Le gouvernement poursuit les chantiers : la Capeb remonte au front

Marie Laure Barriera
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Depuis plusieurs jours, les différents représentants de la filière Bâtiment se battent pour que le gouvernement donne une directive claire quant à l’arrêt des chantiers. C’est chose faite mais elle va à l’encontre de ce qui était attendu. La Capeb repart au front en rappelant pourquoi l'activité d'un chantier est incompatible le plus souvent avec les règles sanitaires strictes.

Une réunion téléphonique et un communiqué conjoint de la Capeb, FFB et de la FNTP n'auront pas suffi. Leur demande d'« arrêter temporairement les chantiers, à l’exception des interventions urgentes, et de laisser du temps pour s’organiser et déterminer les chantiers qui pourraient être poursuivis (travaux d’urgence, dépannages, mises en sécurité, etc) en toute sécurité », n'a pas été suivie par le ministère de l’Intérieur. Celui-ci a au contraire transmis une instruction aux préfets appelant à la reprise de l’activité économique et considérant que les entreprises travaillant sur les chantiers de bâtiments et de travaux publics pouvait poursuivre leur activité.

La vie de chantier ? Promiscuité et contacts !

Ce matin, 19 mars, la Capeb monte le ton pour exprimer son mécontentement de ne pas avoir été écoutée et conteste fortement la décision des Pouvoirs Publics. Elle rappelle ce faisant la position de l’OPPBTP, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics qui avait préconisé que « sauf exceptions », le travail sur les chantiers était incompatible avec le respect des conditions sanitaires strictes. La Capeb tentent ainsi de rappeler certains principes évidents de ce qu’est en réalité un chantier : plusieurs compagnons en coactivité ; nombreux déplacements des travailleurs entre les chantiers et l’entreprise ou leur domicile ; partage de nombreux outils et équipements entre les compagnons, multitude de tâches réalisées à plusieurs pour des questions de poids, de process opérationnel ou de contraintes d’accès rendant la mécanisation impossible ; promiscuité dans les bases-vie ; et encore, configuration des chantiers, par exemple pour des travaux chez les particuliers ou sur la voie publique qui sont incohérents avec les règles de confinement général de la population.

Autant d’arguments sur lesquels la Confédération des artisans s'appuie pour appeler à nouveau à :

  • Décréter l’arrêt temporaire des chantiers de Bâtiment, à l’exception des travaux urgents et des dépannages, le temps que l’on puisse définir plus précisément les quelques chantiers qui pourront, sous réserve de l’accord des donneurs d’ordre, se poursuivre et surtout dans quelles conditions pour protéger la santé des travailleurs et des clients, tout en préservant la responsabilité des chefs d’entreprise
  • Définir, sans attendre, une attestation de déplacements adaptée aux activités du bâtiment Définir les activités du bâtiment considérées comme « urgentes »
  • Définir les activités du bâtiment considérées comme « urgentes »
  • Veiller à ce que toutes les demandes d’activité partielle soient acceptées pendant cette période transitoire et après cette période pour les entreprises qui ne pourront pas poursuivre leur activité, et ce sans tracasseries administratives.

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« Nous ne comprenons pas les propos tenus par le Ministre de l’Intérieur concernant la poursuite du travail des compagnons sur tous les chantiers, même ceux qui ne sont pas vitaux. Ces directives vont en effet à l’encontre de l’avis de tous les organismes professionnels du secteur qui ont, ensemble, pointé du doigt l’impossibilité, sauf exception, pour les entreprises du bâtiment de poursuivre leur activité tout en assurant strictement la sécurité des travailleurs. Dans un contexte de propagation du Covid-19, cette décision est incohérente avec l’appel du Président de la République et les recommandations de l’OPPBTP d’arrêter les chantiers lorsque les conditions de prévention ne sont pas remplies comme c’est le cas sur la plupart des opérations de construction. Nous demandons au Gouvernement de revoir cette décision. » Patrick Liébus, président de la Capeb

Marie Laure Barriera
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