Défaillances d’entreprises : une baisse en trompe-l'oeil ?
Le nombre de défaillances d’entreprises enregistré depuis janvier a atteint son niveau le plus bas depuis 30 ans. Ce constat, dressé par Altarès dans son étude publiée en octobre recense ainsi 37500 procédures à fin septembre. Et même si le rythme s’est un peu accéléré durant l’été, le niveau, à -35,4%, est inférieur au 3T 2019. Pour le cabinet, ce n'est pas, pour autant, la fin des turbulences.
Pour Altarès, il est clair que les mesures de soutien, aussi bien sur le chômage partiel, que le recours aux PGE, ou encore les reports de cotisation, ont permis aux entreprises de franchir le cap très difficile du confinement.
La construction, s’en sort bien avec un recul des procédures de 42,3% : -44,1% dans le gros-oeuvre et -48,3 dans le second-oeuvre. Logiquement, dans la distribution professionnelle Bâtiment le nombre de procédures est également en recul avec -54 % comparé au 3T 2019.
Toutefois, malgré ces filets, tous les secteurs d’activité n’ont pas vécu la même situation au 3ème trimestre, mais surtout, alerte Altarès le type de procédures engagé peut faire craindre une très forte dégradation dans les mois qui viennent et au-delà. « La proportion grandissante de liquidations directes, révélatrice d’entreprises qui ont sans doute trop attendu pour se déclarer en cessation » inquiète en effet le cabinet. En chiffres, cela se traduit par un ratio de liquidations judiciaires de 3 entreprises sur 4 (75, 8 % des procédures), soit 5081 sociétés au total, signifiant qu’« à l’heure post Covid, les entreprises se présentent devant le tribunal dans des conditions financières ne permettant plus d’envisager une poursuite d’activité ».
C’est donc « Une baisse en trompe l’œil des liquidations judiciaires » que pointe Altarès qui explique, qu’ont été et que sont encore, par moratoire, écartées des procédures, toutes les assignations par un créancier. Ce type d’assignation représentait à l’été 2019, 2500 procédures. Les chiffres de comparaison entre les 3T 2019 et 2020 sont donc à lire avec précaution : « en excluant les assignations par créanciers « Les 5000 liquidations de ce troisième trimestre 2020 seraient alors à comparer aux 4600 d’un an plus tôt, soit une augmentation d’au moins 10 % ».
Que faut-il attendre de l’avenir proche. Pour Altarès, l’ensemble des mesures de soutien devrait permettre encore de contenir l’impact de la crise sanitaire sur l’économie au 4ème trimestre. En revanche, le cabinet est moins confiant pour la suite posant le paradoxe de la relance : « C’est davantage sur le premier semestre 2021 - à la croisée des chemins de la reprise très gourmande en liquidités, et des premières échéances des Prêts Garantis par l’Etat à rembourser au printemps - que l’heure de vérité pourrait sonner. »