[Négoce & Covid-19] Emmanuelle Wargon dit « Merci ! » à une profession « essentielle de la 2e ligne »
EN PHOTO • [À gauche] La secrétaire d’État Emmanuelle Wargon échange avec Guillaume Texier (DG adjoint de Saint-Gobain France) sur le nécessaire plan de relance que toute la filière du BTP attend.
[À droite] Avec Jean-Louis Bolard, le DG de La Plateforme du Bâtiment (2e à gauche), et le directeur de l'agence d'Aubervilliers, il est question de la gestion sociale de la crise sanitaire. Au sein de l'enseigne, les salariés ont effectué 30 heures par semaine payées 37 heures dès le début du confinement.
[Zepros Négoce] Dans le cadre de son “Tour de France du BTP”, la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique s’est rendue, ce mardi 26 mai, à La Plateforme du Bâtiment à Aubervilliers, au nord de Paris. Avec un double objectif : constater in situ le respect des consignes sanitaires, mais aussi « remercier » les acteurs d’une filière restée mobilisée durant le confinement. Reportage et flash-back sur le déconfinement.
À l’entrée du point de vente, Mabrouk a désormais l’œil exercé. Depuis plus de deux mois, cet agent de sécurité repère « tous » les éventuels artisans qui, au volant de leur camionnette, ne porteraient pas le masque de rigueur. « C’est plutôt rare ! Mais il faut en rappeler certains à l’ordre avant de les laisser entrer dans la cour des Matériaux », constate le jeune homme en poste depuis sept dans cette agence de la proche banlieue Nord. Un peu plus loin, Mohamed, l’un des préparateurs de commandes au drive, estime, lui, que « plus de 80 % des pros respectent les gestes barrières ». « C’est rassurant aussi pour nous ! Au début du confinement, poursuit-il, l’attente au drive était plus longue que d’habitude, mais les entreprises ont su faire preuve de patience ». Désormais, tout est « bien rodé » en termes de disponibilité produits ou de délais d’attente pour l’emporté. De son côté, le directeur commercial régional René Gontier – bientôt vingt ans de Plateforme du Bâtiment – estime que « ces 55 jours de confinement nous ont permis d’expérimenter de nouvelles manières de faire du commerce pour servir au mieux nos clients ». Avec, à la clé, « beaucoup de pragmatisme et de bons sens » pour assurer la continuité de service, observe ce collaborateur de SGDB France dont la "philosophie", sur son profil LinkedIn, se résume à cette formule : « La symétrie des attentions bien-être des collaborateurs et satisfaction clients »…
EN PHOTO • Dans les 62 agences de l’enseigne intégrée, le protocole des règles sanitaires de la FNBM est appliquée stricto sensu : filtrage des flux de clients dès le sas d’entrée, port du masque obligatoire pour tous, hygiaphone en plexiglas, parcours clients balisé, etc.
Parcours client “hyper sécurisé”
En écho, Guillaume Texier, le DG adjoint de Saint-Gobain et DG pour l’Europe du Sud, Moyen-Orient & Afrique, enfonce le clou : « Nous avons réinventé en partie nos modes de fonctionnement tant dans l'ensemble de nos usines que dans les enseignes du groupe où le parcours client est plus que jamais sans couture ». Parmi tous ces nouveaux process qu’a imposés la crise sanitaire, « il y a des choses que nous garderons sans doute », estime-t-il en échangeant avec Emmanuelle Wargon. Ce mercredi 26 mai, en cours d’après-midi, le manager et le DG de La Plateforme du Bâtiment, Jean-Louis Bolard, recevaient en effet la haute fonctionnaire. Tout au long de sa visite, la secrétaire d’État a voulu s’assurer à sa façon que tous les gestes barrières étaient « bien appliqués à la lettre », a-t-elle questionné en échangeant aux détours de plusieurs allées avec des salariés du site : son chef d’agence, des chefs de rayon, mais aussi des caissières et caissiers ou encore un manutentionnaire.
À chaque fois, ou presque, Emmanuelle Wargon – qui, le 23 mars dernier, avait annoncé avoir des symptômes bénins du Covid-19 – a interrogé les uns et les autres sur les mesures mises en œuvre pour « un parcours clients 100 % sécurisé ». À chaque fois également, elle a répété, parfois insisté qu’elle était venue « ici, [leur] dire “Merci !” au nom du gouvernement ». D’ailleurs, elle aura martelé à plusieurs reprises lors de sa visite – qui, en tout, aura duré près d’une heure et demie – qu’il « était important que les négoces restent ouverts : ils sont un maillon essentiel de cette deuxième ligne » face au coronavirus ; y compris « pendant le déconfinement ».
