Les exigences d’étanchéité à l’air des bâtiments se sont généralisées depuis l’entrée en vigueur de la réglementation thermique 2012. Toutefois, il est encore difficile d’évaluer la durabilité de cette caractéristique dans le temps. C’est pourquoi le Cerema a mené, en partenariat avec Pleiaq, Cetii et Rescoll, une étude visant à faire un point complet sur les différents travaux de recherche internationaux. Nommé « Durabilit’Air » il a poursuivi quatre objectifs principaux : réaliser un état de l’art international, caractériser l’évolution dans le temps à moyenne et longue échéance (1-3 et 5-10 ans), modéliser les mécanismes physiques à l’œuvre dans la dégradation des performances et enfin, valoriser les résultats obtenus.
Première constatation, les études réalisées sur le terrain (en France, dans l’UE ou aux États-Unis) révèlent que l’étanchéité à l’air des maisons varie de manière significative durant les trois premières années de vie du bâtiment, avant de se stabiliser. C’est notamment le cas outre-Atlantique où les constructions neuves sont réalisées en bois : « Il est possible que les matériaux à base de bois humide se soient rétractés au bout de quelques années, pouvant alors générer des fuites dans l’enveloppe de l’immeuble ». Une enquête belge, menée sur 15 maisons identiques, construites par les mêmes artisans avec les mêmes produits, montre une grande variabilité des situations (performances oscillant entre -3 et +120 %). « Le principal impact n’est probablement pas dû au vieillissement des produits mais à d’autres facteurs tels que le comportement des occupants, les incertitudes de mesures, etc. », notent les auteurs. En France, l’étude de 2016 de l’Ademe a « montré que la perméabilité des maisons en béton (dispositif d’étanchéité à l’air formé de plaques de plâtre) se dégradait plus que celle des maisons en bois (dispositif d’étanchéité formé d’une membrane) ». Autre remarque, les fuites se retrouvent principalement à la pénétration des dispositifs d’étanchéité (au droit des branchements électriques, hottes, éclairages encastrés). En Allemagne, seuls les joints d’étanchéité des portes et fenêtres s’étaient détériorés, tandis que les enduits acryliques posés sur fond de joint n’avaient pas bougé. Enfin, au Royaume-Uni, il a été constaté « qu'au bout de quelques semaines de chauffage, les enduits commençaient à se rétracter », augmentant fortement la perméabilité. Des mouvements de structure, comme un tassement dans le temps, pourraient également entraîner l’apparition de fissures dans les joints entre le dispositif d’étanchéité à l’air et les pénétrations (charpente, canalisations).