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PAVE APS - S39 / S40
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[FOCUS] La maintenance, métier d'avenir

, mis à jour le 23/09/2025 à 12h20
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Un homme en train de faire de la maintenance

Dans le paysage du Bâtiment, la maintenance des équipements de génie climatique reste un sujet trop souvent sous-estimé, alors qu’elle conditionne à la fois la durabilité des installations, la performance énergétique et la sécurité des usagers, sans parler du confort.

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La maintenance, clé de voûte de la transition énergétique

L’entretien annuel des chaudières, obligatoire depuis 2009, permet, à lui seul, de réduire de 8 à 12 % les consommations d’énergie, tout en divisant par trois le risque de panne. Pourtant, près de 20 % des foyers n’entretiennent jamais la leur… et cette proportion grimpe à 40 % pour les climatiseurs et 47 % pour les pompes à chaleur !

Au total, ce sont plus de sept millions d’équipements de chauffage et de climatisation qui échappent encore à tout suivi professionnel, avec des conséquences directes : une surconsommation évaluée à +27 % en cas de boues dans un circuit hydraulique, +7 à +9 % lorsque l’évaporateur est encrassé, et jusqu’à +18 % en cas de perte d’un tiers de fluide frigorigène. Autant de dégradations qui, cumulées, grèvent lourdement les factures et le bilan carbone des installations.

Un marché qui évolue vers la PAC

Si le parc français compte encore environ dix millions de chaudières, majoritairement au gaz, la pompe à chaleur, soutenue par les politiques publiques, s’impose peu à peu comme une technologie centrale. Elle représenterait déjà un cinquième de l’activité des entreprises de maintenance. Cependant, la réalité du terrain rappelle que la transition ne peut se faire du jour au lendemain : les anciennes chaudières resteront présentes longtemps, et leur entretien demeure incontournable. Ce double marché, gaz et PAC, impose aux professionnels une montée en compétences sans précédent.

Historiquement “gaziers première langue” – expression employée par le président du Synasav (lire interview ci-dessous) –, les techniciens doivent désormais maîtriser la thermodynamique, l’hydraulique des PAC air-eau et la manipulation des fluides frigorigènes. Et les besoins sont immenses : la filière estime à 5 000 par an minimum les recrutements nécessaires pour suivre le rythme, dans un contexte de tension sur la main-d’œuvre qui touche aussi bien les artisans que les grands groupes.

Maintenance prédictive

La réglementation accélère, elle aussi, les transformations. C’est le cas en particulier de la F-Gas, qui vise à interdire l’usage de fluides à fort potentiel de réchauffement global en Europe (lire ci-contre). Les programmes de formation se multiplient pour accompagner les installateurs et techniciens de maintenance dans cette transition. Il en va de même de la digitalisation, qui ouvre désormais la voie à une maintenance prédictive.

Les appareils connectés permettent déjà de résoudre une panne sur deux à distance, grâce à des diagnostics établis via des capteurs et des algorithmes de suivi. Si certains clients restent réticents, craignant une intrusion dans leur vie privée, demain l’entretien reposera aussi sans nul doute sur des équipes capables d’analyser en temps réel des flux de données.

Reste à convaincre les ménages d’adopter une pratique régulière et contractualisée de la maintenance, encore trop souvent perçue comme une charge plutôt qu’un investissement. Pour les pouvoirs publics, c’est un levier à activer pleinement afin d’accélérer la décarbonation du parc résidentiel, sécuriser les installations et valoriser des métiers aujourd’hui en première ligne de la transition énergétique.

La maintenance en chiffres

  • 5 000 à 15 000 recrutements de techniciens de maintenance sont nécessaires chaque année.
  • 46 % des ménages seulement ont un contrat d’entretien.
  • 20 % ne font jamais entretenir leur chaudière (47 % pour les PAC !).
  • 7 millions d’équipements de génie climatique ne sont pas entretenus par un professionnel.
  • 67 % de particuliers plébiscitent la surveillance à distance par une maintenance spécialisée. 

      Sources : Synasav, Afpac, Ademe.
 


« Les techniciens de maintenance montent en compétences »

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Roland Bouquet, président de Synasav

Entretien avec Roland Bouquet, président du Synasav, le syndicat professionnel des entreprises de maintenance en efficacité énergétique.

Le cœur de l’activité maintenance reste-t-il la chaudière gaz ?

Roland Bouquet : Oui, la chaudière gaz reste majoritaire. Le parc français compte quelque 10 millions de chaudières gaz et fioul, avec une nette majorité gaz. L’arrêté du 15 septembre 2009 a rendu leur entretien obligatoire chaque année : nettoyage, vérification, optimisation de l’installation. C’est essentiel en termes d’économie, de sécurité et de durabilité. On estime qu’un entretien régulier permet 8 à 12 % d’économies d’énergie et divise par trois le taux de pannes !