Surcoûts Covid et plan de relance
Dès le début de la visite, Guillaume Texier a veillé à rappeler « l’importance » pour la filière du BTP d’« un plan de relance ». Tout en acquiesçant, Emmanuelle Wargon a tenu encore à souligner qu’« il faudra concentrer toutes ces mesures sur les aspects écologiques et environnementaux » – rappelant au passage « l’aspect capital des formations RGE ». Ces mesures de relance qui nécessiteront, selon elle, « beaucoup d’investissements » de la part de l’État, doivent concerner « la rénovation très fortement, notamment la rénovation énergétique ». Souhaité par de nombreux professionnels du Bâtiment, notamment la filière des menuiseries, le “dossier de l’ex-CITE” sera-t-il ou pas définitivement enterré ? Si elle n’a pas répondu directement à la question, la secrétaire d’État a indiqué que « des mesures seront annoncées au cours de l’été ».
Autre sujet : les surcoûts d’exploitation liés à la mise en place des protocoles sanitaires. Pour leur part, Guillaume Texier et Jean-Louis Bolard sont catégoriques : « Il n’est pas question de les répercuter sur nos prix de vente », ont-ils mentionné plusieurs fois. Le DG de La Plateforme du Bâtiment a ainsi confié à Zepros Négoce que « nous ne toucherons pas une ligne à notre "Mémento" des tarifs annuels ». Une décision que les deux managers jugent « sage » et « juste » dans un contexte de reprise compliquée pour une grande majorité des entreprises du BTP ; notamment les TPE et les PME. Dans la cour Matériaux de l'agence d'Aubervilliers, Gédéon Adrien confirme : « Je n’ai pu véritablement reprendre un début d’activité normale que depuis le 11 mai… D’habitude, j’ai deux ouvriers. Mais, là, je travaille seul… pour l’instant. Je reprends les petits chantiers interrompus mi-mars chez les particuliers. Mon carnet de commandes commence un peu à reprendre aussi auprès de quelques agents immobiliers avec qui j’ai des contrats réguliers ». Avec, dans le regard, cette lancinante question : « Le gouvernement nous accorde des reports de charges. C’est plutôt bien ! Mais si mon business ne redémarre pas plus vite, comment je ferai quand les dates d’échéance arriveront ? » Interrogée par Zepros Négoce, Emmanuelle Wargon a pourtant confirmé que « tous les chantiers auront redémarré d’ici fin juin » (vs 72 % en métropole le 17 mai). Et non fin mai, comme l’avait laissé entendre, le 12 mai sur BFM TV, le ministre du Logement, Julien Denormandie… En attendant, implantée à quelques jets de pierre du périphérique, La Plateforme du Bâtiment qui revendique servir « au moins 800 clients par jour », a comme partout ailleurs, mis en place un filtrage des flux dès l’entrée du point de vente dont l’activité serait « aujourd’hui aux alentours de 80 % par rapport à la normale », calcule Jean-Louis Bolard. Avant un retour à 100% d’ici à la fin juin ? Stéphane Vigliandi
EN PHOTO • À la tête d’une TPE de 2 salariés à Pantin (93), Gédéon Adrien se dit « très inquiet » sur ses niveaux d’encours et sa trésorerie pour les prochaines semaines.
EN PHOTO • Point d’étape d'activité à La Plateforme du Bâtiment au 22 mai. [À droite] En rouge : l’évolution du CA du réseau du 2 mars 2020 au 21 mai. En vert foncé : l’évolution du poids du CA web sur la même période. Avec la réouverture progressive des 62 sites début mai, les commandes on-line sont repassées sous la barre des 10 %. Mais, sur BFM TV, le 27 avril, le patron de Saint-Gobain, Pierre André de Chalendar estimait qu’« on ne va pas revenir en arrière » à propos de la digitalisation du négoce.
- EN PHOTO • Le rappel des mesures et gestes barrières est quasiment présent dans tout le périmètre du point de vente – y compris la désinfection des chariots élévateurs après chaque utilisation. Dans le viseur de l'enseigne BtoB ? Rassurer les équipes internes, les clients et les fournisseurs qui livrent leurs marchandises.