[Empreinte carbone] Dix enseignes de Saint-Gobain commencent à l’afficher sur les produits
Dans le cadre d’un partenariat avec la start-up parisienne Kompozite, les sites web de dix enseignes du groupe Saint-Gobain Distribution Bâtiment France se sont enrichis fin octobre d’une donnée complémentaire : le poids carbone des produits en s’appuyant sur la base réglementaire Inies. D’ici à la fin de l’année, 140 000 références seront concernées.
Asturienne, Cédéo, Dispano, Point.P ou encore SFIC… Depuis le 31 octobre 2023, les sites internet des principales enseignes de SGDB France publient l’empreinte carbone sur 100 000 premiers « principaux » produits qu’elles commercialisent. Des informations qui leur sont fournies par Kompozite.
Cofondée par Damien Cuny en 2020, incubée par le CSTB Lab et Station F, la start-up parisienne a d’ailleurs déjà collaboré sur le dossier des données carbone avec certains fabricants de matériaux de construction. « Nous sommes passés deux fois devant le conseil scientifique d’Inies pour faire valider notre démarche, assure son dirigeant. Et accéder ainsi à l’ensemble de la base de données Inies [gérée par l’Alliance HQE-GBC] » − c’est-à-dire les FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaire, pour les matériaux de construction) et les PEP (profils environnementaux des produits, pour les équipements du second œuvre technique) en vue de quantifier les impacts environnementaux des produits.
La plateforme numérique que Kompozite a déployée en janvier 2022 revendique aujourd’hui « plus de 150 000 produits, toutes catégories confondues ». Avec une répartition à 50/50 entre FDES individuelles et collectives. « En l’absence d’information disponible, les données environnementales par défaut [les DED établies par la DHUP] prévalent », précise Damien Cuny.
« Nous raisonnons par catégorie de produits pour afficher le poids carbone de chaque référence, y compris nos MDD. Nous traitons toute l’offre sur un même pied d’égalité. »
Damien Berthelot, DG adjoint de SGDB France
« La donnée carbone est liée au code-barre de chaque produit. Lorsque les FDES évoluent, nos data-scientists les actualisent quasiment en temps réel », prévient-il. De son côté, Damien Berthelot, le DG adjoint de SGDB France, souligne que « nous affichons des données normalisées, objectives, fiables et opposables sur l’empreinte carbone de chaque produit ».
Objectif ? « D’ici à la fin 2023, ces informations concerneront environ 140 000 références. Près de 80 % de notre chiffre d’affaires a vocation à être couvert par la publication du poids carbone de l’offre. Des actions sont aussi en cours pour nos marques propres », annonce-t-il.
En France, le bâtiment représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre et 44 % des consommations d’énergie.
Reste que si SGDB France s’inscrit dans une démarche pour piloter sa trajectoire de décarbonation du Scope 3* « en engageant plus fortement ses fournisseurs », le distributeur entend aussi « sensibiliser, informer les clients et les accompagner dans leur propre démarche de décarbonation », argumente Damien Berthelot.
En écho, Damien Cuny explique que « chaque client de SGDB France– grands comptes, bureaux d’études, architectes, maîtrise d’ouvrage, constructeurs − va pouvoir parler le même langage avec une vision à 360° des datas liées à l’empreinte carbone et à la performance énergétique des solutions techniques ».
Avant de rajouter que vis-à-vis des artisans, « il y a sans doute une question de maturité à propos de l’empreinte carbone. C’est un véritable enjeu d’acculturation et de pédagogie à mener ».
* Le Scope 3 représente la plus grande partie de l’empreinte CO2 d’une entreprise. Il couvre les émissions associées aux activités amont et aval de la chaîne de valeur.
« Dans cinq ans, la comptabilité carbone des entreprises sera aussi évidente et cruciale que la comptabilité financière. »
Damien Cuny, cofondateur et PDG de Kompozite
Fiabiliser les arbitrages
Pour y parvenir, les quelque 1 000 Référents Aide à la Rénovation (RAR) sur lesquels Point.P, par exemple, entend s’appuyer d’ici à la fin 2024 pour former les entreprises au RGE pourraient-ils servir de vecteur d’information auprès de leurs clients en diffus ? « Pas dans l’immédiat », répond Damien Berthelot.
En revanche, il n’écarte pas l’idée de publier le poids carbone des produits sur Solu+ : un logiciel de chiffrage. En attendant, avec sa brique technologique, Kompozite qui recense actuellement près de 1 000 utilisateurs, entend « favoriser la prise de décisions techniques dès la phase de conception d’un bâtiment bas carbone, tout en maîtrisant les contraintes réglementaires et les risques d’assurabilité ».
Cette aide à la conception et à la décision doit permettre de fiabiliser les arbitrages entre systèmes constructifs tout en précisant les conditions de mise en œuvre à… performances comparables.