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Comment se prémunir de la toxique silice cristalline ?

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] En France, près de 365 000 travailleurs sont exposés à des inhalations de silice cristalline, dont un grand nombre dans le secteur de la construction. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rappelle les risques liés ainsi que les moyens de prévention dans un rapport, publié ce 22 mai 2019.

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L’exposition à la silice cristalline est dangereuse pour la santé. Or, cette poussière minérale est présente dans de nombreux secteurs d’activité, dont les industries du verre et de la peinture, mais surtout dans la construction en béton. L’Anses, qui vient de révéler les chiffres français, estime que près de 365 000 travailleurs inhaleraient régulièrement de la silice cristalline (quartz) dont 23 000 à 30 000 seraient exposés à des niveaux excédant la valeur limite professionnelle en vigueur (0,1 mg/m3), principalement dans le BTP.
Pourtant, la silice cristalline est classée cancérogène pour l’Homme depuis 1997, et « toutes les études publiées depuis ont confirmé le lien avec le développement du cancer broncho-pulmonaire ». Le risque pour la santé serait majoré en présence d’une silicose pulmonaire. Et il existerait d’autres affections plus ou moins liées, comme des maladies auto-immunes (sclérodermie systémique, lupus érythémateux, polyarthrite rhumatoïde...), des pathologies respiratoires (broncho-pneumopathie chronique obstructive, emphysème, tuberculose, pneumopathie infiltrante diffuse, fibrose pulmonaire idiopathique...) et des problèmes rénaux. Des effets particulièrement importants qui amènent l’Anses à conclure à l’existence d’un risque sanitaire élevé pour les professionnels les plus exposés.

Généraliser le travail à l’humide et le captage des poussières

Des efforts de prévention devraient donc être faits dans les entreprises, notamment en mesurant la teneur en silice cristalline par prélèvement atmosphérique de la fraction alvéolaire. Elle ne devrait pas simplement pouvoir être extrapolée, ni à partir du taux de silice contenu dans les matériaux bruts, ni à partir de résultats de mesures en « poussières alvéolaires sans effet spécifique ». Les spécialistes recommandent également de réviser la valeur limite d’exposition à la baisse, et ce, sans faire de distinction entre les formes minérales des poussières (quartz, tridymite, cristobalite). Ils suggèrent de choisir de nouvelles méthodes de mesure (prélèvement haut ou bas débit, en fonction des caractéristiques de durée, de concentration ou de présence de particules ultrafines) et d’utiliser une analyse par diffraction des rayons X. Quant aux procédés industriels, l’Anses propose de « généraliser la mise en place de mesures telles que le travail à l’humide et/ou le captage à la source » en vérifiant au préalable leur efficacité, en fonction des outils et techniques utilisées en atelier ou sur les chantiers. Des actions de sensibilisation devraient également être menées auprès des professionnels.
En complément, l’agence sanitaire préconise de faire évoluer le diagnostic et le dépistage de certaines maladies (silicose, tuberculose, pathologies rénales), tout en révisant les tableaux des maladies professionnelles en lien avec la silice cristalline. Enfin, les experts souhaitent que les études scientifiques soient poursuivies afin d’améliorer les connaissances sur la prévalence des expositions et les effets sur la santé humaine. L’Anses note que la première nécessité sera d’appliquer les mesures de prévention définies par la directive européenne 2004/37/CE concernant la protection des travailleurs face aux agents cancérogènes ou mutagènes, en la transposant rapidement en droit français. Cette directive pose les obligations des employeurs quant à la protection, l'information et le suivi des employés sur leur lieu de travail et définit les notions d'exposition prévisible ou imprévisible et de zone de risque ainsi que la liste des agents dangereux.
Grégoire Noble
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