Le chauffage électrique n'a pas dit son dernier mot (1/2)

Jérémy Becam
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[Zepros Energie] On le croyait relégué au rang de chauffage du passé… Le radiateur effet Joule a quasiment disparu du paysage du logement neuf, avantageusement remplacé par la boucle à eau chaude ou les systèmes thermodynamiques. Mais a-t-il encore un avenir en dehors du marché du remplacement ?
Chiffre maudit pour le chauffage électrique : 2,58. Rappelons qu’il s’agit du facteur de conversion de l’énergie électrique en énergie primaire qui tient compte du rendement des centrales thermiques de l’époque et des centrales nucléaires mises en service depuis. Fixé en France en 1972, ce coefficient a été confirmé en 1983 et a continué d’être la valeur de référence pour la RT 2012. Résultat direct : tous les émetteurs dits à effet Joule ont été lourdement pénalisés, puisque incapables de respecter les sacro-saints 50 kWh/m2/an pour tout logement neuf construit après l’entrée en vigueur de cette réglementation. En pratique, seule une construction ultraperformante thermiquement et située dans le sud du pays pouvait encore prétendre à utiliser des convecteurs électriques. Et ces derniers devaient être au top de la technologie pour limiter autant que possible les déclenchements intempestifs très énergivores. Sont ainsi apparus des émetteurs pouvant stocker une partie de la chaleur, dotés de détecteurs de présence permettant un auto-apprentissage, sans oublier les systèmes de programmation de plus en plus fins et sophistiqués.

Bientôt la résurrection ?

Malgré tous ces progrès, la chute des ventes a été plus que brutale. Seul le marché du remplacement a permis de maintenir une activité minimale pour les grands acteurs du secteur comme Atlantic et le groupe Muller. Mais quelques décisions récentes pourraient bien redonner des espoirs à ces fabricants. D’abord, une nouvelle directive de la Commission européenne (modifiant la directive 2012/27 sur l’efficacité énergétique) qui veut reconsidérer le coefficient de 2,58 pour le ramener à 2,1. Ce nouveau chiffre tient logiquement compte de la nouvelle répartition de la production d’électricité prévue à horizon d’une quinzaine d’années, soit 50 % de nucléaire, 40 % d’EnR et 10 % maxi d’énergies fossiles.Ensuite, l’extension du “Coup de pouce Chauffage” au remplacement des appareils de chauffage électrique dits d’ancienne génération. Concrètement, sont concernés tous les émetteurs électriques à régulation électromécanique et à sortie d’air (les célèbres “grille-pain”) ou munis d’une plaque signalétique d’origine porteuse du marquage CE ou de la mention “NF Électricité Performance Catégories A, B et 1*”. Ils devront être remplacés par des émetteurs à régulation électronique à fonctions avancées certifiés “NF Électricité Performance 3* Œil” et répondant à l’ensemble des exigences de la fiche d’opération standardisée BAR-TH-158.

Énergie primaire ou énergie finale ?

Si ce facteur de conversion est somme toute logique par rapport aux autres énergies comme le gaz ou le fioul, la transition énergétique en cours visant à réduire de façon drastique les émissions de CO2 va incontestablement favoriser l’électricité. La parade des 2,58 a déjà été trouvé avec le développement à très grande échelle des ventes de générateurs thermodynamiques proposant des COP théoriques dépassant parfois les 5. Idem, pour les chauffe-eau dotés d’une PAC qui ont réduit à la portion congrue les ventes de chauffe-eau électriques traditionnels. Et le prochain renforcement de la réglementation thermique attendue pour 2020 (si tout va bien) devrait encore booster l’énergie électrique avec les solutions par vecteur air qui répondront encore plus efficacement à la faible inertie thermique des bâtiments sur-isolés. Sans parler de la possible refonte de la RT qui pourrait raisonner en énergie finale au lieu de l’énergie primaire. D’ailleurs, les premiers signes d’un tel changement sont apparus dans l’article 55 de la loi Elan qui évoque la rénovation thermique des bâtiments tertiaires pour laquelle les économies d’énergie à réaliser devront être évaluées en énergie finale. Dossier réalisé par J. Becam et M. Wast

La connectivité séduit

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Selon les données de l’Ademe publiées en février dernier, 31 % des logements individuels et collectifs en France sont équipés de chauffage électrique. D’après les derniers chiffres du Gifam, le groupement des marques d’appareils pour la maison, 70 millions d’appareils sont repartis chez 1/3 des foyers français et 3,3 millions d’appareils de chauffage électriques sont vendus chaque année en France. Dans le détail, 63 % sont des radiateurs et panneaux rayonnants, 16 % sont des convecteurs et 21 % des radiateurs sèche-serviettes parmi les appareils vendus chaque année. Dans le marché du chauffage électrique, la part des solutions connectées est certes encore timide, 10 % des foyers Français déclarent posséder un système intelligent selon une étude réalisée en 2018 par l’Observatoire des mutations dans l’habitat de Promotelec.
Cette part promet néanmoins des perspectives de développement importantes, garanties par le besoin prégnant de renouveler un parc de radiateurs existants obsolètes, des bénéfices attractifs pour l’utilisateur et une demande en énergie dominée par l’électricité. En effet, 47 % des Français se chauffent à l’électricité selon une étude Quelleenergie.fr parue en 2017. « La vraie tendance sur le marché du chauffage électrique c’est la connectivité. Il y a évidemment la fonction de programmation qui s’est démocratisé au fil des années mais les industriels développent surtout aujourd’hui les systèmes intégrés de détection de présence, les capteurs sur les fenêtres et le contrôle à distance. Toutes ces fonctionnalités séduisent les consommateurs et cela se ressent dans les volumes de produits vendus. Pour les prochaines années, l’innovation va se situer dans l’apprentissage des chauffages électriques, la capacité de ces produits à anticiper les besoins des utilisateurs, à s’adapter spontanément et à enregistrer ces différentes informations. Les utilisateurs n’auront même plus besoin de programmer quoi que ce soit », explique Patrick Le Dévéhat, directeur technique du Gifam.

Quel radiateur pour quel usage ?

Il existe trois grands types de radiateurs électriques.
  • Les convecteurs électriques ou “grille-pain”. Plus anciens, ces radiateurs utilisent, comme leur nom l’indique, le principe de convection : ils sont équipés d'une résistance électrique qui entraîne par convection naturelle l'air froid du bas vers le haut lorsqu’il se réchauffe. Ce sont les appareils les plus répandus. Les plus anciens modèles (et les moins chers) sont équipés de thermostats mécaniques, sources de variations de chaleur et donc d'inconfort et de surconsommation. L’Ademe conseille de remplacer ces appareils par des appareils plus performants ou, a minima, d’utiliser des convecteurs équipés de thermostats électroniques. « Leur utilisation comme chauffage d'appoint reste acceptable dans des pièces où les besoins de chaleur sont ponctuels (salle de bain, WC) », précise l’organisme.
  • Les radiateurs électriques rayonnants, ou panneaux rayonnants. Ces derniers réchauffent l'air ambiant en émettant un rayonnement. Ils permettent de mieux répartir la chaleur, sans trop créer de mouvement d'air (donc moins de dispersion des poussières et de sensation d'air sec) et améliorent donc la sensation de confort. Un seul panneau permet de chauffer une pièce de 15 à 20 m² dans une habitation bien isolée.
  • Les radiateurs électriques à inertie, à accumulation, ou à fluide caloporteur. Constituant la dernière génération de radiateurs électriques, ils chauffent les pièces par rayonnement. Ce rayonnement peut se réaliser de deux manières différentes : soit via le matériau même du radiateur, telle la céramique ou la stéatite (inertie sèche) , soit par l’intermédiaire d’un fluide contenu dans le radiateur, comme de l’huile ou de l’eau glycolée (inertie fluide). Même s’ils restent plus cher à l’achat, les radiateurs à inertie sont une solution plus économique sur le moyen et le long terme. Deux types de radiateurs rayonnants à inertie font particulièrement parler d'eux : les radiateurs à chaleur douce et les radiateurs à accumulation. Le premier nommé est composé d’une façade rayonnante chauffée par une première résistance et un cœur à inertie chauffée par une seconde résistance. Les radiateurs à accumulation sont eux constitués de matériaux réfractaires. Ils accumulent de la chaleur qu’ils restituent par la suite. Cependant, les radiateurs à accumulation ont une plus grande capacité de stockage donc une plus grande inertie.
Jérémy Becam
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