de Blanquefort.

Primo, dans le cadre de sa feuille de route RSE, le fabricant de peintures pour le Bâtiment a formalisé une politique d’achats responsables fin 2022 et entend muscler son offre de produits écoresponsables. En 2022, son budget R&D s’est élevé à près de 2 M€ (1,4 % du chiffre d’affaires consolidé).

Secundo, le groupe familial dirigé par la famille Pestourie dispose depuis maintenant deux ans d’une seconde usine flambant neuve à Cestas, près de Bordeaux. Avec l’ambition de doubler sa production en la portant à environ 90 000 tonnes par an (vs 45 700 t en 2022).

Dans un communique succinct publié ce 3 janvier, Thomas Pestourie, le PDG de la société indépendante, indique qu’« il s’agit d’une occasion unique d’unir nos forces afin de créer un impact significatif dans notre secteur d’activité. La reprise de l’activité développée par Circouleur permettra à SCSO Unikalo d’être le premier acteur français et girondin à disposer d’une gamme biosourcée, d’une gamme recyclée et d’une gamme permettant d’améliorer la performance énergétique des bâtiments ».

Les douze salariés de la start-up vont intégrer les 1 250 collaborateurs du groupe qui, début décembre 2023, a rejoint les rangs néo-aquitains de La French Fab.