La construction métallique croit dur comme fer à l’économie circulaire

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Bâtiments industriels, agricoles ou logistiques, mais également immeubles de grande hauteur et ouvrages d’art, le métal se porte bien dans la construction. En témoignent les tonnages en hausse et carnets de commandes bien garnis. Mais les acteurs du secteur souhaitent démontrer tout le potentiel de l’acier dans une optique de développement durable, notamment pour les surélévations ou les ouvrages démontables.

Le président du Syndicat de la construction métallique de France (SCMF) peut être satisfait : pour la 5e année consécutive, cette filière montre une belle dynamique avec un tonnage usiné en hausse à près de 780 000 tonnes (+4 %) et un chiffre d’affaires qui augmente dans les mêmes proportions à 3,8 Mrds € (+3,5 %). Roger Briand, déclare : « Comme souvent, l’activité bâtiments industriels et de stockage, le principal marché des professionnels de la construction métallique, tire le secteur. Le volume de production n’a cessé de progresser depuis 2015. Quant au marché des bâtiments agricoles, qui représentent 10 % de notre secteur, il progresse lui aussi, avec une hausse de près de 5 % par rapport à 2018 ». Seul secteur en repli, celui des surfaces commerciales, qui affiche un recul de -3,5 % sur un an.

Du côté des carnets de commandes, les indicateurs sont au vert, surtout pour le marché des espaces tertiaires et des ouvrages d’art. En moyenne, au mois de janvier 2020, les entreprises du SCMF disposaient de plus de 6 mois d’activité assurée. Le taux d’utilisation des capacités de production est donc satisfaisant, à 78,8 %, juste en dessous du niveau qui nécessiterait des investissements supplémentaires.

La construction représente 35 % de l’acier consommé en France

Outre ces bons résultats, la filière a tenu à rappeler son adéquation avec l’économie circulaire et la réduction de l’empreinte carbone. Le président du SCMF rappelle : « L’atout de l’acier est sa capacité à être recyclé à l’infini, sans perdre ses caractéristiques mécaniques. C’est un matériau qui est recyclé à raison de 650 Mt/an. Et nos bâtiments sont démontables et récupérés à 95 %, à part quelques boulons... Et l’acier signifie moins de matériau utilisé puisque les dimensions et sections sont inférieures à résistance égale ». Cette économie de matière, face au béton et au bois, ne serait pas suffisamment prise en compte par les pouvoirs publics, à en croire les adhérents du syndicat. Pour eux, il ne faudrait pas comparer des volumes équivalents mais des éléments constitutifs entiers et fonctionnels. Car il sera difficile de battre un parement de façade de seulement 0,3 mm d’épaisseur (soit 32 kgCO2/m2) avec un autre matériau ! Autre avantage de ces solutions, une très grande part de préfabrication en usine (80 %) qui réduit l’étape de construction à un « simple » montage de Mécano géant. « L’impact environnemental est considérablement limité, et le chantier se fait sans eau ni poussière », soutient Roger Briand. Des aspects que le SCMF souhaite voir mieux pris en compte dans la prochaine RE2020 : « Les arbitrages ne sont pas satisfaisants. La démontabilité n’est pas prise en compte à 100 %, et la fin de vie des bâtiments doit être mieux estimée dans l’ACV », expliquent ses représentants qui estiment que les critères « par défaut » seraient très pénalisants pour leurs solutions.

Mieux organiser le réemploi des éléments métalliques

Selon Philippe Hostalery, directeur général du Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM), « l’industrialisation du démontage-remontage des charpentes métalliques est une réalité mais le marché n’est pas prêt ». Ce spécialiste souhaite la mise en place d’une filière des métiers du métal ainsi qu’une structuration du réemploi, notamment avec la sauvegarde des données des ouvrages. « Il reste à organiser, rationnaliser, industrialiser le marché de l’occasion. Il s’agira aussi d’augmenter l’emprise au sol : la surélévation d’immeuble s’avère un puissant levier pour limiter l’impact de l’activité humaine sur l’environnement ». Le SCMF souhaite faire monter en gamme les petites entreprises et former les professionnels, pour les conduire à s’équiper et à viser les certifications. Roger Briand note d’ailleurs que des difficultés de recrutement autant pour les bureaux d’études que pour les ateliers. Le président attire également l’attention sur la sécurité incendie, selon lui parfaitement maîtrisée grâce aux ingénieurs dédiés, qui permettent de s’adresser à tous les marchés, y compris ceux des très grands entrepôts, aujourd’hui confiés à d’autres systèmes constructifs. Il conclut : « En termes de construction, avec l’acier, tous les challenges sont possibles et les constructeurs métalliques l’ont prouvé par des réalisations d’ouvrages fonctionnels, architecturés, complexes et économiques. La diversité des ouvrages réalisés ces 10 dernières années, la liberté d’écriture architecturale des structures métalliques, la performance énergétique des installations en constituent le meilleur exemple ».

G.N.

Grégoire Noble
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