Johanna Tamietti-Richert (Tamietti Sarl) : « Les professionnels se sont rapprochés et soudés durant cette crise »

Jérémy Becam
Image

Gérante de l’entreprise Tamietti Sarl et de la SAS Assistance Génie Climatique situées à Volonne (04), Johanna Tamietti-Richert témoigne de la période de confinement traversée par ses sociétés et ses équipes. Alors que l’activité reprend progressivement, elle se dit confiante pour les prochaines semaines et souligne la solidarité mise en place entre les différents professionnels de la région ces dernières semaines.

Partager sur

« Hier soir j’ai pris une décision difficile et qui sans aucun doute sera lourde de conséquences... Mais dans la continuité des annonces gouvernementales d’hier soir et dans un souci de protection de nos salariés et de nos clients, nous suspendons nos chantiers ». C’est avec ces mots que Johanna Tamietti-Richert a annoncé l’arrêt des chantiers de ses entreprises à la suite de la mise en place du confinement en mars dernier. Gérante de l’entreprise Tamietti Sarl et de la SAS Assistance Génie Climatique situées à Volonne (04), elle a tout d’abord pris quelques jours de réflexion pour préparer les semaines à venir. « Nous intervenons la grande majorité du temps chez des particuliers en site occupé, nous devions donc prendre en compte cette problématique », explique Johanna Tamietti-Richet à Zepros. Lors des premiers jours de confinement, la gérante a pris les choses en main en faisant de l’assistance téléphonique et de la pédagogie auprès de ses clients. Dans le même temps, elle doit faire face aux appels de particuliers souhaitant annuler les interventions de ses équipes. « Durant les trois premières semaines, mon père et moi avons assuré les dépannages que ce soit par téléphone ou en nous déplaçant quand cela était nécessaire. Il n’y a pas eu énormément d’urgence car nous ne sommes pas en pleine période de chauffe. Heureusement pour nous car nous aurions eu beaucoup de mal à répondre à la demande », détaille Johanna. Elle profite également du confinement et de l’activité au ralenti pour se mettre à jour au niveau de plusieurs dossiers et de suivre de nombreuses formations en ligne qu’elles soient techniques ou commerciales. « Ces modules vont faire évoluer les mentalités, il n’est plus nécessaire de se déplacer pour se former. Au niveau digital, nous étions déjà présents que ce soit à travers notre site internet ou par nos réseaux sociaux. Nous avons tenu au courant nos clients, nos différents partenaires et mis à jour notre site », ajoute Johanna.

Une reprise progressive

Les jours passent et l’activité commence à reprendre progressivement. Début avril, Johanna décide de faire reprendre l’un de ses techniciens pour répondre aux urgences de ses clients. « A ce moment-là, nous avions une dizaine de masques en stock. Nous avons pu garantir les règles d’hygiène et de sécurité. Dans le même temps, j’ai contacté différents fournisseurs pour avoir du gel hydroalcoolique, des masques et d’autres équipements de protection nécessaire », commente la gérante de l’entreprise familiale. Comme pour beaucoup de Français et de professionnels, les masques ont été compliqués à obtenir. « Notre fournisseur s’est démené pour nous en trouver. Nous avons du les payer au prix fort, pratiquement à deux euros l’unité. Mais la sécurité de nos équipes n’a pas de prix », détaille Johanna. Depuis la situation s’est améliorée et l’entreprise dispose de suffisamment de masques grâce à différentes commandes passées. Johanna a ainsi pu préparer des « kits covid » à destination de ses techniciens avec le matériel nécessaire et les protocoles à suivre.

« Nous avons repris officiellement les chantiers le 27 avril avec des clients qui nous attendaient impatiemment », explique Johanna. Dans un premier temps, l’entreprise intervient principalement sur des changements de chaudière, des équipements en panne ou encore des dégâts des eaux. Avant chaque intervention, un protocole de sécurité à signer est envoyé à ses clients. « Nos techniciens ont pour consigne de mettre des masques a minima quand ils sont à moins d’1 mètre l’un de l’autre. Il faut être réaliste, il est très compliqué pour des professionnels de garder ce type de masque toute la journée ou tout au long de l’intervention. Nous leur faisons confiance pour prendre soin de leur santé et de celle de nos clients », détaille Johanna. Le 11 mai, l’ensemble des équipes avaient repris hormis un technicien de maintenance qui attendait que l’école de son fils ouvre.

Les demandes de devis reviennent

Image

Si les chantiers ont repris, l’entreprise a été confrontée à la problématique de l’approvisionnement de pièces détachées. Si elle ne reproche rien à ses fournisseurs industriels en raison du contexte de confinement et de crise sanitaire, Johanna regrette les délais pour recevoir certaines pièces. « Du côté de nos distributeurs professionnels, le click and collect mis en place nous a été très utile et nous a permis d’obtenir rapidement ce dont nous avions besoin », ajoute-t-elle.

Dans le même temps, les demandes de devis fleurissent à nouveau sur le bureau de Johanna. Afin d’anticiper cette reprise, elle a envoyé à ses prospects un questionnaire détaillé. Il comprenait notamment des questions autour de la typologie du chantier, du système actuel ou encore des matériaux souhaités. « Ce sont les questions que nous posons habituellement en rendez-vous. La majorité de nos prospects ne souhaitent pas nous recevoir chez eux et cette démarche a plu. Nous avons pu ainsi leur offrir une pré-étude afin d’affiner leur projet le temps de la fin du confinement. Nous avons pu entamer cette semaine de reprise avec des projets à valider », commente Johanna. Cette dernière se dit d’ailleurs optimiste pour les prochaines semaines maintenant que la reprise est actée et le confinement levé. « Il faut aller de l’avant tout en restant prudent. Au niveau de l’activité, nous avons beaucoup de clients qui veulent reprendre leur chantier et des demandes en cours. Nous avons commandé des visières. Il faut que nos techniciens se sentent en sécurité et qu’ils puissent travailler sereinement. Nous ne pouvons pas assurer une protection à 100%, c’est à eux d’agir sur les chantiers en faisant attention et en respectant les protocoles. Pour les outillages communs, ils doivent les désinfecter avant chaque changement d’utilisateur. Nous leur avons mis à disposition tous les équipements nécessaires », ajoute-t-elle.

Solidarité entre les professionnels

Enfin, Johanna tenait à revenir sur la solidarité au sein de la profession et des différents professionnels locaux. « Pendant le confinement nous avons énormément partagé et échangé entre confrères. C’est important que personne ne se sente isolé. Nous sommes nombreux à être dans le même bateau et à connaître des difficultés au niveau de nos entreprises. Il faut savoir se serrer les coudes. Dans ce sens, pendant le confinement, quand nous ne pouvions pas répondre à certaines demandes de nos clients, nous les redirigions vers d’autres artisans locaux. Nous avons créé un groupe whatsapp entre professionnels de la région pour transmettre ces demandes et échanger durant ce confinement. Le réseau professionnel s’est fortement rapproché et soudé durant cette crise », raconte-t-elle. Une solidarité qui s’est illustrée au moment où chaque professionnel cherchait à se fournir en équipements de protection. « Par exemple, lorsque j’ai publié un post sur LinkedIn pour prévenir que j’avais reçu des masques pour mes équipes, j’ai eu de nombreux messages de la part d’autres professionnels. J’ai donc partagé le contact de mes fournisseurs pour qu’ils s’en procurent aussi. Tout le monde est gagnant », conclut Johanna.

Jérémy Becam
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire