DeNoize imagine la vitre qui s’active contre le bruit

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] De retour du CES de Las Vegas, où la startup a été primée, le cofondateur de DeNoize, Olivier Schevin, nous explique la mise au point d’une technologie de réduction acoustique active pour les vitrages. Le but : créer des menuiseries qui atténuent très fortement les bruits extérieurs.

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Embouteillages automobiles, trafic aérien, passages de trains, bruits industriels... les sources de nuisances sonores ne manquent pas dans le monde moderne. Deux entrepreneurs, Aman Jindal et Olivier Schevin ont eu l’idée, en 2018, de développer une technologie acoustique active intégré aux menuiseries. Le second nous explique : « L’aéronautique nous a sensibilisé à la problématique du bruit des avions. Nous avons souhaité améliorer les conditions de vie des habitants exposés et nous avons travaillé sur la voie de transmission principale : les fenêtres ». Leur concept ? Une solution BtoB qui leur permettra de maîtriser certains aspects trop complexes pour s’adresser directement au grand public comme la physique, l’acoustique ou l’électronique. L’idée sera de travailler avec des fabricants de fenêtres à l’intégration de la technologie DeNoize – prononcée « DiNoïze » à l’anglaise – aux profilés des cadres ou aux vitrages eux-mêmes, selon les cas.

Utiliser la vitre comme haut-parleur diffusant le contre-son


« Nous sommes en phase émergente seulement, à promouvoir le concept et démarrer le développement. Nous avons encore un peu de R&D », nous confie le co-fondateur. DeNoize espère que la solution sera totalement invisible des consommateurs finaux. Il nous révèle son fonctionnement : « Des microphones ou capteurs de vibrations collectent des signaux extérieurs qui sont traités par de l’électronique. Cette intelligence commande des actionneurs qui exercent une force mécanique sur le vitrage pour produire un contre-bruit ». Le vitrage atténue ainsi les nuisances, à la manière d’un casque anti-bruit fréquent sur les chantiers. « On ne va pas dégrader les performances thermiques ou d’étanchéité du double vitrage », assure Olivier Schevin, qui ajoute que la technologie sera compatible autant avec des simples que des triples vitrages. En contact avec le vitrier Pilkington, la startup doit encore travailler sur les contraintes d’industrialisation de sa solution. Notamment de son alimentation électrique, puisque le système est actif : « Comme les stores, il faudra un câble électrique. Mais nous étudions les solutions de récupération d’énergie pour aller vers l’autonomie complète ». DeNoize serait notamment en contact avec une autre startup néerlandaise spécialisée dans le glanage énergétique.
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Rien à voir avec la menuiserie Technal


Selon le co-fondateur, adresser le marché du neuf sera plus simple au démarrage de l’activité. Mais il n’exclut évidemment pas le marché de la rénovation, dans un deuxième temps. « Les zones fortement exposées au bruit en milieu urbain seront privilégiées. Notre système actif travaille sur les basses fréquences, car les vitrages sont déjà performants sur les moyennes et hautes fréquences. Il vient donc compenser leur point faible, en-dessous de 500 Hertz ». Ni la taille, ni le poids des menuiseries ne seront des limites. Quant au prix, même s’il est encore tôt pour le définir, Olivier Schevin avance un coût de 100 à 150 €/m2 de vitrage, de façon à se placer en concurrence avec les solutions acoustiques passives existantes. L’intérêt sera de limiter le poids des menuiseries d’une façade exposée grâce au système actif. Interrogé sur la comparaison avec la fenêtre Anti-bruit Active de Technal, le spécialiste nous répond : « Notre solution se passe de haut-parleurs puisque c’est le vitrage lui même qui joue ce rôle, de façon invisible. Celle de Technal a été développée pour agir lorsque la fenêtre est entrouverte de quelques centimètres. Nous avons pu nous concentrer sur l’actif, alors que Technal a été obligé de travailler sur l'atténuation active et sur la passive », ceci pour présenter de bonnes performances également lorsqu'elle est fermée. Des produits donc différents dans leur conception et leur utilité. La lutte contre les nuisances sonores n’a donc pas fini de faire du bruit...
G.N.
Grégoire Noble
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