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« Une reprise en escalier, mais… » (Bruno Cadudal, Atlantem)

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Bâti] Après quatre semaines d’arrêt, Atlantem a repris à pas feutrés son activité mi-avril. Quatre semaines qui ont permis d’instaurer les protocoles de sécurité. Mais aussi de réfléchir à “l’après”.

Depuis le 15 avril, les neuf usines d’Atlantem se sont remises en marche. Avec leurs bataillons volontaires dans les ateliers. « Il y a eu un véritable travail collaboratif entre nos tous nos sites aux profils parfois différents. Nous sommes même allés au-delà de ce que préconisait le guide de l’UIMM pour que la reprise s’effectue dans les meilleures conditions possibles », explique Bruno Cadudal, le DG, soulignant au passage la mobilisation de toute la filière pour engager « une reprise coordonnée entre les gammistes et les concepteurs-fabricants ».

Sur les 800 salariés que compte l'ETI (dont 450 opérateurs à la production), 50 % des effectifs ont retrouvé le chemin des lignes de production qui, jusqu’à la semaine dernière, fonctionnaient encore à bas régime. Si la prise de poste n’a pas résonné avec prises de température chez Atlantem, le port d’EPI réutilisables est désormais obligatoire. « Parfois, le poids psychologique du masque peut peser chez certains », admet le manager. Contrairement à d’autres industriels du BTP, la filiale du groupe vendéen Hérige n’a pas nommé de référent Covid ou lancé un “coronaquizz”. Mais « il y a une vigilance de tous les instants par l’encadrement. Il faut sensibiliser, s’assurer qu’il n’y a aucun relâchement dans l’application des gestes barrières, casser les habitudes », reconnaît le manager breton. Les salariés œuvrant dans les sites de débitage bois disposent même de leurs lots de masques FFP2.

EN PHOTO • Pour Bruno Cadudal, DG d’Atlantem, « toute la profession s’est mobilisée et a manœuvré dans une logique de filière pour réinitialiser la reprise progressive des usines ». Afin d'éviter toute tension sur l’activité en mai, les ateliers ont repris en 2-8 à partir du lundi 27 avril. (Photo : © Charles Marion)

« Un “Ouf !” de soulagement… »

Jusqu’au 24 avril, une seule équipe par site était opérationnelle sur des journées de six heures pour assurer une activité entre 30 à 35 % comparée à un rythme normal. Un taux qui a réussi à grimper jusqu’à 60 % pour le pôle Charpentes. « Il fallait ne pas laisser en jachère les commandes passées avant l’état d’urgence sanitaire par nos clients deviseurs, métreurs et conducteurs de travaux. Sur certains chantiers de rénovation [deux-tiers de l’activité d’Atlantem], des artisans ont pu poursuivre leur activité. C’est, a priori, plutôt de bon présage pour l’avenir. Idem pour des cémistes de petite taille (jusqu’à 50 maisons par an) qui étaient peu contraints par la coactivité », souligne le DG. Et les majors du Bâtiment ? « Beaucoup de sous-traitants souhaitent reprendre au plus tôt, note simplement Bruno Cadudal. D’ailleurs, l'ordonnance "Délais" modifiée [publiée le 16 avril au Journal officiel] qui raccourcit d’un mois la suspension des délais d’instruction des permis de construire a permis à toute la filière du Bâtiment de pousser un “Ouf !” de soulagement. »

Plan de relance !

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Depuis ce lundi 27 avril, la montée en régime se veut plus franche : deux équipes vont se relayer dans chacune des neuf usines de menuiseries, mais aussi dans les trois ateliers dédiés aux charpentes. « Nous devons tous œuvrer pour retrouver un climat de confiance », reconnaît-il. À l’instar du président de l’UFME (voir notre article), le patron d’Atlantem lance aussi un appel à la maîtrise d’ouvrage publique pour prendre ses responsabilités. En fait, le “coronavirage” a aussi chamboulé le temps du BTP – comme ailleurs. « Dans les grandes agglomérations, beaucoup d’équipes municipales d’avant le premier tour des élections sont encore en place [environ 5 000 mairies sur 35 000 concernées]. C’est un vrai problème car les travaux qui auraient pu être engagés sous la nouvelle mandature sont bloqués pour l’instant », regrette Bruno Cadudal. Autant dire de possibles décalages en rafale dans le calendrier des appels d’offres pour les entreprises générales, cémistes et promoteurs. Selon la 4e vague du baromètre de BTP Consultants (publié ce 25 avril), la reprise est d’ailleurs plus rapide sur les chantiers de marché privé (19 % de sites ouverts vs 14 % le 18/04) que pour la commande publique (10 % vs 7 %). Si le DG qui a fait toute sa carrière chez Atlantem Industries reconnaît bien sûr le bienfondé des mesures de soutien gouvernementales, il faut aussi « penser à la sortie de crise… sanitaire ». Autrement dit : « Après le plan de reprise, il va falloir un véritable plan de relance, juge-t-il comme la majorité de ses confrères. Avec les pouvoirs publics, il faut travailler à un nouveau Plan Bâtiment, des schémas pour la rénovation énergétique, redonner sans doute un peu de place à l’éco-PTZ, simplifier l’accès à certains dispositifs comme MaPrimeRénov’... » D’ailleurs, cette prime d’État – lancée en janvier 2020 et qui fusionne le CITE et les aides de l’Anah “Habiter mieux Agilité” – comptabilise déjà 27 400 dossiers qui doivent être examinés au cours du 2e trimestre. S. Vigliandi

EN PHOTO • « Avec la crise sanitaire, une nouvelle chaîne de valeur s’est mise en place dans nos relations avec notre amont et l’aval, constate Bruno Cadudal. Ce qui pouvait sembler irréaliste hier, devient presqu’une convention : nous avons tous fait un fabuleux bond digital ! Et il en restera quelque chose de solide pour la suite. » Ici, le PC "anti-Covid" piloté par le management d'une des 9 usines d'Atlantem.

Stéphane Vigliandi
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