Mais le paysage change rapidement…

R. B. : Nous sommes à un tournant. Depuis une dizaine d’années, la pompe à chaleur s’impose progressivement. Pour ma part, je constate déjà 20 % de PAC dans l’activité de mes entreprises. La volonté politique est forte, car la PAC est une technologie thermodynamique qui profite de l’électricité décarbonée en France. Mais il faut rester lucide : la vérité du terrain n’est pas toujours celle des ambitions affichées. Le temps industriel n’est pas le temps politique, et le marché ne suit pas toujours les annonces.

Cela bouleverse-t-il les compétences des techniciens ?

R. B. : Oui, clairement. Nos techniciens étaient historiquement des “gaziers première langue”. Aujourd’hui, ils doivent apprendre la thermodynamique, se former aux fluides frigorigènes, comprendre l’hydraulique des PAC air-eau… Nous accompagnons cette montée en compétences via des commissions spécialisées chargées d’élaborer des modules de formations avec des partenaires tels que l’Afpac, la Capeb, la FFB et autres. Rappelons également que nous avons œuvré pour la rénovation du bac pro MEE (“Maintenance et efficacité énergétique”), qui entame sa troisième rentrée cette année. Désormais, les élèves sortent avec l’attestation d’aptitude à manipuler les liquides frigorigènes.

Les jeunes et les reconvertis sont-ils attirés par ces métiers ?

R. B. : Absolument ! Il existe une véritable appétence pour la PAC, souvent perçue comme moderne et “magique”. Mais attention : il reste 10 millions de chaudières à entretenir. Nous manquons cruellement de techniciens gaz. Nous avons besoin de 5 000 recrutements par an minimum dans l’ensemble de la filière maintenance. C’est un métier en tension, et nous devons poursuivre notre effort de valorisation de ces métiers. Il faut le dire : le technicien de maintenance n’est pas qu’un réparateur, c’est aujourd’hui le premier conseiller de confiance du client dans sa transition énergétique.

La maintenance ne se limite plus au chauffage. Le confort d’été devient un enjeu…

R. B. : La climatisation et les PAC réversibles deviennent une quasi-nécessité, avec un volet sanitaire évident. Lors d’une canicule, une panne de climatisation peut mettre en danger des publics fragiles. La qualité de l’air intérieur est également en jeu : nettoyage des filtres, désinfection virucide, bactéricide, fongicide… Les gens n’ont pas toujours conscience que l’entretien des climatisations de type PAC air-air est obligatoire tous les deux ans au-delà de 4 kW. Nous militons d’ailleurs pour harmoniser cette obligation avec celle, annuelle, des chaudières. Dans son ensemble, la maintenance est un levier majeur : elle améliore l’efficacité énergétique, prolonge la durée de vie des équipements, assure la sécurité et la qualité de l’air.


Nouveaux fluides frigorigènes : comment les pros sont-ils accompagnés ?

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Illustration professionnel de la maintenance

Le secteur du génie climatique fait face à un tournant majeur avec le durcissement de la réglementation européenne F-Gas. L’usage de gaz à effet de serre fluorés dont le potentiel de réchauffement planétaire (PRP) est supérieur à 2 500 est d’ores et déjà interdit pour l’entretien et la maintenance de tout équipement de réfrigération. Il en sera de même dès le 1er janvier 2026 pour les climatisations et pompes à chaleur. 

Cette évolution réglementaire vise à réduire l’utilisation des hydrofluorocarbures (HFC) au profit de fluides dits « naturels », à bas PRP, comme le CO2 et le propane (R-290). Pour accompagner cette transition, certains constructeurs ont mis en place des programmes de formation. C’est le cas de Daikin, qui a lancé le parcours “Stand by Me Certified Partner”, axé sur la manipulation sécurisée de ces nouveaux fluides, utilisés dans ses nouvelles générations de machines. Il comprend deux journées en présentiel dans les centres techniques de la marque à Paris ou Lyon, avec mise en situation réelle et contrôle du matériel conforme à la directive ATEX. « Cette formation est garante de la sécurité de nos clients installateurs et de leurs clients utilisateurs », martèle François Deroche, directeur marketing de la filiale française du groupe.

Calendrier des interdictions

Concernant la maintenance et l’entretien des équipements CVC :

  • Depuis le 1er janvier 2025 : l’usage de gaz fluorés au PRP ≥ 2 500 est interdit pour tout équipement de réfrigération.
  • Au 1er janvier 2026 : l’usage de gaz fluorés au PRP ≥ 2 500 sera interdit pour les clims et PAC.
  • Au 1er janvier 2032 : l’usage de gaz fluorés au PRP ≥ 750 sera interdit (à l’exception des refroidisseurs et sauf gaz régénérés).
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Logo Fgaz

 

La maintenance prédictive devient incontournable

Tout le monde n’a que ce mot à la bouche, mais quels sont les réels contours de la maintenance prédictive ? 

En matière d’installations de génie climatique, elle repose sur l’exploitation des données en temps réel, grâce à des capteurs intelligents et des plateformes analytiques, de manière à anticiper les dysfonctionnements, limiter les coûts et améliorer la disponibilité des systèmes, particulièrement dans le chauffage, la climatisation et, dans une moindre mesure, la ventilation.

La solution ViGuide de Viessmann illustre cette tendance : grâce à l’interface de communication Vitoconnect, même les équipements anciens peuvent être raccordés. La marque revendique ainsi plus d’un million d’installations connectées en Europe, dont 10 % en France, permettant aux installateurs de gérer à distance les alertes, les commandes de pièces et la mise en service. Daikin, par le biais de sa plateforme unifiée Daikin 360, propose une approche complète du cycle de vie des systèmes CVC, intégrant Daikin Cloud Plus et Daikin On-Site pour surveiller en temps réel, moderniser et optimiser le fonctionnement. Du côté de Mitsubishi, l’E-Monitoring Tool permet une supervision proactive.

« En analysant les performances des installations en continu, il anticipe les dérives et déclenche des alertes avant toute panne », explique Christophe Haury, directeur Chauffage et Climatisation du géant japonais. Quelle que soit la forme qu’elle prend, cette approche prédictive tend à améliorer la fiabilité, booster l’efficacité énergétique et limiter l’impact environnemental des appareils. Vivement qu’elle soit généralisée !

Pompes à chaleur : savoir réaliser le bon entretien

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Entretien de maintenance

Feebat lance en cette rentrée un parcours pour tout savoir sur l’entretien des pompes à chaleur. Il s’adresse aux chauffagistes, électriciens, frigoristes, poseurs et professionnels de l’entretien. Baptisée Perform’PAC, la formation de deux jours et demi comporte des éléments généraux pour revoir le fonctionnement général des PAC air-air, air-eau, eau-eau (de 4 à 70 kW) et les principes associés (hydraulique, aéraulique, régulation, électricité). « Elle aide à la réalisation d’un diagnostic avant l’entretien, à la levée des éventuelles réserves, puis à procéder aux gestes techniques. Les apprenants sont aussi initiés au remplissage des attestations en fin d’intervention et à l’établissement de contrats », explique Catherine Gillet.


« Former aux vrais besoins des entreprises »

Formateur à La Solive – un jeune organisme de formation aux métiers de la transition énergétique présent dans les six grandes métropoles françaises –, Thibaut Martinage dispose d’une solide expérience de terrain, après quinze ans de métier en tant que chauffagiste. 

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Thibault Martinage lors d'une formation

C’est à lui qu’on doit le développement d’un parcours complet basé sur le titre Amecc, “Agent de maintenance d’équipements de confort climatique. « Cette nouvelle formation couvre les quatre énergies : la combustion gaz et fioul, les pompes à chaleur, le granulé et le solaire thermique », explique-t-il. « Pour le construire, nous avons mené une étude de marché en interrogeant des entreprises de toutes tailles afin de nous assurer que la formation répondait bien aux besoins réels. »

Résultat : un rééquilibrage des volumes horaires, avec une place renforcée pour la PAC et une part réduite pour le fioul. De nouveaux modules ont été intégrés, comme le désembouage, le dépannage, le petit tertiaire (DRV) ou encore la domotique, désormais demandée par les particuliers. La formation dure huit mois et se déroule en deux parties : un “bootcamp” de dix semaines sur plateau technique (démontage de filtres, soudure de raccords, hydraulique, électricité…), suivi d’une alternance en entreprise (deux mois sur le terrain, une semaine en centre, le cycle étant répété trois fois).

Les profils des apprenants sont variés : chauffagistes et plombiers en reconversion, professionnels du BTP souhaitant bifurquer, ou encore bricoleurs expérimentés motivés par la maintenance. Développée en lien avec le Synasav, la formation vise à répondre à une problématique cruciale de recrutement. « Les entreprises cherchent désespérément des techniciens de maintenance qualifiés », se désole Thibaut Martinage.

Heureusement, la demande est forte : 150 candidats ont été recensés pour intégrer l’une des quinze places de la première promo, qui vient de démarrer. De nouvelles promos ouvriront tous les deux mois et demi, permettant de former environ 100 personnes par campus chaque année – soit près de 500 sur l’ensemble du territoire.

Rédacteur en chef de Zepros Énergie et Zepros Réno, expert de la transition énergétique dans le bâtiment.
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