Salon ISH 2023 : plus incontournable que jamais
Après une interruption de 4 ans pour les raisons que nous connaissons tous, ISH était de retour à Francfort, en Allemagne, du 13 au 17 mars. Une édition plus qu’attendue aussi bien par les plus de 2000 exposants que par les professionnels installateurs du monde entier. Il faut dire que depuis 2019, l’actualité du secteur de la salle de bains, et plus encore du génie climatique, a été riche en bouleversements.
Avec la hausse spectaculaire des coûts de l’énergie et la baisse drastique des émissions de CO2, les priorités ont rapidement évolué vers des équipements répondant à ces nouvelles exigences.
Ainsi, la grande tendance qui était majoritaire en France depuis quelques années, à savoir le développement rapide de la pompe à chaleur aérothermique, fait tache d’huile en Europe et l’Allemagne devrait, en 2023, nous détrôner de la 1e place, puisque, aux dernières prévisions, ce ne sont pas moins de 500 000 unités (contre environ 320 000 en France en 2022) qui devraient être vendues chez nos voisins d’Outre-Rhin.
Des solutions toujours plus complètes
Les 153 734 visiteurs d’ISH (dont 44 % venant de l’étranger) ont donc arpenté les halls XXL pendant 4 jours. Un nombre toujours important mais moins impressionnant que les plus de 200 000 personnes qui fréquentaient le salon de Francfort au début des années 2000. Quoi qu’il en soit, les stands ont fait le plein et ceux des grands noms généralistes du génie climatique ressemblaient au métro parisien à 6 h du soir… Et à l’examen des appareils qui y étaient exposés, on constate que l’aspect “généraliste” n’est plus approprié. Les fabricants proposent désormais des solutions ultra complètes pour l’habitat individuel et collectif allant, pour certains, jusqu’à l’adoucisseur d’eau connecté ! Le génie climatique prend donc tout son sens en rendant le logement le plus confortable possible tout en consommant le moins d’énergie possible en embarquant une intelligence toujours plus performante.
Le couperet européen de 2027
Ça risque d’être lassant à la longue mais l’actualité est encore largement dominée par la pompe à chaleur sous toutes ses formes : air/air, air/eau et géothermique, cette dernière revenant peu à peu sur le devant de la scène après une traversée du désert de plus d’une décennie. Alors que la PAC a trusté chaque m2 des stands des industriels présents, une petite musique dissonante venant de la Commission ENVI européenne pourrait bien perturber très vite les plans de la filière. En effet, il est question d’interdire à la vente, à compter du 1er janvier 2027, toute PAC bi-bloc d’une puissance inférieure à 12 kW fonctionnant aux HFC dont le PRP est supérieur à 150. Autant dire que tous les appareils intégrant du R32 seraient d’office condamnés, avec des conséquences très graves sur le marché de la pompe à chaleur à détente directe ainsi que sur la PAC air/eau de petite puissance très utilisée dans le résidentiel neuf.
Est-ce pour cette raison que les fabricants présentaient presque tous des machines fonctionnant au R290 (propane) ? Pas sûr, dans la mesure où les phases de R&D et d’industrialisation de cette nouvelle génération de PAC ne datent pas d’hier. Quoi qu’il en soit, ce fluide au PRP très bas (3 contre 675 pour le R32) semble tenir la corde en dépit de son classement A3 qui limite encore ses usages à cause de ses caractéristiques inflammables.
L'Allemagne plus globale
Alors que la France peine à inciter des rénovations regroupant plusieurs bouquets de travaux, nos voisins adoptent une démarche plus globale. Trois facteurs peuvent expliquer cette orientation : la culture d’un habitat plus performant et technique, le pouvoir d’achat et surtout le prix de l’électricité qui a fortement augmenté pour les particuliers (contrairement aux entreprises énergo-intensives du pays qui bénéficient d’un tarif au MWh très avantageux). Ce contexte pousse les allemands à favoriser les matériels orientés EnR ainsi que le stockage de l’électricité via des panneaux photovoltaïques car l’électricité du pays est encore en majorité produite à base de charbon et de lignite (45 %).
Cette profusion de solutions découvertes sur le salon, et qui ne seront pas forcément commercialisées en France à court terme, donnent néanmoins la tendance de fond de ces prochaines années. Des équipements performants et intelligents permettant d’offrir un grand confort sans coûter trop cher à l’utilisation. Reste la question épineuse de l’investissement que cela représente et, pour l’instant, aucun de nos deux pays n’a de réelle réponse.