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[Menuiseries en fin de vie] Veka Recyclage veut mobiliser la filière PVC

Stéphane Vigliandi
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Veka - Recyclage de billettes en PVC.

Alors que les professionnels du Bâtiment restent opposés à la gratuité de la reprise des déchets de chantier, le fabricant allemand de profilés PVC milite pour intensifier le recyclage des menuiseries en fin de vie.

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« Sur le principe, je ne suis pas opposé à une filière REP Bâtiment* ! » Alors que le projet de loi “Économie circulaire” qui sera débattu au Parlement à la rentrée, se heurte à l’opposition entre autres de la Capeb, de la FFB et des fédérations du négoce, François Aublé, DG de Veka Recyclage, annonce la couleur.

« Aujourd’hui, la majorité des menuiseries et fermetures PVC en fin de vie finissent en centres d’enfouissement, voire en dépôts sauvages qu’il faut interdire », observe-t-il.

En France, 45 000 à 50 000 tonnes par an de déchets PVC de vielles fenêtres pourraient pourtant être valorisées. Actuellement, seules 8 000 tonnes le seraient selon les calculs du Syndicat national des régénérateurs de matières plastiques (SNEP).

Dès 1995, le groupe familial allemand qui fête ses 50 ans cette année, s’est lancé dans une démarche vertueuse avec un premier centre de recyclage Outre-Rhin, puis au Royaume-Uni en 2007. Dans l’Hexagone, Veka Recyclage s’est implanté voilà onze ans à Vendeuvre-sur-Barse, près de Troyes (Aube).

L’extrudeur-gammiste y a investi près de 12 M€ sur ce site de 30 000 m² certifié QB34 (composition vinylique et sa fabrication pour profilés de fenêtres PVC) par le CSTB.
* REP : la responsabilité élargie du producteur qui pourrait financer la reprise gratuite des déchets du BTP dans les négoces

Mobiliser la ressource

En tant qu’extrudeur, Veka récupère ses déchets de production. Il achemine aussi dans l’Aube les déchets de quelque 250 fabricants assembleurs installés dans l'Hexagone, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne et en Italie. Il collecte également sur chantiers les menuiseries usagées selon un cahier des charges strict.

L’an passé, 20 000 tonnes ont été recyclées dont 4 500 tonnes utilisées sur les 7 lignes (bientôt 8) de co-extrusion que l’industriel exploite en France. En 2019, le chiffre devrait dépasser les 22 000 tonnes. « Au fil des ans, nous avons démontré que – sous certaines conditions – la collecte et le recyclage sont viables sur le plan économique, alors qu’un déchet PVC enfoui (100 à 200 € la tonne) quel qu’il soit garde une valeur marchande », souligne François Aublé.

A ce jour, 70% des matières retraitées par Veka le sont dans les produits de la fenêtre et leurs composants périphériques. « Les prochains enjeux se situent désormais autour de l’approvisionnement de matière à recycler », rappelle-t-il.

Seul hic : l’accès à la ressource reste encore insuffisant en France. Également président du SNEP, François Aublé rappelle pourtant que la profession s’est engagée à passer d’un taux de 7 % de PVC recyclé aujourd’hui à 25 % en 2025. Selon Veka, il s’agit également d’un levier pour réduire encore le bilan carbone des menuiseries. « L’intégration de PVC recyclé dans les profilés – en substitution de matière vierge – génère dix-sept fois moins de carbone et consomme neuf fois moins d’énergie », assure le fabricant.

Face à ces enjeux, Robert Dollat, le président de l’UFME (Union française des menuiseries) rappelait d’ailleurs le 6 juin dernier à Millau, devant des professionnels aveyronnais de la filière, qu’« il est important d’expliquer les enjeux de la collecte et du recyclage des menuiseries déposées et de proposer des pistes de travail, des alternatives à l’enfouissement et des solutions pratiques, logistiques concrètes ». Désormais, la balle est dans le camp des menuisiers… entre autres.

REPRISE DES DÉCHETS • Un « manque de concertation » selon le CSCEE

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Dans le cadre du projet de loi Économie circulaire (dite aussi “anti-gaspillage”), le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE) qui réunit l’ensemble des acteurs du Bâtiment (dont la Capeb, la FFB et la FNBM), a indiqué dans un avis publié ce 25 juin que « c’est sans concertation que [la mise en place d’une filière REP Bâtiment] a fait son apparition dans le projet de loi ».

Le Conseil présidé par Thierry Repentin estime que cette mesure « aura un impact négatif sur l’ensemble des filières des matériaux de construction (béton, plâtre, verre, plastiques, laines minérales) qui pour certaines ont déjà mis en place des pratiques de recyclage propres et des réseaux de récupération (souvent sous l’impulsion des conventions passées avec le ministère chargé de l’environnement) ».

Il souligne que la reprise gratuite des déchets « va, pour certaines filières de matériaux, déséquilibrer les modèles économiques actuels qui ont pourtant prouvé leur efficacité ». Le CSCEE formule aussi un regret : l’absence de mécanisme pour lutter contre les installations illégales et les dépôts sauvages afin d’« éviter une concurrence déloyale ».

Stéphane Vigliandi
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